Brèves Procès des viols de Mazan

Faire changer les lois et les mentalités en refusant le huis clos : l’abnégation et le courage de celles qui choisissent de politiser les violences qu’elles ont subies.

L’horreur des faits, la longueur de la procédure, le nombre d’accusés et les questions sous-jacentes font de ce procès une affaire que beaucoup qualifie de “hors normes”. Dominique Pelicot a orchestré pendant plus de 10 ans les viols de Gisèle Pelicot estimant que les liens du mariage faisait de son corps un objet à sa disposition pour satisfaire ses désirs.

En réalité, comme l’a écrit Lola Lafon, il s’agit du “miroir grossissant”* d’une violence malheureusement encore trop peu prise en compte : le viol conjugal. Pourtant, 91% des viols sont commis par des proches des victimes et 50% par le conjoint ou l’ex conjoint.

En lisant les profils des accusés, le monde a ouvert les yeux sur une réalité que les féministes n’ont cessé de pointer du doigt : les violeurs ne sont pas des « monstres » mais des hommes lambdas, sans histoire, de « bons pères de famille »**. Ce qui se lit en creux de ces portraits c’est le caractère commun et banal de chacune de ces vies. Nous n’assistons pas uniquement au procès des 51 hommes présents dans le box des accusés, nous assistons au procès de la domination masculine et de la culture du viol.

En faisait le choix de refuser le huis clot, Gisèle Pelicot, assure que cette fois-ci la société ne puisse pas détourner le regard. Ce n’est pas pour elle, c’est pout toutes les autres qu’elle a fait ce choix. Elle s’inscrit dans la  lignée de femmes exceptionnelles qui, comme elle, ont refusé de fermer les portes du tribunal pour que la honte change de camp.

En assurant la publicité des débats, Gisèle Pelicot permet à la société entière de comprendre la domination patriarcale au sein du couple. Elle ouvre le débat sur le consentement, la soumission chimique, la domination patriarcale… Elle soulève aussi le sujet du rôle des professionnel·les dans la détection des violences. Son acte courageux aura, nous l’espérons, pour conséquence d’enfin faire évoluer les mentalités, les lois et leur application pour une meilleure protection des femmes.

La Fédération nationale Solidarité Femmes salue sa force et souhaite que ce procès historique soit le vecteur de changements significatifs comme l’ont été par le passé d’autres affaires judiciaires comme :

Le procès de Bobigny en 1972 qui fut déterminant pour le droit à l’IVG,
Le procès pour le viol du couple lesbien Araceli Castellano et Anne Tonglet en 1978 qui permis deux ans plus tard de faire évoluer la loi sur le viol
Plus récemment, le procès de Jacqueline Sauvage sur la légitime défense des victimes de violences conjugales en 2014.

Fédération nationale Solidarité Femmes

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