Brèves Les politiques étrangères féministes s’invitent dans la campagne présidentielle
Plusieurs États, dont la France, se revendiquent d’une “diplomatie féministe”. Des opportunités se profilent cette année pour transformer ce concept en de véritables politiques étrangères féministes. Equipop et ses partenaires ont mis en place un train de rencontres et d’interpellations pour imposer cet enjeu dans la campagne présidentielle.
Les politiques étrangères féministes sont indispensables pour faire advenir l’égalité de genre dans le monde. Elles impliquent une refonte des relations internationales.
Le Haut Conseil à l’Égalité estime qu’une politique “ne peut être qualifiée de féministe que si elle cherche à modifier de manière durable, voire à abolir les structures inégalitaires du pouvoir patriarcal (changement de paradigme, changement de culture institutionnelle) et qu’elle s’inscrit dans la durée” (voir le rapport complet).
La Suède avait inauguré cette approche en 2014, suivie par le Canada, en s’appuyant sur trois axes : la promotion des droits, le niveau de ressources dédiées et la représentation politique. En France, Marlène Schiappa et Jean-Yves Le Drian annonçaient en 2019 l’adoption de la “diplomatie féministe” française. Le gouvernement français a alors pris plusieurs initiatives, dont l’organisation du Forum Génération Égalité et le pilotage de la coalition d’action sur les droits sexuels et reproductifs, la création du Fonds de solidarité pour les organisations féministes. La loi “développement solidaire” d’août 2021 consacre la “diplomatie féministe” dans son article premier. Il reste cependant beaucoup à faire sur les plans financier et politique. Aujourd’hui, les moyens alloués à cette diplomatie féministe, tant dans les projets de solidarité internationale que dans la formation des administrations publiques, sont insuffisants. La France est encore très souvent représentée par des hommes dans les processus de très haut niveau. De plus, il n’existe toujours pas de cadre de référence officiel pour définir une véritable politique étrangère féministe, qui constituerait une approche beaucoup plus pertinente que la simple “diplomatie”.
La France préside jusqu’au 30 juin le conseil de l’Union européenne. Le contexte européen est particulièrement propice à l’établissement de politiques étrangères féministes. Avec entre autres l’élection d’Ursula Von der Leyen à la Commission européenne, la nomination de cinq femmes de moins de 35 ans au gouvernement finlandais, la place des femmes en politique se renforce. Enfin, ces derniers mois, l’Espagne et l’Allemagne ont aussi annoncé leur intention de conduire une politique étrangère féministe.
“ Le contexte est particulièrement propice à la formalisation d’une politique étrangère française véritablement féministe. Or, à l’heure actuelle, le sujet reste absent des débats. Il faut que les candidat·e·s et leurs équipes s’emparent de cet enjeu et en fassent un marqueur fort de la campagne. Nous leur demandons de définir leur vision d’une politique étrangère féministe pour la France pour le prochain quinquennat. ”
Pour faire bouger les lignes dans ce sens, Equipop rencontre actuellement les différentes équipes de campagne pour les interpeller, et co-organise deux événements :
- Le 2 mars, Equipop contribue à l’organisation de l’évènement du HCEfh (Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes) “Pour une Europe féministe : Quels enjeux à l’heure de la Présidence française de l’Union européenne ?”, qui réunit des activistes féministes, des représentant·e·s d’institutions européennes et des personnalités politiques telles que Helena Dalli, commissaire européenne à l’Égalité, Ann Linde, ministre des Affaires étrangères de la Suède, et Delphine O, Ambassadrice de la France pour l’Egalité.
- Le 5 mars, le Train pour l’égalité s’arrête à Strasbourg. Lors de cette escale, Equipop organisera un évènement “Pour une politique étrangère véritablement féministe” avec Oxfam, CARE France, Le Planning Familial, ONE. L’occasion de faire le bilan du quinquennat Macron sur le volet international et de partager les recommandations des associations pour le futur gouvernement. Cet événement s’inscrit dans le parcours du Train pour l’égalité, organisé par la Fondation des Femmes, en partenariat avec le Planning Familial, CIDFF, Solidarité Femmes et Force Femmes. Ce train sillonnera la France jusqu’au 7 mars pour faire entendre les 10 mesures d’urgence réclamées par des associations féministes françaises. Inscriptions en ligne.