Brèves Elle a les yeux grand ouverts. Et nous ?
Toutes les personnes ayant assisté aux audiences du procès des violeurs de Mazan rapportent un fait marquant : quand sont projetées les vidéos des viols infligés à Gisèle Pélicot, alors inconsciente car droguée par son mari, l’homme filmé se cache les yeux pour éviter de se voir en train de pénétrer sexuellement cette femme.
Il en va de même pour Dominique Pélicot, organisateur de ces viols en série. Pendant dix ans, il a « offert » le corps de sa femme à des dizaines d’hommes et les a filmés, avec leur accord, pendant qu’ils perpétraient ces crimes.
Aujourd’hui, ni lui ni eux ne veulent regarder la réalité. Tous détournent la tête, ferment les yeux ou les cachent derrière leurs bras pliés.
Regarder ce qu’ils ont fait est donc pour eux d’une violence insoutenable. Ces hommes ont vu des quantités d’images de films porno. Mais cette fois-ci, ils sont incapables de se confronter à la réalité de leurs actes.
Et nous, voulons-nous voir ? Voulons-nous regarder la réalité en face ?
Dans un rayon de quelques kilomètres autour de Mazan, il s’est trouvé des dizaines d’hommes pour « profiter de l’occasion » d’un mari offrant sa femme à des inconnus. Si on étendait ce rayon de quelques kilomètres à tout le pays, combien d’hommes seraient prêts à violer une femme inconsciente ?
Parmi les hommes qui ont violé Gisèle Pélicot, cinquante et un comparaissent devant la justice et devant une femme qui, elle, ne détourne pas les yeux. Elle a demandé, fermement et malgré les réticences du président du tribunal, que les vidéos, filmées par son mari, des viols qu’elle a subis soient diffusées publiquement lors des audiences. Une décision d’un courage inouï, qui donne une dimension historique au procès de Mazan.
Elle a les yeux grand ouverts. Elle nous demande d’ouvrir les nôtres.