Articles récents \ Matrimoine Les oubliées des manuels d’histoire 1/2
Focus sur ces femmes qui ont fait l’Histoire et qui pourtant n’apparaissent toujours pas dans les manuels scolaires. Elles sont mathématiciennes, compositrices, peintresses, astronomes, doctoresses, biologistes, cheffes d’entreprise, femmes politiques, résistantes, autrices… Parmi elles, Properzia De Rossi, Sophie Germain, Augusta Holmes, Claudie Andre-Haignere.
Properzia de Rossi terminant son dernier bas-relief – 1822
Properzia de Rossi (1490-1530). Connue grâce à Giorgio Vasari à travers son ouvrage, Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, Properzia de Rossi est la seule femme citée sur 133 artistes recensés à l’époque dans sa version initiale. Fille de notable, elle grandit à Bologne en Italie et apprend la gravure auprès du célèbre orfèvre et estampeur, Marcantonio Raimondi. Elle se fait remarquer par son travail de miniaturiste notamment avec un collier de noyaux de pêches sculptés, représentant chaque étape de la Passion du Christ. Properzia de Rossi choisit de mener une vie scandaleuse en multipliant les liaisons ainsi qu’un métier masculin. Elle taille le marbre et obtient des commandes du clergé en proposant des bas-reliefs, puis des bustes ainsi que des sculptures de grande taille ce qui est rare pour une femme à l’époque. Elle gagne un concours pour orner la façade de la basilique San Petronio de Bologne où elle se représente en épouse jetant son dévolu sur un jeune amant.
Experte en gravure sur cuivre, un certain nombre d’œuvres de Raphaël ont été gravées de sa main. Également musicienne et poétesse, Properzia de Rossi s’éteint l’année de ses 40 ans en laissant derrière elle des œuvres d’une incroyable finesse.
Sophie Germain (1776-1831). Autodidacte, elle connaissait à 16 ans les mathématiques différentielles alors que son père lui cachait ses bouts de chandelle et ses livres afin qu’elle n’étudie pas les sciences réservées à des professions masculines. Elle écrit à l’École polytechnique en se présentant comme un étudiant dans le but d’en récupérer les cours, les portes de cette institution étant fermées aux femmes. D’ailleurs, celles-ci ne leur seront ouvertes qu’en 1972. Nous sommes en pleine Révolution française et les femmes commencent à revendiquer leurs droits.
Sophie Germain envoie trois mémoires à l’Académie des Sciences sous son vrai nom. En 1816, elle décroche un prix sur une théorie relative à l’élasticité des corps. C’est la première femme lauréate de cette discipline. A 55 ans, elle meurt d’un cancer du sein sans avoir eu le temps de recevoir une distinction honorifique que son ami surnommé le Prince des mathématiques, Carl Gauss, avait enfin réussi à lui faire obtenir en remerciement pour ses nombreuses contributions scientifiques. Sur son avis de décès, la profession de rentière est inscrite. Aujourd’hui, un théorème porte son nom.
Augusta Holmès (1847 – 1903). Après le décès de sa mère qui s’était toujours opposée à ce que sa fille étudie la musique au point d’interdire la présence d’un piano à son domicile, Augusta Holmès, 11 ans, peut enfin s’initier à cette discipline. Issue d’une famille franco-britannique, elle étudie la peinture, la poésie mais c’est la musique qui l’attire particulièrement. Elle apprend à jouer du piano, de l’orgue, de la clarinette, se met au chant et étudie l’orchestration. Augusta Holmès côtoie les salons mondains où se retrouve le monde artistique parisien de la Belle Époque.
La musicienne écrit ses propres partitions qu’elle publie, à 21 ans, sous le pseudonyme d’Hermann Zenta. Elle rencontre Franz Liszt, Charles Gounod, Rossini, Richard Wagner également dont le style l’inspirera et avec lequel elle aura une liaison. Ses compositions provoquent l’admiration de ses pairs qui qualifient sa musique de « puissante et virile ayant un beau génie mélodique ». D’une grande beauté et dotée d’un caractère bien trempé, elle jouera les modèles auprès de plusieurs peintres dont Renoir mais aussi inspirera des écrivains comme Alfred de Vigny. Elle aura de nombreux amants comme Victor Hugo et finira ruinée donnant des cours de piano et de chant pour survivre. Elle meurt d’un arrêt cardiaque à 56 ans.
Claudie Andre-Haignere suit un entraînement pendant 11 ans afin de participer le 17 août 1996 à un vol de 16 jours à bord de la station orbitale russe Mir. En 1998, elle est nommée astronaute suppléante et se perfectionne pour devenir ingénieure de bord et cosmonaute sauveteuse pour le vaisseau Soyouz. L’année suivante, elle est intégrée à l’Agence spatiale européenne et rejoint le corps des astronautes européens à Cologne en Allemagne. En janvier 2001, Claudie Andre-Haignere devient la première astronaute française à voler à bord de la Station spatiale internationale (ISS) où elle effectue une série d’observations et d’expériences dans le domaine de l’étude de l’ionosphère, des sciences de la matière etc.
Elle rentre en politique pour occuper le poste de ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies en 2009 puis ministre des Affaires européennes. Elle a été présidente de la Cité des Sciences et de l’Industrie de 2009 à 2015, puis conseillère auprès de l’ESA (Agence Spatiale Européenne). Claudie André-Haignere a reçu plusieurs distinctions dont celle de grande officière de la Légion d’honneur.
Laurence Dionigi 50-50 Magazine