La révolution clitoridienne en mouvement
Avec un style ciselé, tantôt humoristique, tantôt tragique, tantôt glaçant, ce spectacle nous conduit au fil des époques, des croyances, des théories successives dans l’itinéraire des injonctions à l’endroit des femmes. Autrice, metteuse en scène, comédienne, Sarah Pèpe est sur tous les fronts. Mais les sœurs sont là : chorégraphe, danseuses, musicienne, chanteuses, comédiennes participent de cette création. Cette plurivocité des sœurs donne un rythme soutenu à la pièce. Entre respiration et halètement, le drame se déroule. Elles déclament, circulent dans les époques, elles surgissent et disparaissent pour réapparaître métamorphosées. Elles affirment, elles disent, elles nous confient ce qu’elles éprouvent, ce qu’elles veulent et ne veulent pas, ce qu’elles voudraient, ce qu’elles demandent.
Subversive avec justesse, elle interroge ce qu’on absorbe à notre insu. Point de haine, ni de rejet, juste un refus profond de ce qui empêche la liberté de penser, de désirer, de refuser, de décider pour soi. La norme rapetisse bien souvent la richesse en troquant l’homogénéité contre la diversité créatrice, inventive et respectueuse. « C’est combien trop ? » La norme, qui saurait à notre place le calibrage approprié de nos organes, de nos mensurations. La norme qui s’intériorise subtilement, est démasquée et chacun.e peut se surprendre à découvrir ses propres zones d’ombre. La satire se veut légère. Il ne s’agit pas de mettre au bûcher ces hommes savants, qui prétendaient décrypter le corps des femmes à leur place, mais de permettre une lecture subversive de leurs énoncés. Les enjeux sont importants, mais le traitement théâtral conduit à les surplomber avec légèreté : l’approche n’est pas didactique, même si on sent que l’autrice s’est beaucoup documentée sur les questions qu’elle aborde.
La Salpétrière est le point de départ d’une circulation historique/hystérique. Les sœurs sont nombreuses, avant, après, ailleurs, jeunes ou moins jeunes, toutes sont aux prises avec des discours d’emprise, de maîtrise sur leur féminité. Peuvent-elles s’en démarquer, s’en émanciper ? Pour compléter l’aventure, des bords de plateau sont proposés à l’issue de certaines représentations, car ce que vise la Compagnie Vent Debout conduite par Sarah Pèpe, c’est d’ouvrir le débat. Et puisque la sororité n’a pas de frontière, une sculptrice, Cecilia DA MOTA, expose également quelques-unes de ses œuvres.
Daniel Charlemaine 50-50 magazine
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