En France, des projets de cr\u00e9ations d\u2019activit\u00e9s \u00e9conomiques initi\u00e9s par des groupes de femmes \u00e9mergent depuis quelques ann\u00e9es. Ces entrepreneuriats collectifs se retrouvent dans la mouvance de l\u2019\u00e9conomie solidaire (1). Les femmes s\u2019inscrivent dans des projets collectifs : elles se dotent de leur propre forme d’organisation appuy\u00e9e sur la polyvalence et le partage des responsabilit\u00e9s et des t\u00e2ches. Elles veulent changer leurs conditions de vie et am\u00e9liorer celles de leur environnement.<\/p>\n
Par exemple, un restaurant comme Le Flamboyant<\/em>, ouvert \u00e0 Creil, dans l’Oise, en 1989, a permis \u00e0 six femmes originaires de pays africains, d’Espagne et du Cap Vert de cr\u00e9er leur emploi \u00e0 mi-temps, en r\u00e9alisant une quarantaine de repas par jour. On pourrait citer \u00e9galement les restaurants le Petit Prince (2) <\/em>\u00e0 La Seyne-sur-Mer, dans le Var ou Plein sud<\/em> \u00e0 Rouen, en Seine-Maritime. Les femmes se sont f\u00e9d\u00e9r\u00e9es au sein de l\u2019association R\u00e9actives, membre du Mouvement pour l\u2019\u00e9conomie solidaire (MES) (3).<\/p>\n La cr\u00e9ativit\u00e9 face \u00e0 l’adversit\u00e9<\/strong><\/p>\n Il s\u2019agit souvent de femmes d\u2019origine immigr\u00e9e, en recherche d\u2019emploi et de faible niveau de qualification. Elles vivent dans des zones \u00e9conomiquement sinistr\u00e9es o\u00f9 les besoins en services sont criants et initient des activit\u00e9s en particulier dans la restauration, ateliers de couture, retouches, laverie, garde d’enfants, transports collectifs. Face aux contraintes d\u2019un march\u00e9 du travail de plus en plus s\u00e9lectif, elles tentent d\u2019inventer des solutions \u00e9conomiques innovantes et transforment leurs exp\u00e9riences de vie en savoirs prospectifs pour am\u00e9liorer leurs conditions de vie, r\u00e9pondre \u00e0 des besoins non couverts et favoriser un mieux-vivre ensemble.<\/p>\n Les femmes d\u00e9veloppent des capacit\u00e9s strat\u00e9giques qui leur permettent de recouvrer l\u2019estime de soi parfois mise \u00e0 mal et d’acqu\u00e9rir leur autonomie. Leurs projets leur permettent de sortir d\u2019exp\u00e9riences n\u00e9gatives v\u00e9cues souvent suite \u00e0 des situations d\u2019exclusion.<\/p>\n Ces entrepreneuses produisent de l\u2019intelligence collective et t\u00e9moignent d\u2019une \u00e9nergie et d\u2019une recherche de solutions pragmatiques et politiques. A la fronti\u00e8re de la r\u00e9mun\u00e9ration et de l’engagement b\u00e9n\u00e9vole, elles r\u00e9interrogent l’articulation vie professionnelle et vie familiale.<\/p>\n Alors qu\u2019elles engagent l\u2019avenir, les initiatives solidaires de femmes doivent toujours convaincre car elles ne rentrent ni dans les cadres, ni dans les repr\u00e9sentations dominantes. Elles d\u00e9rangent, perturbent. La reconnaissance de leur contribution \u00e0 l\u2019int\u00e9r\u00eat g\u00e9n\u00e9ral et de leur impact pour un renouvellement de cr\u00e9ation de richesses \u00e9conomiques est un v\u00e9ritable enjeu de soci\u00e9t\u00e9.<\/p>\n Madeleine Hersent<\/strong>, directrice de l’Agence pour le d\u00e9veloppement de l’\u00e9conomie solidaire (Adel).<\/p>\n Madeleine Hersent est sociologue, et intervient depuis une vingtaine d\u2019ann\u00e9es dans le champ de l\u2019\u00e9conomie sociale et solidaire et du d\u00e9veloppement local. Elle s\u2019est sp\u00e9cialis\u00e9e dans l\u2019\u00e9valuation des politiques publiques d\u2019insertion et le montage d\u2019activit\u00e9s de proximit\u00e9 dans les quartiers sensibles avec des publics f\u00e9minins. Madeleine Hersent dirige l\u2019Adel depuis 1983, elle est \u00e9galement co-fondatrice du Mouvement de l\u2019\u00e9conomie solidaire, qui regroupe 22 r\u00e9seaux en France.<\/p>\n (1)Voir la d\u00e9finition de Jean-Louis LAVILLE dans <\/em>Dictionnaire de l\u2019autre \u00e9conomie, sous la direction de A. Catani et JL. Laville, Paris, Descl\u00e9e de Brouwer, 2006.<\/em> Madeleine Hersent, sociologue, intervient depuis une vingtaine d\u2019ann\u00e9es dans le champ de l\u2019\u00e9conomie sociale et solidaire et du d\u00e9veloppement local. Elle est directrice de l’Agence pour le d\u00e9veloppement de l’\u00e9conomie solidaire (Adel). Elle nous explique les enjeux pour les femmes d’un mod\u00e8le \u00e9conomique innovant.<\/p>\n","protected":false},"author":5,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[12],"tags":[18,5,6,11],"yoast_head":"\n
\n(2) http:\/\/lpp.laseynesurmer.pagesperso-orange.fr\/<\/a><\/span>
\n(3) <\/em>R\u00e9actives sur www.adel.asso.fr<\/a> et http:\/\/le-mes.org\/<\/a><\/em><\/span><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"