Articles récents \ DÉBATS \ Contributions Procès des viols de Mazan: « Not all men »

 » À partir du moment où son mari est présent, il n’y a pas de viol. “

Depuis deux semaines nous suivons, horrifiés, le procès des viols de Mazan.

Les faits sont connus : une femme droguée pendant plus de 10 ans par son mari et violée par des hommes trouvés sur internet.

Dominique Pelicot est le premier des responsables de ces scènes d’horreur. Comment un homme peut-il être le bourreau de son épouse ?

Mais ce n’est pas le seul protagoniste. Ils sont plus de 70 autres hommes, dont 50 ont été identifiés, à être les acteurs de cette sordide histoire.

Ces hommes, nous aimerions qu’ils soient des monstres dont la vie ou le parcours les prédisposeraient à faire le mal. Ce n’est pas le cas.

Ces hommes sont ce que le patriarcat nous encourage à appeler “des bons pères de famille”.

Ces hommes ce sont des “Monsieur tout le monde” sans histoire et sans historique avec la Justice.

Ces hommes ne vivent pas en dehors de la société. Ils y sont même particulièrement intégrés. Ce sont des pères et des grands pères qui travaillent et sont mariés.

Nous nous attendions à voir des gangsters et ce sont finalement nos pères, nos frères et nos amis qui se retrouvent à la barre de accusés. Nous attendions des monstres. Nous avons face à nous des messieurs bien sous tous rapports.

C’est ce qui fait de ces viols de Mazan non pas un fait divers mais un fait de société.

Car les violences faites aux femmes ont cette particularité : les victimes comme leurs bourreaux sont des gens sans histoire.

Le courage de Gisèle Pelicot doit nous obliger à nous interroger sur ce patriarcat délétère et cette culture du viol qui rend possible l’inexcusable.

C’est cette idée d’inégalité si ancrée qui a permis à 50 hommes de se dire un matin devant leur miroir et après une nuit de viol sous anxiolytiques “ C’est pas si grave. J’avais l’accord de son mari”.

Nous sommes toutes et tous conscient·es que, si, c’est extrêmement grave.

Mais n’oublions pas que ces 50 hommes sont avec nous dans le métro, au bureau ou sur les bancs publics.

Ce procès est aussi, et peut-être surtout, celui de notre société. Cette société chacun·e de nous en fait partie et chacun·e de nous en est comptable. Chacun·e de nous peut la changer.

C’est ensemble que nous devons mettre fin à cette culture du viol et j’espère, sincèrement, que des voix d’hommes, des “Monsieur tout le monde” s’élèveront pour dire : Plus jamais ça.

Mathieu de La Souchère

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