{"id":9675,"date":"2011-11-23T16:17:52","date_gmt":"2011-11-23T15:17:52","guid":{"rendered":"http:\/\/www.50-50magazine.fr\/_?p=9675"},"modified":"2011-11-23T16:17:52","modified_gmt":"2011-11-23T15:17:52","slug":"les-femmes-face-a-la-crise-et-a-lausterite-1-limpact-de-la-crise","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.50-50magazine.fr\/2011\/11\/23\/les-femmes-face-a-la-crise-et-a-lausterite-1-limpact-de-la-crise\/","title":{"rendered":"Les femmes face \u00e0 la crise et \u00e0 l\u2019aust\u00e9rit\u00e9 1- L’impact de la crise"},"content":{"rendered":"
—<\/span><\/p>\n —<\/span><\/p>\n La crise a des effets tr\u00e8s n\u00e9gatifs sur l\u2019ensemble des soci\u00e9t\u00e9s, mais particuli\u00e8rement pour les femmes, sur le march\u00e9 du travail comme dans la vie priv\u00e9e. Les politiques d\u2019aust\u00e9rit\u00e9 mises en place en Europe font payer la crise aux populations en \u00e9pargnant les responsables que sont la finance et les grandes banques. Injustice suppl\u00e9mentaire\u00a0: ces politiques, en ignorant toute analyse des effets diff\u00e9renci\u00e9s de la crise sur les hommes et les femmes, non seulement ne font rien pour les corriger mais les aggravent.<\/p>\n Christiane Marty,<\/strong> membre de la commission genre et du conseil scientifique d’Attac, nous propose une analyse de la situation, en Europe et en France, en deux parties. La premi\u00e8re, publi\u00e9e aujourd’hui, aborde l’impact de la crise sur les femmes. La seconde, pr\u00e9vue le 1er d\u00e9cembre prochain, traitera des cons\u00e9quences pour les femmes des plans d’aust\u00e9rit\u00e9.<\/p>\n —<\/span><\/p>\n En raison des in\u00e9galit\u00e9s entre les sexes, les hommes et les femmes n\u2019ont pas la m\u00eame place ni sur le march\u00e9 du travail ni dans la sph\u00e8re priv\u00e9e : sur-repr\u00e9sentation des femmes dans les emplois informels, pr\u00e9caires et les bas salaires, et sous-repr\u00e9sentation \u00e0 tous les niveaux de d\u00e9cision dans le domaine \u00e9conomique.<\/p>\n Les femmes sont davantage expos\u00e9es \u00e0 la pr\u00e9carit\u00e9 de l’emploi, au licenciement, \u00e0 la pauvret\u00e9, et moins couvertes par les syst\u00e8mes de protection sociale. Du fait de cette diff\u00e9rence de situation, la crise a des cons\u00e9quences diff\u00e9rentes selon le sexe. Les p\u00e9riodes de r\u00e9cession, les personnes d\u00e9j\u00e0 menac\u00e9es de pauvret\u00e9 sont plus vuln\u00e9rables, notamment celles qui sont confront\u00e9es \u00e0 des discriminations multiples\u00a0: m\u00e8res c\u00e9libataires, jeunes, seniors, immigr\u00e9-e-s, issues de minorit\u00e9s ethniques\u2026<\/p>\n Les femmes sont plus durement touch\u00e9es. C\u2019est un constat fait notamment par la Conf\u00e9d\u00e9ration syndicale internationale (CSI), l\u2019Institut europ\u00e9en pour l\u2019\u00e9galit\u00e9 de genre, et le Parlement Europ\u00e9en. La crise \u00ab\u00a0ne fait qu\u2019aggraver la position traditionnellement d\u00e9favoris\u00e9e des femmes (1) \u00bb<\/em>. La CSI rappelle que \u00ab\u00a0l\u2019impact de la crise sur l\u2019emploi des femmes tend \u00e0 \u00eatre sous-\u00e9valu\u00e9 et ne fait jamais la une des journaux. Pourtant d\u2019une mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, les femmes sont les premi\u00e8res concern\u00e9es par l\u2019ins\u00e9curit\u00e9 et la pr\u00e9carit\u00e9 croissantes de l\u2019emploi \u00bb<\/em>. Ce qui est tr\u00e8s peu refl\u00e9t\u00e9 par les statistiques officielles. Pour la Conf\u00e9d\u00e9ration, les donn\u00e9es sexu\u00e9es font trop souvent d\u00e9faut et les indicateurs standards ne saisissent pas l\u2019ampleur de l\u2019augmentation de l\u2019ins\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique qui frappe les femmes.<\/p>\n Le taux de ch\u00f4mage des femmes redevient sup\u00e9rieur \u00e0 celui des hommes<\/strong><\/p>\n Dans l\u2019Union europ\u00e9enne, sont les secteurs o\u00f9 les hommes sont majoritaires qui ont d\u2019abord \u00e9t\u00e9 durement touch\u00e9s par la crise\u00a0: b\u00e2timent, industrie, transports. (Ce sont aussi ces secteurs \u00e0 dominance masculine o\u00f9 se sont concentr\u00e9s les plans de relance). La progression du taux de ch\u00f4mage des hommes a donc \u00e9t\u00e9 plus forte entre 2007 et 2009\u00a0: leur taux de ch\u00f4mage a rejoint celui des femmes en 2009. Il est en 2010 de 9,6 % pour les hommes comme pour les femmes.<\/p>\n En parall\u00e8le, les travailleuses \u00e0 temps partiel ont subi des r\u00e9ductions de la dur\u00e9e du travail. Les personnes sous-employ\u00e9es \u2013 qui souhaitent travailler plus\u00a0\u2013, majoritairement des femmes, n\u2019apparaissent pas dans les statistiques publi\u00e9es du ch\u00f4mage. On constate aussi que, dans certains pays, les femmes se retirent de la population active en r\u00e9action \u00e0 l\u2019absence d\u2019emploi. Ce qui contribue \u00e9galement \u00e0 une sous-\u00e9valuation des effets de la crise sur le ch\u00f4mage des femmes.<\/p>\n La premi\u00e8re phase de la crise, avec la plus forte hausse du ch\u00f4mage des hommes, a \u00e9t\u00e9 suivie par une seconde phase o\u00f9 ce sont les secteurs \u00e0 dominante f\u00e9minine qui ont \u00e9t\u00e9 touch\u00e9s\u00a0: le secteur public, le secteur des services, la sant\u00e9\u2026<\/p>\n En France, comme partout en Europe, les taux de ch\u00f4mage des hommes et des femmes se sont rejoints en 2009, mais d\u00e8s 2010, le taux de ch\u00f4mage des femmes est redevenu sup\u00e9rieur.<\/p>\n —<\/span><\/p>\n Evolution du taux de ch\u00f4mage des hommes et des femmes en France<\/strong><\/p><\/blockquote>\n —<\/span><\/p>\n Comme l\u2019analyse Fran\u00e7oise Milewski (2), on ne peut occulter que le temps partiel constitue du ch\u00f4mage partiel. Les femmes ont \u00e9t\u00e9 moins touch\u00e9es par les pertes d\u2019emploi que par l\u2019accroissement du sous-emploi \u00e0 travers le temps partiel. Le taux d\u2019emploi des femmes \u00e0 temps partiel a augment\u00e9, en m\u00eame temps qu\u2019augmentait fortement leur taux de ch\u00f4mage en \u00ab\u00a0activit\u00e9 r\u00e9duite\u00a0\u00bb.<\/p>\n En outre, la crise a entra\u00een\u00e9 la multiplication des contrats pr\u00e9caires, aux horaires courts et tr\u00e8s bas salaires qui concernent majoritairement les femmes. Le ch\u00f4mage partiel des hommes et des femmes n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 trait\u00e9 de la m\u00eame mani\u00e8re. Dans l\u2019industrie automobile, les hommes subissant une r\u00e9duction de leur activit\u00e9 ont b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 de mesures d\u2019indemnisation.<\/p>\n Mais rien n\u2019a \u00e9t\u00e9 pr\u00e9vu concernant la r\u00e9duction de l\u2019activit\u00e9 des femmes \u00e0 temps partiel. L\u2019id\u00e9e selon laquelle le ch\u00f4mage des hommes est plus grave que celui des femmes est encore tenace. De fait, les hommes sont indemnis\u00e9s dans une proportion sup\u00e9rieure aux femmes. Selon P\u00f4le Emploi, 64 % des hommes au ch\u00f4mage sont indemnis\u00e9s contre 57 % des femmes.<\/p>\n Une sur-repr\u00e9sentation des femmes dans le travail informel<\/strong><\/p>\n Le recours au travail pr\u00e9caire et informel (3) a partout consid\u00e9rablement augment\u00e9 du fait de la crise. Il s\u2019agit en r\u00e9alit\u00e9 d\u2019une acc\u00e9l\u00e9ration d\u2019une tendance de fond qui fait du processus \u00ab\u00a0d\u2019informalisation \u00bb du travail la caract\u00e9ristique de tous les march\u00e9s de l\u2019emploi. Cette tendance touche bien davantage les femmes, et en particulier les migrantes.<\/p>\n Malgr\u00e9 l\u2019insuffisance de donn\u00e9es sexu\u00e9es, les analyses de terrain constatent la sur-repr\u00e9sentation des femmes dans le secteur informel, l\u2019emploi vuln\u00e9rable et le travail \u00e0 temps partiel, une r\u00e9mun\u00e9ration plus faible que les hommes pour un travail de valeur \u00e9gale, et un acc\u00e8s limit\u00e9 aux prestations sociales. Ce qui, selon la CSI, \u00ab\u00a0sape leurs droits, perp\u00e9tue les in\u00e9galit\u00e9s entre les sexes dans la soci\u00e9t\u00e9, et limite les perspectives de progr\u00e8s \u00e9conomique durable\u00a0\u00bb<\/em>.<\/p>\n Dans un rapport de juin 2011 sur l\u2019emploi des femmes et la crise, la Conf\u00e9d\u00e9ration europ\u00e9enne des syndicats dresse un constat alarmant sur l\u2019\u00e9volution des conditions de travail des femmes en Europe, en termes de temps de travail, de salaires et de contrats. Les emplois f\u00e9minins se sont encore pr\u00e9caris\u00e9s et l’on observe partout une augmentation de la charge de travail, de la pression et du stress, du harc\u00e8lement moral et psychologique et du travail au noir. Le nombre de travailleuses non d\u00e9clar\u00e9es a sensiblement augment\u00e9, en particulier dans le secteur domestique.<\/p>\n A travers deux r\u00e9solutions vot\u00e9es en 2010 (4), le Parlement europ\u00e9en attire l\u2019attention sur le fait que la situation n’a pas re\u00e7u l’attention qu’elle m\u00e9rite\u00a0: \u00ab\u00a0La crise financi\u00e8re et \u00e9conomique en Europe a des r\u00e9percussions particuli\u00e8rement n\u00e9gatives sur les femmes, davantage expos\u00e9es \u00e0 la pr\u00e9carit\u00e9 de l’emploi et au licenciement et moins couvertes par les syst\u00e8mes de protection sociale.\u00a0\u00bb<\/em> Il est dommage que de telles alertes ne soient pas suivies d\u2019effet, ce qui interroge sur le pouvoir r\u00e9el du Parlement europ\u00e9en.<\/p>\n Les femmes plus expos\u00e9es au risque de pauvret\u00e9<\/strong><\/p>\n L\u2019augmentation de la pauvret\u00e9 touche les personnes hors emploi comme en emploi. Le Parlement europ\u00e9en constate que \u00ab\u00a0la pauvret\u00e9 f\u00e9minine reste dissimul\u00e9e dans les statistiques et les r\u00e9gimes de s\u00e9curit\u00e9 sociale\u00a0\u00bb<\/em>. Dans son rapport annuel de 2010 sur l\u2019\u00e9galit\u00e9 entre les femmes et les hommes, la Commission europ\u00e9enne note que les femmes sont plus expos\u00e9es au risque de pauvret\u00e9, en particulier les plus de 65 ans<\/a> avec un risque de pauvret\u00e9 de 22 % (contre 16 % pour les hommes), les m\u00e8res c\u00e9libataires avec 35 %, et d\u2019autres cat\u00e9gories de femmes comme celles appartenant \u00e0 une minorit\u00e9 ethnique.<\/p>\n —<\/span><\/p>\n Risque de pauvret\u00e9 relative des hommes et des femmes par tranche d’\u00e2ge<\/strong><\/p><\/blockquote>\n En France, les organisations humanitaires rel\u00e8vent cette part croissante de femmes parmi les personnes en situation de pauvret\u00e9. En 2009, dans son rapport annuel, le Secours catholique observait la f\u00e9minisation de la pauvret\u00e9 et de la pr\u00e9carit\u00e9, en particulier celle des jeunes m\u00e8res seules en emploi pr\u00e9caire.<\/p>\n Christiane Marty,<\/strong> membre de la commission genre d’Attac<\/p>\n \u00a0(1) CSI, <\/em>Vivre dans l’ins\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique : les femmes et le travail pr\u00e9caire, mars 2011.<\/em><\/p>\n (2) <\/em>Ch\u00f4mage et emploi des femmes dans la crise en France, Fran\u00e7oise Milewski, Lettre de l\u2019OFCE, mai 2010.<\/em><\/p>\n (3) Par emploi pr\u00e9caire, la CSI entend des formes de travail non-permanent, temporaire, occasionnel et al\u00e9atoire.<\/em><\/p>\n (4) R\u00e9solutions du 17 juin 2010 sur l’\u00e9galit\u00e9 entre les femmes et les hommes dans le contexte de la r\u00e9cession \u00e9conomique et de la crise financi\u00e8re et du 19 octobre 2010 sur les salari\u00e9es pr\u00e9caires.<\/em><\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Christiane Marty, membre de la commission genre et du conseil scientifique d’Attac, nous propose une analyse des effets de la crise sur les femmes en Europe et en France. Cette premi\u00e8re partie aborde le sous-emploi, l’emploi informel et pr\u00e9caire et les risques de pauvret\u00e9. Une seconde partie, pr\u00e9vue le 1er d\u00e9cembre prochain, traitera des cons\u00e9quences des plans d’aust\u00e9rit\u00e9.<\/p>\n","protected":false},"author":5,"featured_media":9698,"comment_status":"closed","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[12],"tags":[5,6,11],"yoast_head":"\n<\/p>\n
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