Brèves Inégalités salariales. Mettons fin aux inégalités de revenus entre les femmes et les hommes !
Depuis lundi 6 novembre, 11H25, les femmes en France travaillent gratuitement, selon le collectif « Les Glorieuses ».
OSEZ LE FÉMINISME ! tient à rappeler à cette occasion plusieurs indicateurs trop peu relayés.
- En 2023, la France s’est classée seulement au 82ème rang dans la catégorie spécifique à l’écart de revenus entre femmes et hommes, dans le classement des pays en matière d’égalité des sexes effectué par le forum économique mondial. Toute catégorie confondue, nous sommes 40ème, alors qu’en 2022, nous étions 15ième : nous avons fortement régressé cette année. Cette baisse de la France dans le classement du forum économique mondial n’a été que très peu relayée, ce qui est regrettable puisqu’évidemment, elle contraste âprement avec les discours officiels de la classe politique.
- L’INSEE chiffre à 28,5% l’écart de revenus femmes-hommes tout poste et temps de travail confondu. Ce pourcentage est important car il permet de sortir de l’invisibilisation notamment les temps partiels subis, la répartition inégalitaire des tâches domestiques, ou encore l’effet du plafond de verre ; c’est-à-dire les blocages systémiques que rencontrent les femmes lorsqu’elles arrivent à une certaine échelle de responsabilité.
- L’index « égapro » qui sert à noter les entreprises privées en matière d’égalité professionnelle dissimule en réalité les inégalités. Ses modalités de calcul appliquent entre autres, systématiquement un seuil de tolérance de 5 points. Autrement dit, pour une entreprise qui pratique 12% d’écart, on retiendra 7%. En octobre 2023, le gouvernement a annoncé une réforme de cet index. Nous serons vigilantes sur ce projet de réforme, qui est une demande de longue date des associations.
- Dans les trois fonctions publiques, les femmes occupent 42 % des 9 000 emplois de direction, alors qu’elles représentent 63 % des emplois. Elles ne représentent que 22% des 1% des salariés du privé les mieux rémunérés. Pour la première fois depuis 1988, la part des femmes a reculé à l’Assemblée nationale en 2022 : 215 femmes (37,3 %) ont été élues en 2022, contre 224 en 2017 (38,8 %). En 2020, Moins de 20% des maires sont des femmes, et sur les 8 plus grands partis politiques, 7 sont dirigés par des hommes.
- La discrimination basée sur le sexe au travail est amplifiée lorsqu’elle se croise avec d’autres discriminations, tel que le racisme que subissent les femmes racisées. En effet, ces dernières font encore davantage les frais de ces différences de revenus. En France, même si ces écarts ne sont pas « chiffrables » car les statistiques dites « ethniques » sont jugées inconstitutionnelles lorsqu’elles ne sont pas prévues par la loi, il n’en demeure pas moins une réalité, comme le souligne Carmen Diop, sociologue sur les questions de genre dans le milieu du travail.
À l’image de l’Islande qui a organisé une grande grève le 24 octobre dernier, à l’appel de plusieurs dizaines d’organisations, nous appelons les associations et les syndicats à organiser ce type d’actions pour protester contre les écarts de rémunération.
Comme l’écrivait déjà Gisèle Halimi en 2005 : « les syndicats ont une position… bien sûr ils revendiquent l’égalité des salaires, mais ils n’ont jamais décidé d’une action radicale, jamais une grève par exemple sur le seul mot d’ordre : égalité professionnelle pour les femmes ».