Brèves Le 3919 en 2021 : faits marquants et constats alarmants

Comme chaque année à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, la Fédération nationale Solidarité Femmes analyse les données du 3919, Violences Femmes Info, la ligne nationale d’écoute pour les victimes de violences sexistes, en particulier conjugales. Retour sur les chiffres clés du rapport publié ce matin.

2 fois plus d’appels pris en charge comparé à 2017

Le 3919 est une ligne d’écoute très utilisée par les victimes. En 2021, Solidarité Femmes avec l’équipe de la ligne d’écoute nationale 3919 Violences Femmes Info, a pris en charge 92 674 appels soit + 14% comparé à 2019. Une diminution par rapport à l’année 2020, exceptionnelle car marquée par la période de confinement, mais une forte augmentation par rapport à 2019.

Le passage 24h/24 et 7j/7

Avec l’ouverture 24h/24 et 7j/7 fin juin 2021, le trafic d’appels se situe entre 10 000 et 12 000 appels mensuels. 85% de l’activité du 3919 est réalisé sur les horaires de journée entre 9h à 22h. Les appels de nuit de 23h à 7h représentent près de 9% des appels. Depuis le mouvement #MeToo, en 2017, le Grenelle en 2019, la crise sanitaire Covid-19 de 2020, le passage au 24h/7j en 2021, la croissance des appels reste toujours soutenue.

50 931 appels concernent les violences à l’encontre des femmes soit + 13 % comparé à 2019 (+ 5 993 appels). La majorité des appels concernent les violences conjugales soit 92%. Dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’une femme victime, et d’un homme auteur de violences. Et dans 70% des situations, ce sont les femmes concernées qui appellent. Pour 80% les femmes appellent pour la première fois le 3919.

Autres données statistiques à retenir sur le 3919
  • Les franciliennes sollicitent le plus le 3919 !
    – Ile de France : 26,5%
    – Auvergne Rhône-Alpes : 11%
    – Occitanie, Paca et Hauts-de-France : 9%
  • Quelques données sur la situation socio-démographique des victimes :
    – 48% ont entre 20 et 39 ans- 50% d’entre elles ont un emploi (-3 points)
    – 37% des victimes sont mariées et 28% en concubinage.
    – 77% ont au moins un enfant
    – 72% des situations les violences sont commises par leur partenaire régulier
    – 64% des victimes résident avec le partenaire violent.
    – 56% des victimes veulent quitter le domicile conjugal.
  • 6 types de violences conjugales constatés :

 

 

 

 

Une augmentation des violences sexuelles (hors violences conjugales), surtout la nuit

Hors situations de violences conjugales, les appels pour dénoncer des violences sont en augmentation conséquente, en particulier la nuit : 3501 appels sur l’année (soit +72% / 2019 et +58% / 2020). 63% des appels violences sexuelles hors couple l’ont été au second semestre 2021, date de l’ouverture H24 et la nuit.

Des constats alarmants pour les violences conjugales

La FNSF constate une aggravation : viols conjugaux, menaces de mort, tentatives de féminicide et des agresseurs récidivistes, dangereux et dans l’impunité.

  • Violences sexuelles : 11% femmes ont déclaré des violences sexuelles par le conjoint ou ex (+47% /2020), 60% d’entre elles pour viol conjugal.
  • Tentatives de féminicide : Pour les violences physiques, 1 femme sur 10 déclare une tentative d’étouffement ou de strangulation et 367 une tentative de meurtre ou de défenestration
  • Maltraitances directes sur les enfants : Augmentation des maltraitances directes sur les enfants dans les situations de violences conjugales : 36% (+5 points / 2020) sur les 21121 enfants concernés. 98% des femmes indiquent qu’ils sont exposés aux violences et donc co-victimes
  • Des agresseurs récidivistes, dangereux et dans l’impunité : Dans 2 163 situations où les femmes décrivent des antécédents de violences chez l’agresseur, il s’agit de violences sur une précédente compagne (54%). 73 crimes (dont 28 meurtres et 49 viols) antérieurs à la relation sont décrits. Et 438 victimes déclarent des antécédents de violences sur enfant.
Focus sur les violences économiques

Les violences économiques sont en augmentation de 6% en 2021. La FNSF constate en même temps un recul de 3 points pour l’emploi des femmes /2020 : 50% des victimes seulement ont un emploi pour 70% soit près de 3/4 des auteurs de violences. Cet écart est 3 fois plus important au 3919 que dans la population générale. Une des hypothèses étant une plus forte précarisation des femmes à l’issue de la période Covid qui a fragilisé leur situation professionnelle.

22% des victimes sont sans emploi (inactive ou au foyer) pour 10% des agresseurs (+1 point/2020). Lorsque les données concernant les ressources sont disponibles, dans plus d’une situation sur dix les victimes dépendent financièrement du partenaire violent. Les violences économiques sont déclarées à + de 50% lors des Mises en sécurité par éloignement géographique pour des femmes en grave danger.

La crise financière a fragilisé la situation professionnelle des femmes victimes de ces situations d’inégalités professionnelles entraînent, pour les femmes victimes, des violences économiques : chantage économique (52%), non-participation aux charges et contrôle des dépenses (41%), dépossession des ressources financières (18%) allant jusqu’à l’ordre intimé par l’auteur de violences de ne pas exercer une activité professionnelle, pour certaines.

Le plaidoyer comme solution à ces situations inquiétantes

La FNSF rappelle son plaidoyer élaboré pour les élections de 2022 et insiste sur :

  • la création de juridictions spécialisées, dotées de moyens, en matière de violences sexistes indispensables pour améliorer le parcours judiciaire des femmes, accélérer leur protection et mieux articuler les procédures pénales et civiles. Ces juridictions permettraient de mieux lutter contre l’impunité des agresseurs
  • la meilleure prise en compte des violences conjugales dans les décisions concernant l’autorité parentale avec l’attribution de l’exercice exclusif de l’autorité parentale à la victime et la suspension des droits de visite et d’hébergement de l’auteur des violences
  • la lutte contre la précarisation des femmes victimes de violences, y compris après la séparation.

Solidarité Femmes

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