Brèves Une sculptrice nommée Alicia Moï-Orban
La sculptrice Alicia Moï-Orban nous a quittés le 17 mai 2022, à quelques semaines de son centième anniversaire.
À l’heure où les femmes artistes sont mises à l’honneur, le parcours atypique d’Alicia Moï mérite d’être redécouvert.
Monique Orban naît à Reims, le 29 juillet 1922. Elle débute le modelage à Paris à l’âge de vingt ans, en suivant les cours de l’Académie de la Grande Chaumière, sous la direction des professeurs Charles Despiau et Robert Wlérick.
Elle s’éloigne alors de la sculpture pour intégrer le cours Simon, avec pour camarades Michel Piccoli et Danièle Delorme. Elle jouera entre autres dans « Un tramway nommé désir » avec Madeleine Robinson en 1950, un an avant la sortie du film d’Elia Kazan. Elle tournera ensuite quelques films en France et en Italie.
En 1957, elle reprend la sculpture dans les ateliers du sculpteur André Del Debbio, impasse Ronsin. Dans cette cité d’artistes du XVe arrondissement, elle croise entre autres Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle.
À cette même époque, elle s’installe dans l’ancien atelier du peintre Zao Wou-Ki, rue du Moulin-Vert, dans le XIVème arrondissement, côtoyant Alberto et Diego Giacometti qui sont ses voisins.
Travaillant la pierre en taille directe, à la massette ou au marteau-piqueur, elle crée alors ce qu’elle nomme des « micro-sculptures monumentales ». Ainsi, elle imagine des formes abstraites qui deviennent des bijoux, et parfois des sculptures de plusieurs mètres de haut. Mais pour Alicia, toutes auraient eu vocation à devenir des immeubles de plusieurs étages.
Plusieurs de ses œuvres seront installées dans des villes de banlieue parisienne (Rosny, Yerres, Massy…), commandées par la Caisse des dépôts. Il s’agit d’œuvres symbolistes, aux titres évocateurs : « Précarité solaire », « Oiseau solaire », ou « Soleil d’Apocalypse ». Sa « Main solaire » de quatre mètres de haut est installée à Super-Besse depuis 1966.
André Malraux, découvrant l’une de ses sculptures monumentales au Salon des Artistes Décorateurs en 1965 lui dira : « C’est un beau rêve.. »
Après le décès d’Alberto Giacometti, elle devient très proche de son frère Diego jusqu’au décès de celui-ci en 1985. Dans les années 70 et 80, elle crée du mobilier (tables, tabourets, lampes), mais aussi des arts de la table (coupes, bol et baguette en argent massif).
Ces dernières années, on avait pu admirer quelques-unes de ses œuvres à Art Basel (2015), exposées aux côtés de celles de Charlotte Perriand, Jean Prouvé et Isamu Noguchi, ou au musée Tinguely de Bâle, en 2021, dans le cadre d’une exposition consacrée à la cité d’artistes de l’impasse Ronsin.