{"id":49629,"date":"2021-11-10T07:26:43","date_gmt":"2021-11-10T06:26:43","guid":{"rendered":"https:\/\/www.50-50magazine.fr\/?p=49629"},"modified":"2021-11-19T08:46:39","modified_gmt":"2021-11-19T07:46:39","slug":"maternite-paternite-parite","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.50-50magazine.fr\/2021\/11\/10\/maternite-paternite-parite\/","title":{"rendered":"Maternit\u00e9, Paternit\u00e9, Parit\u00e9"},"content":{"rendered":"
Maternit\u00e9, Paternit\u00e9, Parit\u00e9 <\/i><\/b>est un livre-plaidoyer, court et document\u00e9, \u00e9crit par Violaine Dutrop. Entre carri\u00e8res fragment\u00e9es, partage des t\u00e2ches domestiques et \u00e9cart de r\u00e9mun\u00e9ration, quel est l\u2019impact de l\u2019arriv\u00e9e d\u2019un enfant dans la vie d\u2019une femme en couple ? Fonder une famille est souvent une injonction pour les femmes, pr\u00e9sent\u00e9e comme une fin en soi. Pourtant, la maternit\u00e9 n\u2019est pas sans cons\u00e9quence sur la vie professionnelle des femmes, qu\u2019elles aient des enfants ou non. Ce qui pourrait \u00eatre un beau projet familial peut bien vite se transformer en une charge qui accentue les in\u00e9galit\u00e9s femmes\/hommes au niveau de toute la soci\u00e9t\u00e9.<\/b><\/p>\n
Les femmes \u00e0 la maison pour s\u2019occuper des enfants et les hommes au travail pour nourrir leur famille. Voil\u00e0 la vision des sph\u00e8res sexu\u00e9es et s\u00e9par\u00e9es qui a \u00e9t\u00e9 instaur\u00e9e au 19\u00e8me si\u00e8cle dans nos soci\u00e9t\u00e9s. Ce n\u2019est qu\u2019au si\u00e8cle dernier que fut remis en cause ce mod\u00e8le avec une nouvelle aspiration : l\u2019\u00e9mancipation des femmes de leur foyer. Les femmes font maintenant partie de la population travailleuse salari\u00e9e dans tous les domaines et semblent avoir les m\u00eames droits que les hommes. Pourtant, les in\u00e9galit\u00e9s salariales demeurent, et la paternit\u00e9 ne para\u00eet pas freiner l\u2019\u00e9volution professionnelle d\u2019une grande partie des hommes. Alors pourquoi cette situation perdure-t-elle ? Maternit\u00e9, Paternit\u00e9, Parit\u00e9<\/i> de Violaine Dutrop nous apporte une r\u00e9ponse : les femmes, assumant la majeure partie du soin et de l\u2019\u00e9ducation des enfants, en d\u00e9chargent les hommes.<\/p>\n
De nombreuses avanc\u00e9es ont \u00e9t\u00e9 faites pour prot\u00e9ger la sant\u00e9 et l\u2019emploi des femmes enceintes : cong\u00e9 maternit\u00e9, garantie de percevoir toujours une partie de leur salaire, protection de l\u2019emploi etc. H\u00e9las, l\u2019exp\u00e9rience v\u00e9cue par les femmes au travail a abouti \u00e0 la reconnaissance juridique des effets discriminatoires du cong\u00e9 maternit\u00e9 . En effet, le \u201crisque maternit\u00e9\u201d s\u2019av\u00e8re une r\u00e9alit\u00e9 dans de nombreux cas. Il prend des formes vari\u00e9es, comme leur \u00e9viter la possibilit\u00e9 de se positionner sur des postes \u00e0\u00a0 responsabilit\u00e9.<\/p>\n
De plus, il est spontan\u00e9ment assum\u00e9 dans notre soci\u00e9t\u00e9 qu\u2019apr\u00e8s l\u2019accouchement ce seront elles qui consacreront la majorit\u00e9 de leur temps au foyer et aux enfants. C\u2019est effectivement ce qui arrive le plus souvent. Ainsi, selon une \u00e9tude de l\u2019Ifop de 2019, seulement 22% des femmes en couple d\u00e9clarent que leur conjoint r\u00e9alise autant de t\u00e2ches m\u00e9nag\u00e8res qu\u2019elles. De plus, avec seulement 59 places en accueil petite enfance pour 100 nouveaux n\u00e9\u00b7es, la moiti\u00e9 des familles se retrouvent \u00e0 confier leur enfant \u00e0 la m\u00e8re, alors que seulement 29% souhaitaient prolonger un accueil parental. Cela est d\u2019autant plus vrai au sein des familles aux bas revenus. Par cons\u00e9quent, pour nombre d\u2019entreprises, avec l\u2019arriv\u00e9e d\u2019un enfant, la vie domestique des femmes prend le pas sur leur vie professionnelle.<\/p>\n
Il est \u00e9vident que cette repr\u00e9sentation genr\u00e9e de la parentalit\u00e9 nuit aux femmes, mais elle nuit \u00e9galement aux hommes. En effet, le cong\u00e9 paternit\u00e9 est bien trop court pour que le jeune papa puisse cr\u00e9er des liens solides avec son enfant. D\u2019ailleurs, 63% des 18-24 ans \u00e9taient favorables \u00e0 son allongement avant l\u2019instauration des quatre semaines du 1er juillet dernier. De plus en plus, il y a une remise en question des r\u00f4les sexu\u00e9s : de nombreux hommes voudraient aussi s\u2019occuper de leurs enfants, mais attendent que la norme change vers un meilleur partage et une acceptation de l\u2019implication des p\u00e8res par leur milieu professionnel. La mise en place d\u2019un cong\u00e9 paternit\u00e9 plus long permettrait aux jeunes papas de s\u2019impliquer davantage dans la prise en charge de l\u2019enfant. Cela diminuerait la charge que les m\u00e8res doivent assumer aujourd\u2019hui.<\/p>\n
La situation en France est particuli\u00e8rement injuste, m\u00eame si la Cour de cassation fran\u00e7aise reconna\u00eet aux salari\u00e9\u00b7es le droit \u00e0 \u201cune vie personnelle et familiale\u201d<\/i>. En effet, les femmes s\u2019extraient longtemps du travail pendant leur grossesse et apr\u00e8s la naissance tandis que les hommes peuvent encore opter pour une paternit\u00e9 discr\u00e8te : ils ne sont que 4% des b\u00e9n\u00e9ficiaires du cong\u00e9 parental qui peut \u00eatre pos\u00e9 apr\u00e8s le cong\u00e9 maternit\u00e9. Mais m\u00eame si le cong\u00e9 paternit\u00e9 \u00e9tait allong\u00e9, Violaine Dutrop avance qu\u2019il faudrait en rendre huit semaines obligatoires, comme pour les femmes, pour s\u2019assurer que la coupure professionnelle cr\u00e9\u00e9e par une naissance serait \u00e9quivalente pour les femmes et les hommes. En effet, avant l\u2019allongement du cong\u00e9 \u00e0 un mois dont une semaine obligatoire, seulement 70% des p\u00e8res exer\u00e7aient tout ou en partie de leur droit \u00e0 cong\u00e9 paternit\u00e9. L\u2019\u00c9tat ne peut donc pas se contenter de donner l\u2019opportunit\u00e9 aux hommes de prendre leur cong\u00e9. Il faut les y forcer, pour prot\u00e9ger la carri\u00e8re professionnelle des femmes, mais \u00e9galement pour prot\u00e9ger leur sant\u00e9 mentale : elles ont besoin d\u2019un soutien important que le p\u00e8re pourrait davantage \u00eatre invit\u00e9 \u00e0 apporter \u00e0 ce moment crucial de r\u00e9organisation de la vie familiale. Car une plus juste r\u00e9partition des t\u00e2ches domestiques et familiales au sein du couple b\u00e9n\u00e9ficierait \u00e0 l\u2019ensemble de la soci\u00e9t\u00e9 : femmes, hommes et enfants. De plus, de nouvelles relations, plus \u00e9troites, entre les p\u00e8res et leurs enfants s\u2019instaureraient alors.<\/p>\n
Si l\u2019allongement cons\u00e9quent et l\u2019obligation du cong\u00e9 paternit\u00e9 n\u2019ont toujours pas \u00e9t\u00e9 mis \u00e0 l\u2019ordre du jour par les politiques, c\u2019est notamment parce que l\u2019on consid\u00e8re que les cons\u00e9quences \u00e9conomiques seraient trop importantes. Pourtant, le financement d\u2019une telle mesure est \u00e0 la port\u00e9e d\u2019un gouvernement qui serait fermement engag\u00e9 pour l\u2019\u00e9galit\u00e9 des sexes. Si les gouvernements \u00e9taient plus prompts \u00e0 prot\u00e9ger la vie professionnelle des femmes, alors elles b\u00e9n\u00e9ficieraient peut-\u00eatre enfin de libert\u00e9s plus \u00e9gales avec celles des hommes. La part des femmes et celle des hommes dans l’\u00e9ducation des enfants doit \u00eatre \u00e9quilibr\u00e9 pour que les femmes ne soient plus victimes de discriminations professionnelles li\u00e9es \u00e0 la parentalit\u00e9, hypoth\u00e9tique ou av\u00e9r\u00e9e.<\/p>\n
Des progr\u00e8s ont certes \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s sur le sujet, ainsi le cong\u00e9 paternit\u00e9 est pass\u00e9 de 11 \u00e0 25 jours le premier juillet 2021, mais la th\u00e8se de Violaine Dutrop est qu\u2019ils ne suffisent absolument pas. Elle appelle \u00e0 continuer la r\u00e9volution de l\u2019\u00e9mancipation domestique et familiale des femmes gr\u00e2ce \u00e0 une \u00e9mancipation des hommes du travail. La parentalit\u00e9 concernant toute la soci\u00e9t\u00e9, les femmes autant que les hommes doivent en assumer le quotidien et la charge mentale. Le monde du travail doit s\u2019y adapter d\u00e9sormais et certaines entreprises semblent ouvrir cette voie.<\/p>\n
Ce livre est une excellente porte d’entr\u00e9e vers ces th\u00e9matiques l\u00e0. Les chapitres sont document\u00e9s et parfaitement sourc\u00e9s tout en restant extr\u00eamement clairs, m\u00eame pour celles et ceux d\u00e9couvrant ces sujets. Violaine Dutrop nous fait un compte-rendu concis de la situation en mettant l’accent sur les solutions. L\u2019ouvrage nous enjoint \u00e0 organiser une implication paritaire des femmes et des hommes dans leur r\u00f4le parental, en m\u00eame temps que dans leur place au travail.<\/p>\n
C\u00e9lia Rabot 50-50 magazine<\/b><\/p>\n
Violaine Dutrop Maternit\u00e9, Paternit\u00e9, Parit\u00e9 <\/i>Ed du Faubourg 2021<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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