Brèves Le coût d’être aidante

Peut-on aider sans compter? 
80% des aidant.es au foyer sont des femmes
Les femmes paient le plus lourd tribut de l’aidance 

La Fondation des Femmes publie la nouvelle note de son Observatoire de l’émancipation économique des femmes, rédigée par Laure Marchal, en partenariat avec la newsletter ViveS Média. Lancé en 2022 avec le soutien du Crédit Municipal de Paris, l’Observatoire continue son analyse des facteurs de précarité des femmes. Cette nouvelle note s’intéresse aux femmes aidantes et aux obstacles économiques qu’elles rencontrent.

L’aidance est plus lourde de conséquences pour les femmes que pour les hommes   
Dans “
Le coût d’être aidante”, l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes dresse un constat sans appel : pour les femmes, le coût de l’aidance est plus lourd que pour les hommes.

Plus présentes, elles effectuent des tâches plus difficiles (activités domestiques, suivi médical, toilette et habillage) que les hommes – elles sont plus nombreuses à trouver la charge mentale “trop importante”. Surtout, la situation d’aidante a des conséquences fortes sur leur carrière (les aidantes sont 25% à être à temps partiel par obligation vs 10% des salarié.es) quand elle ne les éloigne pas complètement du marché du travail (80% des aidant.es au foyer sont des femmes). Résultat : les conséquences économiques sont lourdes sur le long-terme pour les femmes dont les capacités financières s’amenuisent, et qui le plus souvent ne peuvent bénéficier des aides existantes.

Ainsi, alors que les femmes contribuent financièrement moins que les hommes (240€ par mois en moyenne vs 310€ pour les hommes), cette aide pèse plus sur leur budget et seules 43% jugent cette aide “supportable” (vs 55% des hommes aidants).  A ces écarts s’ajoutent les inégalités économiques persistantes entre femmes et hommes, expliquant le cercle vicieux dans lequel se retrouvent les femmes aidantes – elles compensent par leur investissement personnel le manque de moyens financiers au soutien de la personne aidée – et dont le pouvoir financier des hommes aidants leur permet de s’extirper.
L’étude révèle
la potentielle spirale d’appauvrissement qu’est la situation d’aidance pour les femmes, ajoutant un sacrifice financier au sacrifice de temps et de bien-être.

A travers le prisme de l’aidance, l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes interroge à nouveau la question du travail gratuit des femmes et les conséquences économiques des stéréotypes de genre. La note alerte aussi sur la faiblesse des solutions existantes pour les femmes aidantes face au défi réel du vieillissement de la population. Les femmes sont encore la variable d’ajustement des insuffisances des politiques publiques, au détriment de leur propre émancipation.

Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes :  « L’aidance est devenue une réalité incontournable de la vie des femmes. Mais elle a un coût exorbitant, professionnellement socialement et financièrement mais aussi au niveau de leur santé. Il est urgent d’adopter une perspective féministe de l’aidance : comprendre les difficultés des personnes aidantes sans stigmatiser ni culpabiliser les personnes dépendantes. Alléger le fardeau des femmes par une solidarité nationale plus forte c’est faire advenir la société du lien et du soin à laquelle on aspire.»

Laure Marchal co-autrice de la note : « Les inégalités économiques femmes/hommes semblent exploser soudainement au moment du divorce mais c’est une illusion. Elles n’apparaissent pas subitement dans le couple au moment de la séparation. Elles se construisent et se renforcent tout au long du mariage »

Frédéric Mauget, Directeur général du Crédit Municipal de Paris : « Les premiers travaux de l’Observatoire avaient confirmé ce que nous pressentions : le couple, la maternité, la séparation constituent pour les femmes des facteurs d’appauvrissement. En s’intéressant à la question de l’aide aux proches, cette cinquième note dévoile une nouvelle dimension de leur précarisation, volontiers passée sous silence dans une société où la vision stéréotypée du rôle des femmes prospère encore. Déjà prégnant, le sujet de l’aidance deviendra incontournable dans les années à venir ; sachons écouter les travailleuses de l’ombre et ouvrir pour elles une voie alternative à la précarité.»

Sibylle Le Maire, Directrice exécutive de Bayard, fondatrice de ViveS  : « Aujourd’hui, plus de 11 millions de Français accompagnent au quotidien un proche en situation de dépendance et parmi eux, 6 sur 10 sont des femmes. Indispensables à l’équilibre et à l’harmonie de notre société, leur bien-être représente un enjeu de santé publique. Il faut faire évoluer la figure de l’aidant, reconnaître leur richesse et leur apport mais aussi et surtout les aider à prendre soin des autres sans s’oublier eux-mêmes »

Fondation des Femmes

 

print