Brèves Les femmes catholiques en grève pendant le Carême pour dénoncer les inégalités
Cette année, un mouvement inédit voit le jour : les femmes catholiques engagées dans leur paroisse font grève. Leur objectif ? Dénoncer les inégalités femmes-hommes persistantes au sein de l’Église catholique.
Ce mouvement intitulé “Catholic Women Strike” a été initié par l’association américaine Women’s Ordination Conference et est suivi par des associations du monde entier, dont en France le Comité de la Jupe, association féministe catholique.
Le carême, du 5 mars au 12 avril 2025, est pour les catholiques un temps de jeûne, de prière et d’aumône, afin d’entrer plus profondément en relation avec Dieu. Cette année, les femmes jeûnent du sexisme et du patriarcat, afin de connaître plus profondément le Dieu qui a créé tous les êtres humains à son image.
Le travail invisible des femmes dans l’Église
En France, les paroisses fonctionnent en grande partie grâce au travail bénévole des femmes. Elles assurent l’éducation religieuse (catéchèse), animent et préparent les célébrations, prennent en charge l’entretien des églises et participent à la préparation des funérailles. Sans leur engagement, de nombreuses paroisses peineraient à survivre.
Malgré ce rôle central, les femmes sont écartées des prises de décision à tous les niveaux de l’institution catholique, Seul le curé est décisionnaire en sa paroisse et l’évêque en son diocèse : le pouvoir est toujours associé à la fonction de prêtre et donc à la masculinité. Cette discrimination affaiblit l’Église et menace son unité. En 2022, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a d’ailleurs recommandé de renforcer la présence des femmes dans les sphères décisionnelles, à la suite de son rapport sur les violences sexuelles dans l’Église.
Un appel à la grève pour la reconnaissance des femmes dans l’Église
Fatiguées d’être les « grandes oubliées » de l’institution, les femmes catholiques lancent un appel à la grève de leur service bénévole en paroisse. En se retirant temporairement, elles espèrent que leur contribution essentielle sera enfin reconnue. Leur objectif est de souligner l’importance de leur rôle et de provoquer un changement dans les pratiques de l’Église catholique.
Depuis des décennies, les mêmes excuses éculées continuent de tenir les femmes à l’écart des ministères ordonnés (« Pas mûr », « Une plus grande maturation est nécessaire » …) alors que les commissions et les groupes d’étude au Vatican se succèdent sans résultats tangibles. Cette grève symbolique s’adresse aux catholiques qui souhaitent manifester leur déception, leur colère et leur lassitude devant cette lenteur. C’est un appel à l’action : les femmes catholiques n’attendent plus que les hommes ordonnés décident du moment propice pour réformer l’Église.
Lire plus Dossier Des cathos qui ont mauvais genre