Articles récents \ Île de France \ Société CRIPS : Comment éduquer les jeunes à la sexualité ?

Le Crips (Centre Régional d’Information et de Prévention du sida et pour la Santé des jeunes) est une association déclarée d’intérêt général et organisme associé de la région Île-de-France. C’est un·e actrice/acteur reconnu en matière de prévention et de promotion de la santé, ainsi que dans la lutte contre le VIH/sida. 

Depuis 30 ans, le Crips mène des actions auprès des jeunes et des publics en situation de vulnérabilité pour leur permettre de devenir acteurs/actrices de leur santé. Ainsi, les équipes du Crips interviennent auprès des mineur·es, des personnes en situation de handicap, des personnes migrantes, des détenu·es etc. En tant que structure de formation et de coordination territoriale, il joue un rôle central auprès des professionnel·les et des collectivités. Il a été créé il y a 30 ans, lors de l’épidémie du VIH pour lutter contre la désinformation autour de celui-ci. Aujourd’hui les actions du Crips se sont diversifiées et les équipes réalisent des ateliers de prévention des risques liés aux drogues, liés à la santé mentale et de l’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires.

Selon Gabriel Femenias, directeur général du Crips, les sujets principaux abordés en milieu scolaire n’ont varié que légèrement depuis 2013. Les sujets sur les moyens de contraception et les moyens de protection face aux IST restent prépondérants. Néanmoins, on observe que depuis peu les thématiques autour de l’égalité femmes/hommes et autour de la notion de consentement sont passées en tête. Ce changement est révélateur d’une prise de conscience des adolescent·es que ces deux sujets ont un impact sur tous les autres. Par ce biais, il est plus facile pour le Crips de parler de contraception. Que faire quand son copain refuse le préservatif ? Qu’est ce qui est normal ou anormal ? Comment la pornographie a déformé la vision qu’ont les adolescent·es du sexe ? etc.

Lors de leurs interventions, les membres du Crips mettent toujours l’accent sur une santé positive, et non pas sur une santé qui passerait par la contrainte ou la culpabilisation. Ils donnent l’opportunité aux jeunes de parler de leurs sentiments et d’évoquer des questions qu’il pourrait être difficile de formuler lorsqu’elles/ils sont entouré·es par leurs pairs. Le Crips souhaite lever les tabous et redonner à l’éducation à la sexualité la place qu’elle devrait avoir dans l’enseignement public. Il est primordial d’accompagner les jeunes dans la découverte de leur sexualité.

L’arrivée d’Internet : un séisme pour l’éducation à la sexualité des ados

Avec l’avènement d’internet il est difficile pour un·e jeune qui se construit de discerner les fake news. L’accès à la pornographie de manière trop précoce biaise le rapport qu’ont les adolescent·es au sexe et il est nécessaire que des adultes viennent éclairer et rassurer les jeunes. De plus, les images montrées sont souvent très violentes et axées sur la soumission féminine, ce qui impacte négativement l’ensemble des relations sociales qui peuvent être nouées. Sur le même registre, les influenceuses/influenceurs peuvent également déformer la vision que les jeunes ont de la sexualité. Sur les réseaux sociaux la quête de performance, la surexposition de sa vie personnelle et des corps idéalisés sont présentés comme la norme. Les influenceuses/influenceurs jouent un rôle majeur alors qu’ils ne sont pas toujours formé·es ni compétent·es en la matière. De plus, ces problématiques n’existaient pas il y a 25 ans. Pour les précédentes générations, il est difficile de comprendre que l’école a vocation à traiter de ce genre de sujets en devenant une source d’informations fiables. Théoriquement, l’école devrait avoir une plus grande place dans ce système. Selon la loi de 2001 il est obligatoire de réaliser trois séances d’éducation à la sexualité par an de la sixième à la terminale. Pourtant, il est bien rare que cette loi soit appliquée, faute de moyens. L’État a reconnu l’importance de ces actions mais le budget ne suit pas alors qu’il s’agit de la santé des adultes de demain.

C’est pourquoi l’action du Crips est reconnue d’intérêt général. Pour plus d’efficacité il est intéressant qu’un·e actrice/acteur externe intervienne en complément des actrices/acteurs traditionnel·les que sont l’école, la famille et les pairs. En plus des actions sur le terrain, le progrès technique permettrait de toucher plus rapidement un grand nombre de jeunes. Le développement de jeux vidéos ou bien de séries télévisées telles que Sex Education par exemple permettent d’innover sur ces sujets vitaux que l’on préfère taire.

Célia Rabot 50-50 magazine

Photos ©Crips Île-de-France

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