Articles récents \ Île de France \ Économie Géraldine : « ma mère et moi nous nous sommes dits : pourquoi ne pas monter notre boutique de vélos ?
Elles sont mère et fille, Cécile et Géraldine. En 2019, elles ont créé ensemble un magazine de vélos dans le XI ème arrondissement de Paris, Wheelove Bike. Elles vendent et réparent des vélos mais proposent également un très large choix de produits, allant de chaussettes au poncho canard enfant, en passant par des coussins de porte-bagage.
Quels ont été vos parcours avant de vous consacrer au vélo ?
Cécile : j’ai fait des études de marketing en art plastiques et j’ai travaillé pendant 10 ans en tant qu’analyste marketing. J’ai repris des études en expertises d’objets d’arts et j’ai travaillé pendant 15 ans dans les beaux arts et les loisirs créatif.
J’ai toujours fait du vélo. Ça fait 30 ans que je fais du vélo dans Paris. Le vélo fait partie de mon ADN, comme moyen de transport, de détente, de plaisir
Cela fait 3 ans que nous avons ouvert notre boutique. Nous nous sommes entraînées toutes les deux, ma fille et moi.
Géraldine : j’ai un master de management culturel. J’ai travaillé en agence de marketing sur les liens entre les artiste et les marques. Et puis j’ai eu l’opportunité de quitter l’agence et du coup, ma mère et moi nous nous sommes dits : « pourquoi ne pas monter notre boutique de vélos ? » puisque nous aimons toutes les deux le vélo.
Nous avions vraiment pour idée de personnaliser les vélos, de leur donner un look un peu plus sympa, pour aussi lutter contre le vol. Nous ne voulions pas une boutique de vélos classique de réparation et de ventes de vélos.
Avez-vous fait des formations pour devenir réparatrices de vélos ?
Géraldine : moi je n’ai pas fait de formation. Je me suis beaucoup formée avec des amis qui eux avaient fait la formation. Et après c’est de l’entraînement pour apprendre toute seule, à démonter les vélos, à les remonter. Il n’y a qu’en faisant qu’on apprend de toute façon.
Cécile : et dans les écoles de vélos, ils vous envoient 3 semaines en stage pour 1 semaine de cours. Le but étant d’être vraiment d’être sur le terrain. C’est comme un·e cuisinièr·e qui va apprendre en pratiquant. Je laisse plutôt la partie mécanique à ma fille. Moi je suis plus dans la partie création esthétique et recherche de nouveaux accessoires, nous essayons de nous mettre d’accord !
Comment les gens réagissent quand ils voient deux femmes qui s’occupent de vélos, autant sur la partie technique qu’esthétique ?
Géraldine : en générale , les femmes sont plutôt contentes. Elles se sentent rassurées parce que souvent, on les prend un peu de haut avec des phrases comme : « vous inquiétez pas ma petite bonne femme, on s’occupe de votre vélo ». Nous prenons le temps de leur expliquer ce que nous faisons. Elles sont contentes de comprendre comment marche un vélo parce que nous ne sommes pas plus bêtes que les hommes, nous aussi nous savons comment fonctionne un vélo (rires). Elles font des remarques sympa : « oh, deux femmes, c’est bien ! »
Cécile : Et puis les hommes ça les intrigue.
Vous n’avez pas de remarques sexistes de temps en temps ?
Cécile : il y en a un petit peu mais de moins en moins ! Ce sont des remarques du genre : « je vais vous montrer ce qu’il faut faire sur mon vélo ». Nous avons droit également à des réflexions un peu vulgaires, de temps en temps.
Géraldine : oui, il y en a qui s’étonnent de ne voir « que nous », et pas d’hommes pour nous accompagner.
Cécile : Mais c’est de moins en moins le cas. C’est vrai que la clientèle est maintenant de plus en plus éduquée et de plus en plus formée.
Est-ce que vous connaissez d’autres femmes qui font votre métier ?
Cécile : 100 % une boutique féminine non, on n’en connaît pas. Il y avait il y a très longtemps, une boutique gérée par une Danoise ou une Hollandaise mais elle n’existe plus.
Et sinon les magasins de vélos commencent à prendre des mécaniciennes parce que les patrons s’aperçoivent qu’avoir la petite touche féminine c’est bien ! Mais c’est vrai qu’on les met souvent en arrière plan.
Géraldine : Oui c’est vrai que nous connaissons une boutique pas loin de la notre où deux jeunes femmes travaillent mais ce n’est pas leur boutique à elles. C’est la grande différence.
Vous proposez de très nombreux accessoires
Cécile : C’est vrai que nous, nous pensons un peu plus au look de notre vélo, nous avons envie qu’il nous ressemble un peu plus aussi ! Un vélo ce n’est pas que pour tracer la route ! C’est un moyen de locomotion mais on est quand même beaucoup dessus et il faut qu’il soit équipé et pourquoi pas, joliment équipé !
Aujourd’hui, nous essayons de devenir de plus en plus éco-responsables. Nous travaillons avec de plus en plus de marques qui, quand elles fabriquent des vélos, vont ensuite replanter des arbres. Nous proposons également des produits fabriqués en France ou créés par des Français·es qui travaillent avec des bouteilles recyclées.
Géraldine : Les gens aujourd’hui sont de plus en plus sensible à la cause écologique. Ils vont préférer payer un peu plus cher mais avoir des sacoches avec des bouteilles plastiques recyclées que des sacoches toutes simples.
Cécile : Et nous essayons aussi de créer notre marque d’accessoires. Nous avons fait des petits manchons avec un atelier qui nous les a fabriqué. Ce sont des petits manchons chauds pour les vélos. Nous avons fait des petites pompes à vélos, des bonnets de cuir.
Géraldine : Oui nous avons travaillé avec une maroquinière qui était dans notre rue. Nous trouvions sympa de faire travailler des femmes du quartier. C’est une petit village le XI ème et donc si on peut bosser entre nous, c’est plus sympa ! Nous voulons que les gens se sentent bien dans notre boutique, qu’ils s’y sentent un peu comme chez eux.
Cécile : Nous avons du beau papier peint, des petits miroirs etc. Notre boutique de vélos n’est pas un garage. Nous avons plus de 200 produits différents dans 25m² !
Géraldine : C’est pour toutes ces raisons que les client·es viennent parce qu’elles/ils trouvent de tout et sont content·es. Elles/ils se sentent écouté·es.
Et vous pensez pouvoir vous agrandir un jour ?
Géraldine : Oui ! Nous essayerons de rester dans le quartier et de trouver le bon local à la bonne taille. Nous prenons notre temps pour trouver. Nous aimons bien notre clientèle. Nous avons vraiment des client·es adorable qui nous offrent plein de petits cadeaux.
Cécile :Elles/ils nous offrent des bouteilles de vins, des gâteaux, ou des bougies. Nous sommes très gâtées par nos client·es ! (rires).
Géraldine : Donc c’est vrai que nous n’avons pas envie de partir vu ces client·es là. Etant donné que nous rendons pas mal de services comme gonfler les pneus, remplacer une petite vis qui a sauté, rehausser la selle… Je pense que c’est leur manière de nous rendre la pareille ! C’est vrai qu’il y a des endroits où pour faire gonfler ses pneus, on doit payer !
Nous nous préférons perdre 5 ou10 minutes mais au moins créer un lien avec nos client·es, discuter … c’est quand même plus sympa.
Nous travaillons toute la journée donc si c’est pour tirer la tronche à chaque fois c’est pas top ! C’est même triste !
Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 Magazine