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Le harcélement de rue et l’insécurité féminine dans les espaces publics sont des problèmes centraux à la lutte contre les violences machistes. Pour y faire face, la Fondation des Femmes propose une formation novatrice qui permet d’agir en toute sécurité : Stand Up.
Le harcèlement de rue est un des symptômes du sexisme et de la misogynie qui fait que la rue, comme tous les espaces publics, appartiennent aux hommes. Pour les emprunter, les femmes doivent accepter les risques de se faire siffler, d’être objectifiées ou même agressées. Elles doivent se plier aux règles vestimentaires strictes et trouver le juste milieu entre « avoir l’air négligée » et « avoir l’air d’une pute». La réappropriation des lieux publics est donc l’une des luttes au cœur du féminisme. La formation Stand Up est née d’une constatation simple : 81% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement dans un lieu public et seules 20% d’entre elles ont reçu de l’aide de la part des témoins. Bien qu’il y ait plus de risques d’être victime de harcèlement de rue pour les femmes que pour les hommes, n’importe qui peut en être témoin; donc n’importe qui doit être en capacité de réagir. C’est pourquoi les femmes comme les hommes sont encouragés à participer à la formation de la Fondation des Femmes.
Tout droit venue des États-Unis, la formation a été imaginée par l’association Hollà Back. Pour être facilement retenus, les principaux conseils se nomment les 5D : distraire, déléguer, diriger, documenter et dialoguer.
Exemple : un frotteur agresse une femme dans le bus.
Distraire
Je vais voir la victime pour lui demander à quel arrêt nous sommes. Cette stratégie permet de briser la dynamique oppressante et de montrer à la victime qu’elle n’est pas seule. Elle a une forme très discrète et détachée et permet donc de ne pas se mettre en danger.
Déléguer
Je vais voir le conducteur au prochain arrêt pour l’informer du problème et je le laisse aller parler à l’agresseur. Il peut lui dire d’arrêter ou même de descendre. Cela permet de mettre la responsabilité dans les mains d’une autorité reconnue. Ce peut être un·e policier·e ou même un·e serveuse/serveur dans un bar, elles/ils se verront forcé·es de réagir une fois que la demande leur aura été faite. C’est leur responsabilité une fois qu’elles/ils sont mis·es au courant.
Diriger
Je me lève en regardant fixement le harceleur tout en lui disant clairement d’arrêter d’importuner la femme : « Arrêtez ça. Laissez-la tranquille maintenant« . Cette technique, bien plus directe et donc parfois plus risquée, consiste à prendre la parole ouvertement. Sa nature publique et autoritaire fait que le problème ne peut plus être ignoré par les autres témoins et brise la dynamique de silence que l’agresseur avait installé.
Documenter
Je sors mon téléphone et prends des photos / vidéos / notes discrètement pour réunir des preuves. Quand la victime descend du bus, je la suis pour lui proposer de les lui envoyer. Ainsi, si elle décide de porter plainte, ces éléments pourront lui servir de preuves. Ces documents peuvent être utiles pour la suite des événements. La victime se sent épaulée et peut prendre une décision. Il ne faut pas les publier sur Internet ou les transmettre à la police sans l’accord de la victime, qui peut ne plus vouloir en entendre parler, être une personne sans papiers, etc…ça doit rester sa décision.
Dialoguer
Elle descend à l’arrêt suivant et je la suis. Je l’interpelle pour lui dire que j’ai tout vu. Je lui demande si elle va bien, si elle veut parler de ce qui s’est passé et si elle a besoin d’aide. Cette stratégie est souvent choisie quand on ne se sent pas capable de réagir sur le coup. Cela peut aider la victime à réaliser ce qui lui est arrivé et à se sentir en sécurité.
Plus de 700 000 personnes se sont déjà formées avec Stand Up. Des dates de formations en ligne (environ 1h sur Zoom) sont souvent ajoutées mais si aucune ne vous convient, il est possible d’organiser une journée de formation en présentiel dans votre entreprise ou votre école, en écrivant à l’adresse mail standup@fondationdesfemmes.org.
Eva Mordacq 50-50 Magazine