{"id":40227,"date":"2020-12-03T09:45:09","date_gmt":"2020-12-03T08:45:09","guid":{"rendered":"https:\/\/www.50-50magazine.fr\/?p=40227"},"modified":"2020-12-11T08:30:28","modified_gmt":"2020-12-11T07:30:28","slug":"genre-travail-et-confinement-des-inegalites-aggravees-dans-le-secteur-de-la-solidarite-internationale","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.50-50magazine.fr\/2020\/12\/03\/genre-travail-et-confinement-des-inegalites-aggravees-dans-le-secteur-de-la-solidarite-internationale\/","title":{"rendered":"Genre, travail et confinement\u00a0: des in\u00e9galit\u00e9s aggrav\u00e9es dans le secteur de la solidarit\u00e9 internationale"},"content":{"rendered":"
Publi\u00e9e en novembre 2020, une enqu\u00eate alerte sur l\u2019explosion des in\u00e9galit\u00e9s genr\u00e9es en mati\u00e8re d\u2019organisation du travail, lors du premier confinement. Men\u00e9e au sein des organisations de solidarit\u00e9 internationale, cette \u00e9tude a montr\u00e9 que les femmes ont \u00e9t\u00e9 plus durement touch\u00e9es, que ce soit en termes de charge de travail, de charge mentale ou d\u2019impacts \u00e9conomiques.\u00a0<\/b><\/p>\n
A l’initiative de <\/span>Ad\u00e9quations, Coordination Sud, F3E, Genre en Action, M\u00e9decins du Monde, <\/span>avec la collaboration de Plateforme Genre et d\u00e9veloppement et de l’Universit\u00e9 <\/span>Bordeaux-Montaigne, l<\/span>a publication Genre et organisation du travail pendant la crise covid-19, Etude dans le milieu de la solidarit\u00e9 internationale en France<\/a> <\/strong><\/span><\/span>est le r\u00e9sultat d\u2019un questionnaire diffus\u00e9 au sein des organisations de solidarit\u00e9 internationale en mai et juin 2020. Parmi les 253 r\u00e9ponses exploitables, on compte 74% de femmes r\u00e9pondantes en raison de la f\u00e9minisation du secteur.\u00a0<\/span><\/p>\n Ce rapport met en lumi\u00e8re des tendances et des pistes de r\u00e9flexion, en particulier concernant l\u2019aggravation des in\u00e9galit\u00e9s de genre qui existaient d\u00e9j\u00e0 dans le secteur de la solidarit\u00e9 internationale, o\u00f9 les femmes sont moins en responsabilit\u00e9.<\/span><\/p>\n Les constats du rapport\u00a0: surcharge professionnelle et domestique, impacts \u00e9conomiques et risques psycho-sociaux<\/b><\/p>\n Si le rapport montre que la surcharge professionnelle engendr\u00e9e par le confinement a touch\u00e9 les femmes comme les hommes, c\u2019est sur les femmes qu\u2019a pes\u00e9 la charge mentale et domestique dans la grande majorit\u00e9 des cas. Une r\u00e9pondante parle par exemple de <\/span>\u00ab\u00a0d\u00e9bordement du travail sur les heures personnelles ; difficult\u00e9 de maintenir des horaires \u00e9quilibr\u00e9s (ex : temps de travail vs. pr\u00e9paration de repas familiaux)\u00a0\u00bb<\/span><\/i>.\u00a0<\/span><\/p>\n Comme le montre le graphique ci-dessous, les femmes ont donc \u00e9t\u00e9 particuli\u00e8rement touch\u00e9es par une augmentation de la charge domestique, qui est all\u00e9e de pair avec la diminution du temps personnel et l\u2019augmentation du stress.\u00a0<\/span><\/p>\n Les femmes ont notamment d\u00fb assurer la garde des enfants comme l’indiquent de nombreuses r\u00e9pondantes\u00a0: <\/span>\u00ab Beaucoup de femmes sont rest\u00e9es en t\u00e9l\u00e9travail et se sont occup\u00e9es de leurs enfants. Beaucoup d\u2019hommes sont rest\u00e9s en t\u00e9l\u00e9travail et se sont repos\u00e9s sur leurs femmes \u00e9galement en t\u00e9l\u00e9travail pour garder leurs enfants. \u00bb<\/span><\/i><\/p>\n Les impacts \u00e9conomiques ne sont pas non plus \u00e0 n\u00e9gliger. En plus des in\u00e9galit\u00e9s de salaire femmes\/hommes pr\u00e9existantes<\/a><\/strong><\/span><\/span>, les femmes, en particulier celles issues de minorit\u00e9s ethniques, ont \u00e9t\u00e9 le plus souvent en ch\u00f4mage partiel ou technique en raison des postes qu’elles occupent.\u00a0<\/span><\/p>\n Enfin, les cons\u00e9quences psycho-sociales ont \u00e9t\u00e9 particuli\u00e8rement fortes pour les femmes\u00a0: sentiment de culpabilit\u00e9 de ne pas pouvoir assumer la charge de travail, stress et surmenage face \u00e0 la charge professionnelle et domestique, sentiment d\u2019isolement li\u00e9 au t\u00e9l\u00e9travail et au confinement.<\/span><\/p>\n Les recommandations\u00a0du rapport<\/b><\/p>\n Le rapport met, tout d\u2019abord, l\u2019accent sur la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019adaptation des structures \u00e9tudi\u00e9es vis-\u00e0-vis de leurs salari\u00e9\u00b7es. Il pr\u00e9conise la cr\u00e9ation de dispositifs d\u2019accompagnement \u00e0 la vie personnelle et priv\u00e9e, ainsi que l\u2019ouverture d\u2019espaces de dialogue, qui ont manqu\u00e9 lors du premier confinement.\u00a0<\/span><\/p>\n Au vu des in\u00e9galit\u00e9s recens\u00e9es, le rapport indique qu\u2019un syst\u00e8me mixte, combinant t\u00e9l\u00e9travail et pr\u00e9sentiel, est pr\u00e9f\u00e9rable. Les salari\u00e9\u00b7es concern\u00e9\u00b7es ont rappel\u00e9 que la g\u00e9n\u00e9ralisation du t\u00e9l\u00e9travail n\u2019est pas la meilleure solution. En effet, le t\u00e9l\u00e9travail entra\u00eene une distension du lien social, qui va de pair avec une s\u00e9rie d\u2019interrogations : comment int\u00e9grer une nouvelle coll\u00e8gue ? Comment \u00e9changer sur son v\u00e9cu et son ressenti avec ses coll\u00e8gues ? Comment faire sans les temps de d\u00e9compression, par exemple les trajets ? Comment rep\u00e9rer le burn-out ?<\/span><\/p>\n Le rapport recommande \u00e9galement aux organisations d\u2019effectuer un diagnostic num\u00e9rique, \u00e0 la fois pour lutter contre la fracture num\u00e9rique mais aussi pour s\u2019adapter aux personnes en situation de handicap. En effet, lors de l\u2019enqu\u00eate, une r\u00e9pondante a d\u00e9clar\u00e9\u00a0<\/span>: \u00ab\u00a0Je pense [\u2026] \u00e0 une coll\u00e8gue sourde qui ne peut sans doute pas assister aux r\u00e9unions en visio (lors de nos r\u00e9unions en pr\u00e9sentiel, il y a des traductions en langue des signes).\u00a0\u00bb<\/span><\/i><\/p>\n Ce rapport soul\u00e8ve donc l\u2019importance de penser les in\u00e9galit\u00e9s en termes de structure et non au cas par cas. Cela signifie pr\u00e9parer et outiller les responsables en amont des crises avec des formations obligatoires par exemple. A ce titre, le rapport demande la mise en place d\u2019incitations de la part du gouvernement pour que soient adopt\u00e9es des politiques internes sensibles au genre et au handicap.<\/span><\/p>\n La parole des concern\u00e9\u00b7es<\/b><\/p>\n Lors d\u2019un webinaire organis\u00e9 le 9 novembre 2020 pour pr\u00e9senter le rapport, la parole a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9e \u00e0 des membres de ces organisations de solidarit\u00e9 internationale pour recueillir leur avis sur les recommandations du rapport.<\/span><\/p>\n Laura Petersell et Lola Papazoff du Secours Catholique<\/a><\/strong><\/span><\/span>\u00a0se sont, tout d\u2019abord, exprim\u00e9es sur le sentiment de culpabilit\u00e9 ressenti par les femmes. Dans l\u2019article<\/a><\/span><\/strong> qu\u2019elles ont \u00e9crit sur le sujet<\/span>, elles indiquent que la culpabilit\u00e9 n\u2019est pas individuelle mais collective. Les femmes repr\u00e9sentent la majorit\u00e9 des salari\u00e9\u00b7es de ces organisations de solidarit\u00e9 internationale (70% pour le Secours Catholique). Pourtant, elles ne repr\u00e9sentent qu\u2019une faible part des cadres de ces organisations. Les postes qu\u2019elles occupent ont donc une forte utilit\u00e9 sociale mais sont d\u00e9valoris\u00e9s socialement et financi\u00e8rement. Selon elles, c\u2019est cette forte d\u00e9valorisation qui g\u00e9n\u00e8re de la culpabilit\u00e9 au quotidien et encore plus pendant le confinement. Laura Petersell et Lola Papazoff demandent donc que la parole soit donn\u00e9e aux salari\u00e9\u00b7es et que les responsables, surtout des structures locales, soient form\u00e9\u00b7es \u00e0 ces questions.<\/span><\/p>\n<\/p>\n