Journaliste f\u00e9ministe, Natacha Henry se penche depuis plusieurs ann\u00e9es sur la question de l’\u00e9galit\u00e9 femmes\/hommes. Elle est connue pour ses nombreux travaux sur le sexisme. Auteure du concept de \u00abpaternalisme lubrique<\/i>\u00bb, elle montre comment la domination s\u2019installe discr\u00e8tement. \u00abAssieds-toi sur mes genoux<\/i>\u00bb ou encore \u00abTu as ensoleill\u00e9 ma journ\u00e9e avec ta petite robe\u2026<\/i>\u00bb Tant de femmes sont confront\u00e9es \u00e0 ce genre de phrases qui semblent anodines\u2026<\/span><\/span><\/p>\n Les \u00e9l\u00e8ves sont \u00e0 l’\u00e9coute, oreilles grandes ouvertes. La journaliste expose le r\u00e9sultat de ses enqu\u00eates de terrain dans les h\u00f4pitaux, les foyers d’h\u00e9bergement et les postes de police. Elle en impose, et gagne d\u00e9j\u00e0 le c\u0153ur des jeunes femmes, dans la salle, certainement plus sensibles. Toutefois, elle \u00e9coute et ne contraint pas les quelques sceptiques. Rapidement, elle pr\u00e9cise que le sujet n\u2019est pas exclusivement f\u00e9minin. Que les hommes cachent leur douleur par honte, ou par peur de perdre leur virilit\u00e9 aux yeux des autres. Cependant, elle met un point en avant: la prise en charge des enfants est davantage pour les m\u00e8res, un param\u00e8tre qui accro\u00eet la complexit\u00e9 de leur probl\u00e8me. <\/span><\/span><\/p>\n Elle fait un petit tour des termes juridiques et rel\u00e8ve une probl\u00e9matique occult\u00e9e par la soci\u00e9t\u00e9 : le viol conjugal. Les femmes qui, sous l’emprise de leur conjoint ou leur compagnon, estiment qu’elles doivent r\u00e9pondre aux d\u00e9sirs de leur mari. <\/span><\/span><\/p>\n Or, dans cette spirale misogyne elles oublient l’essentiel, \u00e0 savoir, la loi:\u00a0<\/span><\/span>\u00abArticle 222-23 du code p\u00e9nal\u00a0: Tout acte de p\u00e9n\u00e9tration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol.\u00bb<\/i><\/p>\n Les \u00e9l\u00e8ves \u00e9noncent quelques exemples ayant fait la Une des tablo\u00efds : Bertrand Cantat, Oscar Pistorius\u2026 Ils prennent grand plaisir \u00e0 participer et Natacha Henry met en garde les futur-e-s professionnel-le-s: \u00abLe journalisme v\u00e9hicule les opinions. Vous serez des agents de transformation sociale. Vous avez une r\u00e9elle responsabilit\u00e9 soci\u00e9tale.<\/i>\u00bb <\/span><\/span><\/p>\n Elle reprend l’affaire Carlton et pointe les <\/b>euph\u00e9mismes dans certains propos de journalistes qui parlent \u00e0 tort de \u00abparties fines<\/i>\u00bb. Le d\u00e9bat est constructif. Les \u00e9l\u00e8ves portent de l’int\u00e9r\u00eat au sujet. Toutefois, quelques silences s’installent. Quelques gestes de reculs se d\u00e9voilent discr\u00e8tement. Les informations se dig\u00e8rent. <\/span><\/span><\/p>\n \u00abN’oubliez pas la complexit\u00e9 de la r\u00e9alit\u00e9, la gravit\u00e9 des situations et respectez les protagonistes<\/i>.\u00bb <\/span><\/span><\/p>\n Les chiffres d\u00e9concertent. Chaque ann\u00e9e, 201 000 femmes \u00e2g\u00e9es de 18 \u00e0 59 ans subissent des violences physiques et\/ou sexuelles. L’estimation, rappelle la journaliste, est l\u00e9g\u00e8re. Nombreuses sont les femmes qui ne portent pas plainte. Tout d\u00e9pend des situations, mais bien souvent les enfants sont co-victimes: en 2013, 33 enfants ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s dans un contexte de violence conjugale. <\/span><\/span><\/p>\n \u00abFr\u00e9quemment, les gens ne comprennent pas\u00a0: pourquoi ces femmes restent-elles aupr\u00e8s de leur mari\u00a0?<\/i>\u00bb Attentifs, les regards de l’assembl\u00e9e brillent. \u00abC’est un climat de peur et une tension permanente qui s’instaurent dans le foyer. Les menaces, les explosions de violences les p\u00e9trifient. Et puis, le coupable s’excuse, se met \u00e0 genoux, d\u00e9clare sa flamme. \u00abY’a que toi qui peut m’aider…\u00bb C’est le moment dit de la Lune de Miel.<\/i>\u00bb<\/span><\/span><\/p>\n Certains compagnons refusent que leur conjointe exercent un m\u00e9tier. Ils veulent la garder pour eux, dans la maison. Sans ressources, elles n’ont pas le choix et surtout ne pensent pas avoir les forces n\u00e9cessaires pour partir. <\/span><\/span><\/p>\n\u00ab\u00a0Une r\u00e9elle responsabilit\u00e9 soci\u00e9tale\u00a0\u00bb<\/strong><\/h3>\n