Articles récents \ Culture \ Musique Alessandra Vittini : «Un jour je me suis dit, oui, cheffe d’orchestre, ça peut être un métier de femme !»
Alessandra Vittini est une musicienne rare, une cheffe d’orchestre. Après avoir été cantatrice, elle devient cheffe d’orchestre, malgré les nombreux obstacles liés à son genre. Elle crée son propre orchestre composé de 70 musicien·nes. Elle dirigera son orchestre le 25 novembre prochain au théâtre des Champs Elysées.
Quel est votre parcours ?
J’avais des parents qui voulaient que j’ai une éducation musicale, donc je suis passée d’abord par l’étude du piano, la danse classique et parallèlement le chant, toutes ces expériences m’ont poussée naturellement vers la direction d’orchestre.
À l’âge de 12 ans, j’ai commencé à chanter dans les églises … Je chantais pour les enterrements, pour les mariages … Ensuite poussée par le curé de l’église, j’ai fait le conservatoire supérieur de musique de Paris, à ce moment là j’avais 16 ans. Et à 19 ans, j’ai commencé à travailler sur scène en tant que cantatrice.
Depuis très longtemps, j’avais envie de travailler avec les musicien·nes. C’est à dire ne faire qu’un avec l’orchestre. Je pensais donc à la direction d’orchestre bien sûr. J’avais été prise en main par François Doublier qui est un talentueux pianiste. Il n’était pas prêt à ce que je quitte le monde de l’opéra pour me lancer dans la direction. Partout autour de moi j’entendais que le métier de chef d’orchestre n’était pas un métier de femmes. Mais un jour, je me suis dit, oui, cheffe d’orchestre, ça peut être un métier de femme ! J’ai étudié la direction d’orchestre cela fait maintenant 13 ans. J’ai commencé par une formation d’orchestre de chambre et petit à petit, je suis arrivée à une formation symphonique.
Durant votre parcours, avez-vous été victime de sexisme ?
On va dire que ça commence déjà à l’école alors … (rires) dans la cour de récrée on se bat avec des garçons.
Il m’est arrivé quelques mésaventures, qui m’ont choquée mais pas traumatisée, pour exemple, j’avais passé une audition pour le rôle de Mélisande de l’opéra Pelléas et Mélisande de Debussy. On me téléphone pour m’avertir que j’ai été choisie pour le rôle de Mélisande et que je devais rencontrer le chef d’orchestre, je suis très heureuse. Donc je me rends chez lui, j’ai droit au thé, aux petits gâteaux, et puis comme le service était raffiné, les gâteaux était accompagnés de petites fourchettes, tout se passait très bien et nous parlions du rôle. J’étais assise sur un canapé et d’un seul coup, je me retrouve par terre, le chef d’orchestre sur moi. … Je suis très étonnée mais je veux me défendre ! Je vois cette petite fourchette, je la prends et je pique de toutes mes forces ce monsieur qui saute en l’air en criant que je suis folle ! Je me suis relevée et je suis partie, dignement. Je n’ai pas ressenti cette histoire comme un drame, j’avais 25 ans, j’étais déjà une femme. Si cela arrive à une jeune fille, je pense qu’elle peut être traumatisée et déçue.
Dirigez-vous des orchestres en dehors de la France ?
Oui bien sûr. Mais réunir un orchestre de 70 musicien·nes, cela impose de trouver des sponsors et des mécènes et cela peut parfois être long … La question financière, est un véritable casse-tête.
Qu’est ce qu’être chef·fe d’orchestre pour vous ?
Un·e chef·fe d’orchestre transmet sa vision de l’œuvre qu’elle/il joue.
Est-ce que vous pensez que les cheffes d’orchestre sont suffisamment médiatisées ?
Peut-être que maintenant on parle plus des femmes. il y a 13 ans, c’était plus difficile ! Il y a 54 femmes cheffes d’orchestre dans le monde. Combien y a-t-il de chefs d’orchestre homme ?
De toute façon, en dehors de la question femme / homme, il est extrêmement difficile pour un·e chef·fe d’arriver à trouver sa place
Quel est votre prochain concert ?
Nous préparons une grande tournée en Allemagne. Et tout dépendra des sponsors que je vais obtenir !
Parlez-nous du concert du 25 novembre au théâtre des Champs Elysées !
Le 25 novembre, c’est un programme Mozart avec la symphonie Jupiter et le concerto n°20 pour piano et orchestre interprété par François Doublier. Si vous aimez Mozart, il faut venir nombreuses/ nombreux !
Le théâtre des Champs-Élysées est une salle mythique ! Ce concert sert aussi à promouvoir le CD que nous venons d’enregistrer ! Un CD consacré à Mozart !
Et puis il y aura une surprise après le concert ! Quelque chose d’inattendue …
Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 Magazine