Articles récents \ Monde #StopTalkingStartFunding: Financer la lutte contre les violences sexistes et sexuelles

Le Tour du monde féministe, porté par le collectif Générations Féministes et Nous Toutes, a débuté mercredi 23 juin à 15h. Pendant 24h, des féministes du monde entier ont participé à des débats, performances artistiques et tables rondes pour mettre fin aux violences.

Deux revendications majeures ont structuré l’événement. La première portait sur la question des financements de la lutte contre les violences de genre par les États. La seconde portait quand à elle sur la justice et l’accompagnement des victimes. À l’approche du Forum Génération Égalité (FGE), les participant·es ont fait entendre leurs revendications envers les États et les politiques publiques en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes et Françoise Moudouthe, directrice générale pour l’African Women’s Development Fund ont discuté des modalités de financement de cette lutte par les gouvernements. 

Créée en 2016, la Fondation des Femmes organise des levées de fonds notamment auprès d’entreprises privées pour les reverser à des organisations spécialisées dans la lutte contre les violences de genre. Depuis sa création, la fondation a pu redistribuer 4,2 millions d’€ à quelque 500 projets. Aidé par d’autres structures, l’organisme a rapidement pu faire un état des lieux du manque de moyens dans le domaine. La question du financement de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles semble absente de la sphère politique. Lorsque la fondation a vu le jour, le budget consacré au Secrétariat d’État chargé des droits des femmes représentait 0,006% du budget national. Une somme minime qui ne permettait pas de couvrir les dépenses liées à l’accompagnement des femmes victimes de violences. 

L’African Women’s Development Fund a vu le jour en 2000 avec l’objectif de venir en aide aux initiatives en faveur des femmes africaines. Ces initiatives ne disposent en effet que rarement de fonds durables. Françoise Moudouthe a ainsi expliqué que moins d’1% des ressources fournies par l’OCDE en matière de droits des femmes arrivent effectivement entre les mains des organisations spécialisées.

En France, Anne-Cécile Mailfert rappelle que plusieurs évènements importants ont eu lieu depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron, comme le Grenelle des violences conjugales en 2019. Pourtant, bien que les dirigeant·es mondiaux cherchent à se positionner sur la question, les financements ne suivent que rarement. 78 000 000 d’€ sont consacrés à l’accompagnement des victimes de violences en France. Cette somme comprend notamment l’accès à un hébergement temporaire. La Fondation des Femmes estime que 500 000 000 d’€ seraient nécessaires pour soulager les associations d’aides aux victimes, surchargées depuis #MeToo. 

A l’échelle de l’Afrique, Françoise Moudouthe met en avant la responsabilité que les États laissent peser sur la société civile. Selon elle, les gouvernements devraient mettre en place de réels partenariats avec les associations féministes et leur déléguer le pouvoir en ce qui concerne l’affectation des dépenses. Se tenant au plus près du terrain, ces associations doivent pouvoir déterminer elles-mêmes les modalités de leurs actions. Au-delà du financement lui-même, ce sont aussi les conditions du versement des fonds qui importent.

Les participant·es de l’évènement réclament que 0,1% du PIB de chaque État soit dédié à la lutte pour la justice de genre. En France, cette somme représenterait 2 milliards d’€.

Laurène Pinvidic 50-50 Magazine

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