Le journal Lib\u00e9ration a donc remis le couvert. Un\u00a0long article<\/a><\/span>\u00a0donne la parole \u00e0 Marcel Nuss, poly-handicap\u00e9, membre du STRASS et d\u00e9fendant \u00e0 ce titre le syst\u00e8me de prostitution qu\u2019il aimerait voir l\u00e9galiser. L\u2019article est sans distance aucune, dans la complaisance totale.<\/p>\n

On ne peut que s\u2019interroger sur le tournant pris ces derni\u00e8res ann\u00e9es par Lib\u00e9ration. Journal historiquement progressiste, celui-ci d\u00e9veloppe et propage les id\u00e9es les plus r\u00e9actionnaires \u00e0 la mode. Marcela Iacub dont on conna\u00eet les positions ahurissantes sur le viol y a son rond de serviette. Le syst\u00e8me prostitueur y est vant\u00e9 par pages enti\u00e8res, donnant la parole ici \u00e0 Caub\u00e8re et l\u00e0 \u00e0 d\u2019autres sans jamais faire un v\u00e9ritable travail d\u2019investigation sur ce qu\u2019est la prostitution aujourd\u2019hui, travaux scientifiques ou terrain \u00e0 l\u2019appui.<\/p>\n

Les journaux n\u2019ont plus les moyens de financer un tel travail me direz-vous? C\u2019est la rengaine habituelle justifiant une paresse et une soumission id\u00e9ologique qu\u2019il faut mettre en perspective avec le chiffre d\u2019affaires de M\u00e9diapart, six fois sup\u00e9rieur \u00e0 celui de Lib\u00e9ration.fr\u2026<\/p>\n

Pour des raisons qui appartiennent \u00e0 sa r\u00e9daction (et qu\u2019on imagine), Lib\u00e9 a donc pris le parti de d\u00e9fendre \u201cla libert\u00e9 de se prostituer\u201d. A court d\u2019argument, les pro-prostitution en viennent souvent \u00e0 la question du handicap.<\/p>\n

C\u2019est donc un homme poly-handicap\u00e9 que l\u2019on prend \u00e0 t\u00e9moin, photo \u00e0 l\u2019appui. Le probl\u00e8me c\u2019est que l\u2019argument fait long feu. Marcel Nuss est membre du STRASS (lobby qui d\u00e9fend la prostitution) et s\u2019exprime souvent sur le sujet.\u00a0 Il suffit donc de lire sur son blog pour comprendre en quoi la d\u00e9marche du journaliste est malhonn\u00eate.<\/p>\n

Marcel Nuss ne cesse d\u2019\u00e9crire qu\u2019il n\u2019y a pas une prostitution classique et une prostitution pour personnes handicap\u00e9es mais que c\u2019est exactement la m\u00eame chose. Il refuse le distingo. Il milite pour la prostitution en g\u00e9n\u00e9ral en tant que \u201cclient\u201d. Sa situation de personne handicap\u00e9e n\u2019est donc qu\u2019un faire valoir hypocrite pour la cause.<\/p>\n

D\u2019autre part, comme beaucoup de clients prostitueurs, Marcel Nuss a eu deux compagnes avec qui il a m\u00eame eu des enfants. On est donc une fois de plus tr\u00e8s \u00e9loign\u00e9 du clich\u00e9 de l\u2019homme seul et d\u00e9s\u0153uvr\u00e9 puisque l\u2019on sait que l\u2019immense majorit\u00e9 des hommes qui ont recours \u00e0 la prostitution ont une compagne et souvent des ma\u00eetresses.<\/p>\n

L\u2019homme\u00a0handicap\u00e9 (pas la femme, on devine pourquoi) est donc l\u2019alibi id\u00e9al. Il symbolise l\u2019\u00eatre\u00a0esseul\u00e9 qui m\u00e9rite bien aussi sa dose de sexe dont il aurait \u201cbesoin\u201d. Mais pourquoi ne pas y ajouter les veufs, c\u00e9libataires,\u00a0isol\u00e9s g\u00e9ographiquement, d\u00e9tenus, malades, trop\u00a0timides\u2026 Des arm\u00e9es d\u2019hommes qui auraient aussi \u201cdroit\u201d \u00e0 ce que des femmes les fassent jouir au d\u00e9pend de leur propre int\u00e9grit\u00e9 psychologique\u2026<\/p>\n

Et pour le reste, l\u2019argumentaire classiquement na\u00eff de l\u2019article ferait sourire si\u00a0il n\u2019\u00e9tait aussi violent. Les femmes prostitu\u00e9es \u201cjouiraient\u201d avec leurs \u201cclients\u201d. Il suffit d\u2019avoir \u00e9cout\u00e9 ces personnes pour savoir \u00e0 quel point les \u201cclients\u201d sont volontairement cr\u00e9dules d\u2019une com\u00e9die qui leur est faite. Pour savoir que la strat\u00e9gie des femmes prostitu\u00e9es n\u2019a qu\u2019un seul but: que cela aille le plus vite possible. Voire que le client croie les p\u00e9n\u00e9trer alors que ce n\u2019est pas le cas. Et que tout cela est \u00e9videmment de la violence pure.<\/p>\n

Une femme prostitu\u00e9e racontait r\u00e9cemment son horreur quotidienne et son d\u00e9labrement physique. Elle disait avoir\u00a0le vagin fatigu\u00e9.<\/em>\u00a0Quand je crie<\/em>, disait-elle,les clients pensent que je jouis alors que c\u2019est tellement j\u2019ai mal<\/em>.<\/p>\n

En contraction flagrante avec la com\u00e9die jou\u00e9e au \u201cclients\u201d, les femmes prostitu\u00e9es parlent d\u2019eux avec souvent un m\u00e9pris non dissimul\u00e9, voire avec haine. Et on peut les comprendre. Le probl\u00e8me est que les seules femmes prostitu\u00e9es que la plupart des journalistes connaissent sont les deux qui courent les plateaux et r\u00e9dactions pour raconter \u00e0 quel point il est formidable de se prostituer.<\/p>\n

La voix des dizaines de milliers d\u2019autres femmes prostitu\u00e9es, on ne l\u2019entend jamais. Ni dans Lib\u00e9, ni ailleurs. Et c\u2019est bien normal, car cela ferait tr\u00e8s mal.<\/p>\n

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Patric Jean<\/strong><\/p>\n

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