Article publi\u00e9 sur le site d’Inter Press Service le 25 juillet sous le titre La Cour supr\u00eame du Nicaragua r\u00e9duit la peine d\u2019un violeur<\/em>.<\/p>\n
La Cour supr\u00eame du Nicaragua a r\u00e9duit la peine d’un violeur au motif qu\u2019il aurait commis ce crime sous l’influence de l’alcool. Le condamn\u00e9 a \u00e9t\u00e9 imm\u00e9diatement rel\u00e2ch\u00e9. Les militants des droits de l\u2019Homme, les juristes ind\u00e9pendants et les organisations de d\u00e9fense des droits des femmes se sont d\u00e9clar\u00e9s choqu\u00e9s par une telle d\u00e9cision. L’affaire, dont la victime est une jeune femme, retient avec \u00e9motion l\u2019attention de l’opinion publique au Nicaragua depuis pr\u00e8s de deux ans.<\/p>\n
Le d\u00e9nomm\u00e9 Farinton Reyes a \u00e9t\u00e9 condamn\u00e9 en 2010 \u00e0 huit ans de prison pour le viol qu\u2019il a commis sur une jeune fille de 23 ans, Fatima Hernandez, onze mois auparavant. Au moment des faits, le violeur et la victime \u00e9taient coll\u00e8gues au minist\u00e8re de l\u2019Int\u00e9rieur.<\/p>\n
Lors d\u2019un nouveau proc\u00e8s termin\u00e9 vendredi dernier, la Cour supr\u00eame du Nicaragua a d\u00e9cid\u00e9 de r\u00e9duire la peine de Reyes \u00e0 quatre ans. Selon la Cour, Reyes n’aurait pas utilis\u00e9 de la violence, il aurait simplement agi dans un \u00e9lan soutenu par l’alcool et la Cour ajoute \u00ab avec la coop\u00e9ration permissive \u00bb<\/em> de la victime \u00e9tant donn\u00e9 qu\u2019elle avait bu quelques bi\u00e8res avec son violeur, d\u2019o\u00f9 l\u2019incitation au viol.<\/p>\n
Reyes \u00ab a commis un crime mais sans pr\u00e9m\u00e9ditation \u00bb<\/em> a d\u00e9clar\u00e9 la juge Juana Mendez, rapporteure de l\u2019arr\u00eat. \u00ab La victime \u00e9tait permissive \u00bb<\/em> parce qu’elle s\u2019\u00e9tait volontairement rendue \u00e0 l’endroit des faits, une affirmation que conteste pourtant Hern\u00e1ndez.<\/p>\n
L’agresseur, qui a d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9 dix-huit mois derri\u00e8re les barreaux, doit quitter la prison parce qu’il a \u00ab des circonstances att\u00e9nuantes \u00bb<\/em> dans ce viol selon la Cour supr\u00eame : le condamn\u00e9 n’a pas de casier judiciaire, il n\u2019y avait aucune pr\u00e9m\u00e9ditation et il s\u2019est bien comport\u00e9 durant l\u2019enqu\u00eate.<\/p>\n
\u00ab C’est une d\u00e9cision sans pr\u00e9c\u00e9dent pour la justice nicaraguayenne qu’un crime aussi grave contre une femme soit consid\u00e9r\u00e9 comme une affaire mineure par la Cour supr\u00eame et que le violeur arrive finalement a tirer profit de son crime \u00bb<\/em> estime Juana Jimenez du Mouvement autonome des femmes, l’une des organisations qui appellent \u00e0 protester contre le verdict de la Cour.<\/p>\n
Le pr\u00e9sident Daniel Ortega<\/strong><\/p>\n
L’affaire aura retenu pendant deux ans l\u2019attention de l\u2019opinion publique du pays en raison de la pers\u00e9v\u00e9rance de la victime et des connexions politiques de l\u2019auteur du viol.<\/p>\n
Fatima Hernandez a entam\u00e9 plusieurs gr\u00e8ves de la faim dont l’une a dur\u00e9 25 jours.<\/p>\n
L\u2019auteur du viol, Farinton Reyes, est membre du FSLN, le parti de gauche au pouvoir au Nicaragua et il est fils de Yolanda Rios, une c\u00e9l\u00e8bre ex-athl\u00e8te qui a des liens importants avec les politiciens de haut rang.<\/p>\n
La juge Juana Mendez, rapporteure de l\u2019arr\u00eat, est \u00e9galement affili\u00e9e au parti FSLN. En d\u00e9cembre 2001, elle a fait parler d\u2019elle suite \u00e0 un autre arr\u00eat concernant une affaire d\u2019agression sexuelle qui avait d\u2019importantes implications politiques : la Cour supr\u00eame avait rejet\u00e9 une plainte contre l\u2019ex-dirigeant du FSLN et actuel pr\u00e9sident Daniel Ortega. La belle-fille du pr\u00e9sident, Zoilamerica Narv\u00e1ez, avait d\u00e9clar\u00e9 qu\u2019elle avait \u00e9t\u00e9 viol\u00e9e par celui-ci de 1978 \u00e0 1998, alors qu\u2019elle n\u2019avait qu\u2019une dizaine d’ann\u00e9es.<\/p>\n
A l’\u00e9poque, La Cour supr\u00eame a conclu \u00e0 la prescription des faits. Cet arr\u00eat a permis \u00e0 Ortega de briguer un nouveau mandat. Il avait d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sident de 1985 \u00e0 1990, il l\u2019est devenu \u00e0 nouveau en 2007.<\/p>\n
L’avocat de Farinton Reyes est Ram\u00f3n Rojas, celui-l\u00e0 m\u00eame qui repr\u00e9sentait Ortega devant la Cour supr\u00eame.<\/p>\n
Commission interam\u00e9ricaine des droits de l’Homme <\/strong><\/p>\n
En d\u00e9cembre dernier, la Cour d’appel de Managua a d\u00e9j\u00e0 r\u00e9duit la sentence de Reyes \u00e0 six ans de prison. Ses avocats ont ensuite introduit un pourvoi devant la Cour supr\u00eame dans l\u2019espoir de renverser le verdict et de le faire innocenter. Les avocats de la victime Hernandez ont demand\u00e9 de confirmer la sanction initiale. Assez \u00e9tonnement, le pr\u00e9venu Reyes a subitement re\u00e7u le soutien du parquet qui estimait devant la Cour supr\u00eame la pr\u00e9sence d\u2019un \u00abdoute raisonnable\u00bb<\/em>, un \u00e9l\u00e9ment qui n\u2019avait pas avanc\u00e9 lors des deux proc\u00e8s pr\u00e9c\u00e9dents.<\/p>\n
Selon Vilma Nu\u00f1ez, pr\u00e9sidente du Centre nicaraguayen des droits de l’Homme, la peine va \u00e0 l’encontre des proc\u00e9dures de base qui prot\u00e8gent la victime de son agresseur, \u00e9tant donn\u00e9 la constatation par le tribunal qu’il y a bien eu viol. \u00ab Dans cette affaire, il y a une victime, un criminel, un crime reconnu, une peine, des preuves, des t\u00e9moins, mais la Cour estime quand m\u00eame que l\u2019agresseur peut rester dans un sens impuni bien qu\u2019il soit coupable d\u2019avoir commis le crime qu\u2019on lui reproche. C’est du jamais vu et c\u2019est scandaleux. \u00bb <\/em><\/p>\n
La lib\u00e9ration imm\u00e9diate de Reyes a caus\u00e9 un \u00ab grave choc \u00e9motionnel \u00bb<\/em> \u00e0 la victime d\u2019apr\u00e8s son p\u00e8re. Fatima Hernandez a d\u00fb \u00eatre hospitalis\u00e9e. Depuis 2010, elle a d\u2019ailleurs \u00e9t\u00e9 hospitalis\u00e9e \u00e0 plusieurs reprises, comme le mois dernier apr\u00e8s une nouvelle gr\u00e8ve de la faim qui a dur\u00e9 douze jours devant le si\u00e8ge de la Cour supr\u00eame.<\/p>\n
Un pays dont le nom n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 divulgu\u00e9 aurait offert l\u2019asile politique \u00e0 Fatima Hernandez. Avant m\u00eame l’annonce du verdict, la victime a d\u00e9clar\u00e9 qu\u2019elle accepterait cette offre d\u2019asile politique et qu\u2019elle introduirait un recours aupr\u00e8s de la Commission interam\u00e9ricaine des droits de l’Homme. Au Nicaragua, elle n\u2019a plus de recours judiciaire possible.<\/p>\n
Jos\u00e9 Ad\u00e1n Silva<\/strong> \u2013 Inter Press Service (IPS)<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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