Articles récents \ France \ Société Théo Bourrieau : « La contraception masculine reste un sujet peu traité, non seulement par les médias, mais aussi par la science »
Théo Bourrieau, un jeune diplômé en journalisme, s’est lancé dans la conception d’un podcast sur la contraception masculine. Il a recueilli les témoignages d’une dizaine de personnes aux profils variés pour parler des attentes et des enjeux politiques de cette contraception encore trop peu développée.
Pourquoi avoir choisi le sujet de la contraception masculine pour faire un podcast ?
J’ai toujours été très intéressé par la cause féministe mais, étant un homme cis blanc hétérosexuel, je ne voyais pas vraiment ma légitimité dans beaucoup de débats autour de ce mouvement. Quand nous avons commencé à parler contraception avec ma copine, nous nous sommes rendu·es compte que nous n’étions pas très renseigné·es sur la contraception masculine. Toutes les options qui nous venaient naturellement en tête étaient de la contraception féminine. Nous avons donc fait quelques recherches. Là, j’ai très vite compris que je pouvais faire quelque chose de tous ces questionnements grâce à ma formation de journaliste. Ce podcast est donc parti de quelque chose de très personnel. Les recherches étaient, de base, pour mon couple. J’avais donc enfin un sujet aux enjeux féministes certains où ma voix pouvait apporter quelque chose.
Comment a été le processus de production ?
Ce podcast est le fruit de beaucoup de recherches. Les informations étaient parfois difficiles à trouver mais j’ai beaucoup aimé me perdre dans les archives de l’INA. J’ai créé le jingle grâce à quelques pépites que j’y ai trouvées : “ Jamais. Je ne veux pas. Parce que l’homme il doit rester homme toute la vie ! ”, “ C’est certain, ça libérera la femme. Seulement, jusqu’à quel point ça la libérera ? Après, il ne faut pas que ça la libère trop non plus parce que… ” ou encore “ N’existe-t-il encore rien pour les hommes ? ”. Toutes ces citations viennent de vieilles émissions et pourtant je sens que rien n’a encore bougé, que le stigma est encore bien présent.
Comment le podcast a-t-il été reçu ?
Jusqu’ici j’ai eu la chance de ne recevoir que des retours positifs. Cependant, en fonction des âges, on ne me dit pas du tout la même chose. De la part des quarantenaires et plus, je reçois surtout des félicitations sur l’originalité du projet. Elles/ils me disent presque tou·tes qu’elles/ils n’ont jamais entendu parler d’une contraception masculine. La plupart me disent même ne jamais y avoir vraiment pensé. Chez les plus jeunes, entre 20 et 30 ans, ce n’est clairement pas pareil. Elles/ils me disent surtout que c’est important d’en parler. La jeunesse souligne que depuis un ou deux ans, c’est un sujet présent dans leurs sphères mais qu’il y a encore beaucoup de zones d’ombre. En soi, c’est une bonne chose, mais je trouve tout de même cela inquiétant. Entre les années 80, quand on a commencé à en parler, et aujourd’hui, il n’y a pas grand chose qui a bougé. La contraception masculine reste un sujet peu traité, non seulement par les médias, mais aussi par la science.
Propos recueillis par Eva Mordacq 50-50 Magazine
Les cinq épisodes du podcast sont à retrouver sur Soundcloud.
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