{"id":19133,"date":"2014-06-12T09:59:13","date_gmt":"2014-06-12T07:59:13","guid":{"rendered":"http:\/\/www.50-50magazine.fr\/?p=19133"},"modified":"2014-06-12T09:59:13","modified_gmt":"2014-06-12T07:59:13","slug":"chronique-de-felicite-basta-les-beautiful-bastard","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.50-50magazine.fr\/2014\/06\/12\/chronique-de-felicite-basta-les-beautiful-bastard\/","title":{"rendered":"Chronique de F\u00e9licit\u00e9: basta les beautiful bastard\u00a0!"},"content":{"rendered":"
Je suis \u00e0 la bourre, je dois prendre le train, mais je n\u2019ai rien \u00e0 lire. J\u2019ai oubli\u00e9 Fiodor chez moi. C\u2019est grave, grave. Un trajet en train sans livre, c\u2019est comme un baiser sans moustache dirait ma grand-m\u00e8re. Je me pr\u00e9cipite au Relay, il me reste trois minutes pour choisir et je vois […]<\/p>\n","protected":false},"author":5,"featured_media":19134,"comment_status":"closed","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[117,8],"tags":[66],"yoast_head":"\n
\nJe suis \u00e0 la bourre, je dois prendre le train, mais je n\u2019ai rien \u00e0 lire. J\u2019ai oubli\u00e9 Fiodor chez moi. C\u2019est grave, grave. Un trajet en train sans livre, c\u2019est comme un baiser sans moustache dirait ma grand-m\u00e8re. Je me pr\u00e9cipite au Relay, il me reste trois minutes pour choisir et je vois ce titre Beautiful Bastard, je me dis tiens c\u2019est peut-\u00eatre un livre distrayant, o\u00f9 on dit du mal des mecs et o\u00f9 il y a plein de sc\u00e8nes de sexe torride. Dans le train, de toutes fa\u00e7ons on a le droit de lire des conneries. Et puis \u00e7a me changera de Dosto\u00efevski.
\nHorreur, malheur. C\u2019est en effet un livre \u00ab\u00a0\u00e9rotique\u00a0\u00bb. Croyez moi, je n\u2019ai rien contre les livre \u00e9rotiques, mais contre celui-ci oui. Alors, je vous dis tout\u00a0: c\u2019est l\u2019histoire, d\u2019une banalit\u00e9 inou\u00efe, entre une stagiaire jeune et jolie et son boss idem, tous deux en prise avec un \u00ab\u00a0d\u00e9sir obs\u00e9dant, d\u00e9vastateur (\u2026)\u00a0\u00bb. Ils ne pensent qu\u2019\u00e0 une chose: se poss\u00e9der.
\nQuel ennui, mais quel ennui. Bonjour les st\u00e9r\u00e9otypes. Elle, l\u2019employ\u00e9e ex\u00e9cutive woman, lui le patron, brillant. Patron odieux, mais magn\u00e9tique. Pas grave, comme chacun sait, le d\u00e9sir rend fou. Alors \u00e7a commence\u00a0: la baise sur le bureau, dans les escaliers, dans les ascenseurs. Pfutt, ils ne pourraient pas faire un effort, le coup de l\u2019ascenseur, on l\u2019a vu mille fois. Je ne sais pas moi, un peu d\u2019imagination que diable, allez baiser dans un chantier, une \u00e9glise ou un bus. Ils n\u2019ont pas encore pris l\u2019avion ensemble, sinon aurait s\u00fbrement eu droit \u00e0 une sc\u00e8ne de baise dans les toilettes des premi\u00e8res classes.
\nLa jeune femme est libre, ambitieuse, mais elle est accro. S\u2019installent alors entre eux des rapports de force, c\u2019est \u00e0 celui qui va emmerder l\u2019autre \u00e0 qui mieux mieux. On s\u2019endort lors de la description des rapports sexuels, le comble du d\u00e9j\u00e0 vu, on soupire quand il lui arrache et d\u00e9chire sa petite culotte (the classique). Remarque, le mec il est classe, il lui rach\u00e8te des tonnes de culotte Aubade. Elle doit avoir un budget culottes cons\u00e9quent d\u2019ailleurs, car elle porte toujours des supers sous-v\u00eatements. Peut-\u00eatre qu\u2019aux USA la petite culotte coton simple n\u2019existe pas\u00a0? En tous cas, pour une stagiaire, elle doit \u00eatre bien pay\u00e9e.
\nBref, je m\u2019\u00e9gare. Tout ce que les f\u00e9ministes et les personnes sens\u00e9es peuvent d\u00e9tester en termes de rapports de force hommes\/femmes est l\u00e0. Monsieur a la pouvoir, mais elle pas. Madame perd la t\u00eate elle n\u2019aime pas \u00e7a, car c\u2019est quand m\u00eame un salaud, mais elle n\u2019y peut rien. On continue en esp\u00e9rant un peu de sc\u00e8nes sado-maso, pour se r\u00e9veiller un peu, qu\u2019ils s\u2019accrochent aux barreaux ou n\u2019importe o\u00f9, je sais pas moi, un peu d\u2019imagination\u2026 m\u00eame pas. Tout cela est tr\u00e8s conventionnel\u00a0: si il n’y a pas les verbes g\u00e9mir ou jouir une fois toutes les deux pages, je mange mon chapeau. Et non, ne r\u00eavez pas, on n\u2019aura pas le piment de la sodomie, du triolisme, des partouzes, faut rester politiquement correct. Mais je suis injuste\u00a0: il faut peut-\u00eatre attendre le second tome pr\u00e9vu, car le bouquin se vend \u00e0 des milliers d\u2019exemplaires, donc il y aura forcement une suite.
\nQue c\u2019est bon, la musique des mots qui parlent d\u2019\u00e9rotisme, de sensualit\u00e9, de d\u00e9sir, de plaisir mais faut croire que \u00e7a doit \u00eatre difficile \u00e0 d\u00e9crire. Dans ce livre en tous cas, car la bite de monsieur, un moment \u00e7a va, mais au bout de 100 pages, on en a marre, on craque\u00a0:\u00a0\u00ab\u00a0oh, prends- moi je deviens folle, je la veux, prends-moi\u00a0\u00bb etc, etc, etc. Une seule solution la p\u00e9n\u00e9tration, pardon la r\u00e9volution, on br\u00fble tout.
\nSongeuse, je me demande bien qui peut lire ce genre de bouquins et c\u2019est \u00e7a le plus affligeant.\u00a0\u00ab\u00a0 Un duel amoureux \u00e0 d\u00e9vorer d\u2019urgence, on attend la suite\u00a0\u00bb\u00a0commentent certains journaux fran\u00e7ais\u00a0; donc \u00e7a pla\u00eet. \u00a0Il est m\u00eame en t\u00eate des meilleures ventes et il a \u00e9t\u00e9 publi\u00e9 dans une quinzaine de pays. Il faut croire que les gens s\u2019ennuient et adorent les rapports de pouvoir, \u00e7a les fait fantasmer.
\nJ\u2019ai une pens\u00e9e \u00e9mue pour certains \u00e9crivains g\u00e9niaux qui ont r\u00e9ussi \u00e0 d\u00e9crire leurs fantasmes d\u00e9licieusement et que personne ne conna\u00eet car ils ne sont pas en t\u00eate de gondole\u2026
\nQuand je pense que j\u2019ai encore 200 kilom\u00e8tres \u00e0 parcourir! Je crois que je vais rentrer dans les ordres, \u00a0me remettre \u00e0 lire feu R\u00e9gine Desforges, au moins elle savait \u00e9crire\u00a0; ou alors je me remets directement au marquis de Sade, tant qu\u2019a faire !
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\nEmmanuelle Barbaras 50\/50<\/strong>
\nBeautiful bastard. Christina Lauren. Ed. Hugo Roman. 2013<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"