Brèves Primaire des Verts : où sont les propositions féministes ?
Les promesses d’égalité femmes-hommes, c’est facile à faire… Mais de véritables engagements, concrets, chiffrés, ambitieux, c’est autre chose… Qui dans cette Primaire des Verts s’engage réellement pour les droits des femmes ?
Nous avons analysé leurs discours, leurs programmes, leurs pratiques politiques, leurs tweets (scrutés sur 2 mois de campagne du 1er juillet au 31 août 2021) et le débat sur France Info le 5 septembre. Le résultat est étonnant ! Décryptage des 5 candidat·es :
L’analyse fut courte pour Jean-Marc Governatori puisque les droits des femmes ne sont pas du tout un sujet pour lui : 0 tweet ! En cherchant, nous avons trouvé une vague proposition sur son site : le conditionnement des exonérations patronales à l’égalité salariale. Oubliée aussi l’écriture inclusive dans sa communication.
C’est à peu près aussi mauvais pour Yannick Jadot, qui porte une seule proposition concrète : conditionner les subventions aux entreprises à l’égalité femmes-hommes. C’est méconnaître le sujet des inégalités. Si cette mesure pourrait pousser à diminuer les inégalités à poste égal, elle ne s’attaque pas au caractère structurellement sexiste de nos métiers, où les femmes sont majoritaires dans les emplois les moins rémunérateurs, les plus précaires ou à temps partiel subi, ou pour s’occuper des enfants. Une phrase sur la « lutte contre les violences et les discriminations » assez vague conclut le panorama égalité de son programme. Sur twitter, Yannick Jadot comptabilise 3 tweets en 2 mois : pour apporter son soutien aux afghanes, aux hongroises, aux turques et aux polonaises. Pendant le débat, son parcours en ONG auprès des femmes au Burkina Faso est évoqué. En France, les droits des femmes ne sont-ils donc pas un sujet pour le député européen ?
Delphine Batho partage avec Sandrine Rousseau une analyse décroissante et éco-féministe, qui montre comment le capitalisme, le patriarcat, et la destruction de la nature se renforcent mutuellement dans une même logique de domination. Mais la question des inégalités et notamment des inégalités femmes-hommes, ressort peu dans sa communication. La députée a tweeté seulement 4 fois sur les droits des femmes : à propos des femmes afghanes, sur la décroissance éco-féministe, et sur la grossesse…
Eric Piolle fait mieux avec des revendications bien plus précises : plan d’action contre les violences avec un budget d’un milliard d’euros, revalorisation des métiers du social, de la santé, du soin, de l’entretien, majoritairement féminisés, et revalorisation des bas salaires, durcissement des sanctions contre les entreprises, conditionnalité des aides aux entreprises, diplomatie féministe… En 9 tweets, le Maire de Grenoble évoque les mères célibataires, l’Afghanistan, Darmanin accusé de viol, les réunions en non-mixité, et s’auto-déclare à plusieurs reprises « allié des féministes ».
Sandrine Rousseau, engagée dans la lutte contre les violences masculines depuis l’affaire Baupin, change de braquet en matière d’égalité. Pas moins de 29 tweets sur les femmes : l’éco-féminisme, les femmes afghanes, #MeToo et la libération de la parole, en soutien aux femmes victimes de PPDA, contre les violeurs en politique (affaires Cuomo et Darmanin), pour le droit à l’IVG (contre le documentaire de C8 anti-IVG), sur la grossesse, sur le cyber-harcèlement contre les féministes, sur le sexisme aux JO, et sur sa rencontre avec Irène Montero, ministre espagnole de l’Egalité femmes-hommes… Elle a ouvert le débat sur FranceInfo en dénonçant l’arrogance du pouvoir qui ose nommer Darmanin, accusé de viol.
Son discours sur les sorcières, visant à organiser la résistance contre les dominations, contre les prédations qu’elles soient économiques ou sexuelles, a provoqué un vif débat. Dans son programme, ses propositions pour les droits des femmes traversent chaque axe programmatique : droits sexuels et reproductifs et santé des femmes, parité, lutte contre les violences masculines (police, justice, législatif…), petite enfance, individualisation de l’impôt, culture et matrimoine, diplomatie féministe.
Sans étonnement, certain·es s’en tirent mieux que certain·es. Il ne suffit pas de se déclarer opportunément « féministe ». Nous en avons assez des postures. Nous voulons des engagements précis et ambitieux, nous voulons des pratiques du pouvoir non sexiste.
Les droits des femmes ont occupé 5 minutes du débat de dimanche entre les 5 candidat·es, sur la question de l’universalité. C’est insuffisant. Jusqu’aux élections de 2022, nous scruterons et analyserons les femmes et hommes politiques de tous bords, pour leur rappeler que les droits des femmes pèsent dans nos votes, et que nous ne voulons pas de promesses vides mais l’égalité en action !