{"id":11754,"date":"2012-03-19T11:41:52","date_gmt":"2012-03-19T10:41:52","guid":{"rendered":"http:\/\/www.50-50magazine.fr\/_?p=11754"},"modified":"2012-03-19T11:41:52","modified_gmt":"2012-03-19T10:41:52","slug":"renforcer-les-droits-des-femmes-en-jordanie","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.50-50magazine.fr\/2012\/03\/19\/renforcer-les-droits-des-femmes-en-jordanie\/","title":{"rendered":"Renforcer les droits des femmes en Jordanie"},"content":{"rendered":"
—<\/span><\/p>\n De gauche \u00e0 droite : Asma Khader, de la Commission nationale des femmes, Mohamed Jinini, de l’UN Women, et Suleiman Sweiss, de l’Association jordanienne des droits de l’Homme.<\/em><\/p>\n —<\/span><\/p>\n On ne compte plus les \u00e9tudes qui analysent la faible participation des femmes \u00e0 la vie \u00e9conomique ou politique jordanienne\u00a0: \u00ab\u00a0Tous les probl\u00e8mes concernant les femmes ont \u00e9t\u00e9 identifi\u00e9s dans notre pays, ils sont li\u00e9s \u00e0 un environnement g\u00e9n\u00e9ral et culturel qui leur est d\u00e9favorable et \u00e0 la persistance de st\u00e9r\u00e9otypes\u00a0\u00bb<\/em>, affirme Mohamed Jinini, coordinateur de projet \u00e0 l’UN Women (*). D\u00e8s lors, quels sont les leviers d’action utilis\u00e9s par les politiques ou les mouvements de la soci\u00e9t\u00e9 civile pour am\u00e9liorer la condition des femmes, en particulier dans le domaine du travail\u00a0?<\/p>\n Assister et prot\u00e9ger les victimes<\/strong><\/p>\n Le volet assistance et protection des femmes en danger, indispensable, est assez au point\u00a0: des bureaux de plaintes existent au sein de chaque organisation de femmes. Ils couvrent tout le royaume et la possibilit\u00e9 d’avoir recours gratuitement \u00e0 une aide psychologique, juridique ou sociale est d\u00e9sormais acquise pour toutes les femmes qui en font la demande.<\/p>\n La machine est bien rod\u00e9e\u00a0: les plaintes qui ne peuvent \u00eatre trait\u00e9es par des organisations de femmes sont alors transmises \u00e0 des autorit\u00e9s plus comp\u00e9tentes ou des minist\u00e8res. Mais, bien que n\u00e9cessaires, ces modalit\u00e9s d’assistance sont loin d’\u00eatre suffisantes\u00a0: le c\u00f4t\u00e9 curatif doit imp\u00e9rativement s’accompagner d’un travail pr\u00e9ventif, pour changer la perception du r\u00f4le des femmes dans la soci\u00e9t\u00e9.<\/p>\n Changer les lois<\/strong><\/p>\n La nouvelle loi de novembre 2010 sur le statut de la femme a gagn\u00e9 en \u00e9paisseur\u00a0: de 187 articles, elle est pass\u00e9e \u00e0 380. Si l’on remarque quelques progr\u00e8s pour les femmes, comme l’article qui octroie une pension alimentaire \u00e0 la femme en cas de divorce, la question de l’\u00e9galit\u00e9 de genre est encore une fois aux abonn\u00e9s absents.<\/p>\n \u00ab\u00a0Les ONG ont tent\u00e9 de modifier certaines clauses en discutant avec les cheikhs, des juges de droit musulman, mais n’ont pas r\u00e9ussi \u00e0 changer les fondamentaux de cette loi qui accorde toujours autant de privil\u00e8ges aux hommes\u00a0\u00bb<\/em>, raconte Suleiman Sweiss, co-fondateur de l’Association jordanienne des droits de l’Homme.<\/p>\n Une organisation a fait de ce travail sur les lois son cheval de bataille\u00a0: la Commission nationale jordanienne pour les femmes. Cr\u00e9\u00e9e en 1992, cette organisation semi-gouvernementale s’est donn\u00e9e pour mandat de mettre en \u0153uvre tout ce qui pourrait am\u00e9liorer la situation des femmes, en concertation avec une pluralit\u00e9 d’acteurs\u00a0: les ONG, les minist\u00e8res \u2013 au sein desquels elle a cr\u00e9\u00e9 des commissions de femmes \u2013, les \u00e9tablissements publics…<\/p>\n \u00ab\u00a0Des experts et juristes suivent les l\u00e9gislations\u00a0; nous faisons ensuite pression pour les \u00e9purer de toutes discriminations envers les femmes et proposons de nouvelles lois\u00a0\u00bb<\/em>, explique Asma Khader, avocate, ancienne ministre de la Culture et actuelle secr\u00e9taire ex\u00e9cutive de la Commission nationale des femmes.<\/p>\n Depuis 2003, \u00e0 l’occasion de chaque \u00e9lection, cette commission pr\u00e9pare avec l’ensemble des organisations de femmes un document qui liste les lois devant \u00eatre amend\u00e9es parce que discriminatoires.<\/p>\n Signe encourageant\u00a0: leur nombre r\u00e9duit progressivement. \u00ab\u00a0En 2003, nous avions r\u00e9pertori\u00e9 22 lois qu’il fallait amender, en 2010, \u00e0 l’occasion des \u00e9lections l\u00e9gislatives, il n’en restait plus que 12\u00a0\u00bb<\/em>, rench\u00e9rit Asma Khader, qui s’est fix\u00e9 de nouveaux objectifs \u00e0 la baisse pour les prochaines \u00e9lections.<\/p>\n Le pouvoir des quotas<\/strong><\/p>\n Un autre levier utilis\u00e9 par la Commission des femmes est l’utilisation des quotas. En politique, comme dans la vie \u00e9conomique, ils obligent \u00e0 l’\u00e9lection et au recrutement de femmes et corrigent ainsi des univers trop souvent masculins.<\/p>\n En 2007, lors des \u00e9lections municipales, le gouvernement avait d\u00e9clar\u00e9 que 20 % des si\u00e8ges devaient \u00eatre accord\u00e9es aux femmes. Ces derni\u00e8res en obtiennent m\u00eame 27 %. Pour les prochaines municipales, la Commission des femmes compte pousser ces quotas jusqu’\u00e0 25 %.<\/p>\n Il en va de m\u00eame pour augmenter le nombre de femmes d\u00e9put\u00e9es\u00a0: \u00ab\u00a0Nous avons actuellement \u00e0 peu pr\u00e8s 10 % de femmes au Parlement. Nous allons donc pousser pour que lors des prochaines \u00e9lections une politique de quotas table sur 15%\u00a0\u00bb<\/em>, explique Asma Khader.<\/p>\n En ce qui concerne l’empowerment \u00e9conomique, des objectifs chiffr\u00e9s sont \u00e9galement \u00e0 l’\u00e9tude. Avec moins de 14% de participation des femmes au travail actuellement, un des d\u00e9fis que s’est lanc\u00e9 la Commission nationale des femmes serait d’augmenter ce chiffre de 2% chaque ann\u00e9e.<\/p>\n Malgr\u00e9 de relatifs succ\u00e8s, la politique des quotas reste n\u00e9anmoins critiquable\u00a0: \u00ab\u00a0Si les femmes \u00e9lues en politique gr\u00e2ce aux quotas n’ont pas une vision claire sur comment faire \u00e9voluer le sort de leurs cons\u0153urs, cela ne conduira pas \u00e0 une soci\u00e9t\u00e9 plus \u00e9galitaire\u00a0\u00bb<\/em>, all\u00e8gue Suleiman Sweiss.<\/p>\n Et de rappeler que sur les huit femmes \u00e9lues \u00e0 la chambre des d\u00e9put\u00e9s, seules deux d’entre elles ont r\u00e9ellement une forte conscience politique sur ces questions. \u00ab\u00a0Quand nous aurons des femmes au gouvernement \u00e9lues librement par le peuple, sans les quotas, alors ce sera un signe clair que la soci\u00e9t\u00e9 jordanienne a chang\u00e9 son regard sur les femmes\u00a0\u00bb,<\/em> rench\u00e9rit-il.<\/p>\n Former et renforcer les comp\u00e9tences techniques<\/strong><\/p>\n \u00ab\u00a0Les femmes qui travaillent ne sont pas actives dans leur poste, elles ne sont jamais au c\u0153ur des d\u00e9cisions\u00a0\u00bb<\/em>, observe Mohamed Jinini de l’UN Women. Le renforcement des comp\u00e9tences par la formation professionnelle serait donc la pierre angulaire pour contrer ce pr\u00e9suppos\u00e9 que les femmes ont moins de comp\u00e9tences techniques que les hommes.<\/p>\n L’organisme des Nations unies travaille depuis neuf ans sur le renforcement des femmes dans le secteur des technologies de l’information\u00a0: la formation technique est assur\u00e9e par la soci\u00e9t\u00e9 Cisco dans toutes les fili\u00e8res universitaires jordaniennes consacr\u00e9es \u00e0 l’ing\u00e9nierie de r\u00e9seaux, avec l’imp\u00e9ratif que les femmes repr\u00e9sentent la moiti\u00e9 des \u00e9tudiants form\u00e9s.<\/p>\n \u00ab\u00a0A la fin du programme, en 2013, nous en \u00e9valuerons l’impact sur la mont\u00e9e en puissance des femmes dans la hi\u00e9rarchie\u00a0\u00bb<\/em>, explique Mohamed Jinini. Et si les r\u00e9sultats sont concluants, ce programme pilote devrait faire des \u00e9mules dans d’autres secteurs professionnels et \u00eatre appliqu\u00e9 dans d’autres pays arabes.<\/p>\n<\/p>\n