Articles récents \ Monde \ Afrique #StopTalkingStartFunding: « Nous devons donner plus de poids et de pouvoir à la jeunesse »
Le Tour du monde féministe, porté par le collectif Générations Féministes et Nous Toutes, a débuté ce mercredi à 15h. Pendant 24h, des féministes du monde entier participeront à des débats, performances artistiques et tables rondes pour mettre fin aux violences.
Le Tour du monde féministe rassemble une centaine d’intervenant·es du monde entier. Il est le point culminant de la campagne #StopTalkingStartFunding qui vise à attirer l’attention des décideurs et décideuses et à interpeller les chef·fes d’Etat qui participent au FGE afin qu’ils et elles prennent de véritables engagements financiers pour mettre fin aux violences basées sur le genre. Parmi les différents débats organisés, l’un d’eux s’intitulait « Sororités francophones : patriarcat et contrôle des corps », et il était mené par le Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’ouest.
Dans le cadre de cette discussion, quatre jeunes féministes ont échangé sur les violences sexuelles et notamment les féminicides. Si le mot est connu et présent en France, comme le souligne la jeune féministe Coline Seveau, ce n’est pas forcément le cas dans tous le pays d’Afrique de l’Ouest. « En Algérie, le mot féminicide n’est pas suffisamment connu donc nous mettons un point d’honneur à compter les féminicides pour leur donner de la visibilité dans l’espace public », intervient la jeune militante Wiame Awres. Même chose au Sénégal. « Le mot féminicide commence à apparaître sur les réseaux sociaux, mais les gouvernements ne font pas encore suffisamment d’efforts pour y mettre un terme. Récemment nous avons eu de grandes manifestations pour demander plus d’intérêt de la part de nos instances dirigeantes », complète Khaira Jhiam. Mais comment expliquer ce désintérêt et ce manque de prise en compte des féminicides dans l’espace public ? « Au Sénégal il y a peu de procédures pénales pour mettre un terme aux violences et les procédures, les démarches sont trop compliquées pour les femmes », ajoute t’elle.
Les procédures pénales ne sont pas toujours simples y compris en France. « Les femmes portent plainte pour des violences mais cela débouche tout de même sur des féminicides. Nous devons militer pour plus de sensibilisation et de formation dans les institutions françaises pour changer les mentalités. Et pour plus de moyens financiers ! », intervient Coline Seveau.
Et il y a encore de nombreux biais et de nombreuses traditions des sociétés patriarcales qui expliquent ce recul. « En Algérie, il y a encore le certificat de virginité, ce qui encourage les féminicides. On considère qu’une femme non vierge ne mérite pas de vivre », explique Wiame Awres.
Mais les jeunes générations de féministes ont un rôle important à jouer dans la reconnaissance des violences sexuelles, dans la reconnaissance du mot féminicide dans l’espace public. « Nos discours sont amplifiés grâce aux réseaux sociaux, l’activisme sur internet des jeunes générations permettra de faire bouger les lignes », est convaincue Oumou Salef Touré. Ce que confirme Hadja Idrissa Bah, Présidente du club des jeunes filles leaders de Guinée et membre du Réseau des jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest. « Les jeunes s’impliquent et s’engagent autrement. Nous l’avons vu lors des derniers événements, les jeunes féministes ont milité pendant le G7 et le Women 7. Nous devons donner plus de poids et de pouvoir à la jeunesse », appuie Khaira Jhiam.
Chloé Cohen 50-50 Magazine