Articles récents \ Monde \ Asie POUR AIDER LES AFGHANES, FAITES TOUT CE QUI EST EN VOTRE POUVOIR !
C’est l’appel au secours lancé par la réfugiée politique, Shoukria Haidar, la présidente de l’association, Negar, à la communauté internationale pour faire pression auprès des talibans afin de les contraindre à négocier et à respecter l’égalité femmes/hommes inscrite dans la constitution afghane. Créée en 1996, Negar a développé des programmes d’éducation avec principalement la construction de collèges et lycées, de complexes sportifs à destination des filles ou encore la remise à niveau des professeures, privées d’enseignement sous le premier régime des talibans entre 1996 et 2001 où les filles avaient interdiction de fréquenter l’école.
Aujourd’hui, les talibans se sont installés dans ces mêmes établissements ou les ont purement et simplement détruits. Shoukria Haidar se bat depuis l’âge de 23 ans pour les droits des Afghanes. Elle a commencé sa quête pour l’égalité en 1980. A 63 ans, ce petit bout de femme continue, plus déterminée que jamais son combat car « on touche le fond de l’océan » (1).
En effet, pendant que le monde entier a les yeux rivés sur la guerre en Ukraine, d’autres terroristes avancent leurs pions contre les droits humains dans un pays en pleine déroute économique. Les Afghans et plus particulièrement les Afghanes se voient déposséder petit à petit de leurs libertés fondamentales dans l’indifférence internationale la plus totale. Depuis qu’en août dernier les talibans ont pris le pouvoir avec le soutien du Pakistan et en amont avec celui des USA et de l’ONU, des mesures ont été prises à l’encontre des femmes après avoir au préalable arraché les affiches publicitaires de leurs visages collées sur les murs ou décapité la tête de mannequins en vitrine.
Une longue liste d’interdictions
L’enseignement n’est plus accessible aux filles de plus de 12 ans. Les femmes ont interdiction de travailler, de conduire, de se rendre dans des lieux culturels, de sortir seules et dernier décret en date, elles doivent s’invisibiliser sous un voile intégral afin de disparaître du regard des hommes. Pour l’instant, les talibans leur demandent de le porter…. mais pour l’instant… Car à terme, si une femme ne disparait pas du champ de vision des hommes, son propriétaire, en l’occurrence le mari ou le père risque, dans un premier temps, un avertissement puis la menace de trois jours de prison et enfin la poursuite en justice si leur esclave continue de désobéir au chef de famille. Un moyen indirect et vicieux de répression auprès des maris ou des pères qui ne feraient pas respecter cette mesure au sein de leur famille.
Dès l’avènement de ces terroristes il y a neuf mois, certaines femmes ont réussi à fuir l’Afghanistan et quelques-unes ont préféré se suicider afin d’éviter les mariages forcés. Des familles ont vendu leur fille pour s’économiser une bouche à nourrir dans un pays où la famine est de retour et où la vie d’une femme ne vaut rien. Rappelez-vous cette fillette de 9 ans cédée pour 1900 € par son père en novembre dernier à son futur mari, un pédophile de 55 ans, et qui avait ému la sphère internationale ? Ce trafic d’enfants et de femmes a repris de plus belle au même titre que le trafic de drogue et d’organes. Un marché juteux qui rapporte beaucoup d’argent.
Cependant, des courageuses combattent et crient haut et fort leurs désaccords sur la mainmise de leurs libertés difficilement acquises les décennies précédentes. Elles ont 20 ans, 40 ans, 60 ans ou 80 ans et elles manifestent à visage découvert contre le voile intégral, hébergent les femmes violentées, enseignent aux filles de plus de 12 ans dans des écoles clandestines, utilisent les réseaux sociaux pour dénoncer leur quotidien et manifester leurs craintes. Pour chacun de leurs actes, elles risquent des représailles. » Heureusement que le pays est grand et qu’il est impossible pour l’armée des talibans de sanctionner toutes ces résistantes. Néanmoins, à chaque action, elles risquent la prison et la torture voire la mort » rappelle la présidente de l’association Nedar. Shoukria Haïdar en sait quelque chose. Elle y a échappé à plusieurs reprises lors de ses nombreux séjours dans son pays : « ces femmes sont en danger, il faut impérativement les aider en ne reconnaissant pas le régime taliban et en mettant la pression sur la communauté internationale pour qu’elle réagisse. «
A la question, mais pourquoi les talibans haïssent-ils autant les femmes ? La combattante aux cheveux courts et aux yeux noirs explique : « Pour eux, gagner contre la culture occidentale, c’est retirer le droit des femmes. Également, ils ne veulent pas d’une force intellectuelle, leur objectif étant de maintenir l’Afghanistan dans la misère dans toute l’acception du terme. Retirer les droits aux femmes, c’est aussi soumettre les hommes à la soi-disant culture afghane. Les femmes sont maintenues dans la pauvreté car en les retirant du marché du travail, elles ne peuvent plus exercer d’activité et donc apporter un revenu à la famille ou s’émanciper financièrement. Dans la région du Panshi où il existe une véritable poche de résistance, les talibans massacrent aussi bien les hommes que les femmes. C’est un génocide et tout le monde ferme les yeux ! Il y a une volonté de déstabiliser cette région de l’Asie centrale. En ce moment, des soldats sont formés pour aller se faire exploser. La communauté internationale doit réagir avant qu’il ne soit trop tard .«
Alors comment faire pour aider ce peuple abandonné aux mains de ces terroristes ? Shoukria Haïdar, en lien avec de nombreuses associations féministes internationales, proposera, comme il y a 25 ans sous le premier régime des talibans, de récolter, courant juillet prochain, plus de 3 millions de signatures sous la forme d’une pétition afin de faire pression auprès des instances internationales et d’obliger les talibans à respecter les droits fondamentaux des femmes inscrits dans la constitution afghane depuis 2004.
En attendant et pour sauver des vies, il s’agit de parler d’elles et comme disent les résistantes Afghanes, » notre voix est notre arme « .
Laurence Dionigi 50-50 Magazine
1 Propos recueillis lors de la conférence-projection organisée par l’Assemblée des Femmes à Nice le 16 mai 2022 en présence de Shoukria Haïdar.
Associations de soutien aux Afghan.es : Negar-Soutien aux femmes afghanes (Negar signifie en afghan Bien-aimée et élue), Afghanistan libre, Amitiés Mères Afghanes, Enfant d’Afghanistan et d’ailleurs.
Lire plus : Shoukria Haidar : « Les Afghanes me disent nous ne céderons pas, nous ne voulons pas perdre nos droits »
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