Brèves Réaction au verdict du procès de Mazan

En reconnaissant tous les accusés coupables de viol ou tentative de viol aggravés à l’exception d’une requalification, la justice a donné raison à Gisèle Pelicot : la honte peut changer de camp.

Cependant, nous partageons l’incompréhension et la déception face à certaines des peines prononcées, malgré les témoins et les preuves, des peines en dessous des réquisitions pour les faits de viols aggravés.

En refusant le huis clos, Gisèle Pelicot a donné une dimension historique au procès, donnant à voir l’existence du viol conjugal, la banalité des violeurs, et l’étendue de la soumission chimique mais le combat contre l’impunité est loin d’être terminé.

Aujourd’hui, la Fondation des Femmes est aux côtés de Gisèle Pelicot, de sa fille Caroline Darian, et de toutes les victimes de violences sexuelles. La parole des femmes et des enfants ne peut plus être ignorée par la société ni par la justice. Nous pensons à toutes les autres victimes, à celles qui n’ont pas encore pu parler, à celles qui sont ignorées de nos entourages, particulièrement en cette période des fêtes de fin d’année, car rappelons que 91 % des victimes connaissent leur agresseur.

Il est essentiel que chaque victime sache qu’elle sera soutenue. Les femmes victimes de violences conjugales, sexuelles ou victimes d’inceste ne doivent plus être livrées à elles-mêmes. Il est urgent de renforcer les moyens dédiés aux associations spécialisées comme le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV).

Aujourd’hui, 4 femmes sur 10 victimes de violences conjugales ne trouvent pas d’hébergement d’urgence. Cette situation est intolérable et pour cela, la Fondation des Femmes reversera cette année grâce à la générosité de ses donateurs et donatrices plus de 3 millions d’euros à des associations qui œuvrent aux côtés des victimes de violences.

Juger autrement pour faire justice

Pour mettre fin à l’impunité du viol, il est indispensable de repenser en profondeur la manière dont la justice traite les violences sexuelles. Actuellement, 94 % des plaintes sont classées sans suite et souvent le processus judiciaire s’apparente à une revictimisation des personnes. Cela doit changer. Nous demandons, aux côtés de plus de 60 réseaux, ONGs et associations réunies en coalition  une loi intégrale contre les violences sexuelles, qui repense l’ensemble du processus judiciaire et lutte contre la culture du viol. La justice doit enfin se montrer à la hauteur.

Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes : « La société dans son ensemble – police, justice, et politiques – ne peut plus ignorer les victimes. Il est urgent d’adopter une loi-cadre de protection intégrale contre les violences sexuelles et sexistes. Aujourd’hui la honte a changé de camp mais le combat contre l’impunité ne fait que commencer. »

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