Articles récents \ Monde Forum Génération Egalité: mettre un terme aux violences de genre
Le Forum Génération Egalité continue et parmi les tables rondes on retrouve la présentation des différentes Coalitions d’action. Hier différent•es che•fes d’Etat, représentant•es d’associations ou de la société civile se sont réuni·es pour parler de la Coalition d’action sur la violence basée sur le genre.
Derrière les statistiques sur les violences de genre, il y a des êtres humains. Josina Machel est la fondatrice du mouvement Kuhluka, organisation non gouvernementale panafricaine qui s’emploie à mettre fin aux violences liées au genre au Mozambique. La défenseuse des droits humains a perdu un œil lors d’une violente agression liée au genre en 2015. « Pour beaucoup de femmes il n’y a pas eu de progrès sur les violences depuis la Conférence de Pékin en 1995 », déplore-t-elle.
Pour cette survivante le chemin est encore long et le Forum Génération Egalité va devoir faire preuve d’ambition pour enfin mettre un terme aux violences.
Et comme l’a déclaré Phumzile Mlambo Ngcuka, Directrice executive d’ONU femme : « les sommets c’est une bonne chose, mais il faut qu’il y ait un suivi ». Et il est là tout l’enjeu. « Il y a eu quelques progrès mais nous devons encore en faire et aller de l’avant », confirme Phumzile Mlambo Ngcuka.
« L’une des choses les plus importantes à faire est de reconnaître qu’il y a un problème de violences contre ls femmes », a déclaré Linda Thomas -Greemfield, Ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies. Il est vrai que pour beaucoup de personnes et dans de nombreux pays les violences contre les femmes ne sont pas suffisamment prises au sérieux. « Dans les zones de conflits, les femmes doivent faire partie des négociations, doivent participer aux accords de paix pour que ces accords reconnaissent les violences contre les femmes », a ajouté Linda Thomas-Greemfield. Le Kenya aussi s’engage à investir les fonds nécessaires pour lutter contre les violences de genre et à signer la Convention 190 de l’OIT.
De son côté, la Commission européenne s’engage à investir 190 millions d’euros pour lutter contre les violences dans l’Union Européenne et à promouvoir la Convention d’Istanbul. Helena Dalli, commissaire européenne : « la Commission s’engage à financer des projets des associations de terrain pour lutter contre les violences sexuelles, domestiques, génitales, à mettre en place des normes minimales qui s’appliqueront à tous les Etats de l’Union Européenne et à améliorer les réponses face à ces violences ».
Sans oublier l’Initiative Spotlight, rappelée à de nombreuses reprises lors de cette conférence. Cette initiative est un partenariat mondial pluriannuel entre l’Union européenne et les Nations Unies visant à éliminer toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles d’ici 2030, en mettant l’accent sur les violences domestiques et familiales, les violences sexuelles et sexistse et les pratiques préjudiciables, les féminicides, la traite des êtres humains et l’exploitation sexuelle et économique.
Evidemment, la question centrale de ce Forum est l’investissement financier. Combien les Etats et les entreprises sont-ils et elles prêt·es à investir pour mettre un terme aux violences ? « Nous allons investir 270 millions de dollars pour soutenir les associations et mettre en place des mécanismes qui permettent de lutter contre les violences », a répondu Darren Walker de la Fondation Ford.
Bien sûr, sans politique publique adaptée, les investissements ne permettront pas de lutter efficacement contre les violences. Pour la jeune militante féministe du Guatemala, Eyleen Teresa Menchu Tuy, « les Etats doivent prendre des législations plus efficaces pour prévenir les violences de genre, en sensibilisant les jeunes générations au sein des écoles, sans oublier les peuples autochtones ». C’est le cas de l’Islande qui promet de mettre en place des amendements au code pénal pour répondre aux violences sexuelles sur internet et d’améliorer les procédures d’enquête. De son côté, l’Uruguay s’engage à mettre en œuvre, à suivre et à évaluer son plan national contre les violences de genre 2021-2024 et à éliminer les violences contre les femmes dans le monde du travail.
Le monde du travail a d’ailleurs largement été évoqué, notamment avec des panélistes français·es. D’abord, avec Sebastien Bazin, PDG du groupe Accor. « 80% des femmes dans le secteur privé ont été témoins victimes de violences. Ce n’est pas normal. Avec Accor, nous allons mettre en place une initiative sur l’égalité femmes-hommes dans 110 pays, pour sensibiliser et protéger les victimes de sexisme, d’harcèlements et de violences domestiques », a-t-il déclaré. Marie Claire DAVEU, directrice du développement durable chez Kering, est ensuite intervenue pour détailler, elle aussi, la stratégie du groupe mise en place pour lutter contre les violences de genre. « Avec le réseau One In Three Women nous nous engageons à convaincre 50 organisations du secteur privé de mettre en oeuvre des dispositifs pour lutter contre les violences. La Fondation Kering accompagne également la Maison des Femmes de Saint Denis. Kering va investir 6 millions de dollars pour accompagner le déploiement de cette structure et 2 millions de dollars supplémentaires pour accompagner les organisations de femmes ».
« Je garde espoir, nous y arriverons, c’est une lutte pour pour les droits des femmes mais aussi pour démanteler le système patriarcal », conclut Jessica Stern, envoyée spéciale des États-Unis pour les droits des personnes LGBTQI+.
Chloé Cohen 50-50 Magazine