Brèves Combien de scandales faudra-t-il encore ?
Nul ne l’ignore, la guerre en Ukraine est là depuis huit ans. Il y a deux ans, la pandémie avec les images de ces bébés bloqués en Ukraine a révélé le vrai visage de la GPA au monde entier. L’opinion publique s’en est offusquée, des officiels ukrainiens ont envisagé d’y mettre bon ordre. Pourtant, rien ne s’est passé, aucune mesure n’a été prise, le marché n’a jamais été aussi florissant avec 3000 à 5000 enfants produits par an pour des clients américains, allemands, canadiens, argentins, français, espagnols…, vos voisins peut-être.
Aujourd’hui, l’invasion du territoire ukrainien n’épargne personne, ni les mères porteuses ni les enfants nés de GPA, et de nouveau, la sordide et inhumaine réalité de la GPA nous saute au visage. Soucieux de récupérer leur « bien » par tous moyens sans considération pour les mères abandonnées à leur sort dans un pays en guerre, des parents commanditaires arrogants, s’emparent de l’enfant à peine né, imposent des accouchements anticipés … Les agences ne sont pas en reste qui font évacuer en catimini des embryons et du matériel génétique à l’étranger, livrent les nouveaux nés aux frontières, organisent la mise à disposition des mères porteuses dans les pays limitrophes, Roumanie, Pologne, voire dans le propre pays de leurs clients, les déplacent loin de Kiev et loin de leurs familles, leur interdisent d’entrer en relation avec les commanditaires ou les somment de rentrer en Ukraine si elles se sont réfugiées ailleurs, sans doute pour ne pas perdre la manne financière qu’elles leurs procurent.
L’image des nouveaux nés dans le bunker organisé par l’agence ukrainienne Biotexcom a fait le tour de la planète, avec des bébés âgés de cinq ou six mois, nés bien avant février 2022 et oubliés par les clients. Bref, combien d’enfants sans mère, abandonnés ou victimes de trafic dans ce chaos, combien de mères porteuses aux abois, en total désarroi. Ce scandale en rappelle bien d’autres, comme celui de 2015 au Népal, où des mères porteuses étaient abandonnées sur le tarmac de l’aéroport tandis que des avions, dans un pays dévasté par un tremblement de terre, emportaient les « parents d’intention » vers leurs pays, les nouveau-nés dans les bras.
Et les États ? Certains, comme l’Irlande et la Grande Bretagne, sous la pression des commanditaires et en faisant fi de leurs propres lois sur l’immigration, proposent d’exfiltrer les mères porteuses et de les accueillir de façon irrégulière sur leur territoire ; d’autres, comme l’Espagne et la France, ferment les yeux sur ces arrivées de mères porteuses ukrainiennes et de nouveau-nés sans identité, trafiqués. Des déplacements d’êtres humains qui relèvent de la traite humaine. Ainsi voyons-nous des États, pour avoir fermé les yeux, laissé se développer, même encouragé indirectement ce marché mondialisé de l’humain qu’est la GPA, recourir à de tels stratagèmes en faveur de leurs citoyens titulaires de contrats de GPA.
Cette crise n’est pas la dernière, la situation actuelle en Ukraine qui se déroule sous nos yeux n’en est que le révélateur. En Asie, des pays qui avaient fermé leurs frontières à la GPA projettent de les rouvrir, comme la Thaïlande, qui y voit une source de devises, ou le Cambodge, de l’initiative même du président du comité contre la traite de personnes et ministre de l’Intérieur. En Amérique du Sud, cinq pays envisagent de l’organiser sur leur territoire, la mafia ne s’y est pas trompée qui investit cette activité si lucrative. Et en Europe, combien oublient que la GPA y fut interdite dans la plupart des pays au nom de la dignité humaine, valeur qui cimente notre pacte européen.
Combien de crises, combien de scandales, combien de mères porteuses sacrifiées, combien d’enfants achetés, vendus, trafiqués, abandonnés faudra-t-il encore avant que des gouvernements assez courageux se mobilisent pour avancer vers l’abolition mondiale de cette pratique déshumanisante ?