Articles récents \ Monde Enquête exclusive : un consensus mondial en faveur de l’égalité femmes/hommes
En vue du Forum Génération Égalité (FGE), Focus 2030 et Women Deliver publient un rapport édifiant sur l’engagement des citoyen·nes de 17 pays en faveur de l’égalité femmes/hommes. Ce sondage de grande ampleur montre ce que les citoyen·nes attendent de leur gouvernement en matière de lutte contre les inégalités de genre, notamment en ces temps de pandémie.
L’enquête “Les aspirations citoyennes en faveur de l’égalité femmes/hommes dans le monde : une volonté de changement” a été réalisée entre le 24 juillet et le 7 août 2020 auprès des populations de 17 pays, sur un ensemble de 17 160 adultes représentatives/représentatifs. L’objectif ? Avoir un aperçu du niveau de soutien de ces populations à l’égalité femmes/hommes, en particulier par rapport aux six Coalitions d’action du FGE.
Ces chiffres inédits devraient permettre aux militant·es de ces 17 pays d’appuyer leurs revendications auprès des décideuses/décideurs, afin de provoquer un sursaut politique à l’approche du FGE.
Le taux de soutien des populations vis-à-vis de l’égalité femmes/hommes
Dans cette enquête, 80% des répondant·es indiquent que l’égalité femmes/hommes est une cause qui leur importe personnellement. Parmi ces personnes, 84% sont des femmes et 76% des hommes, ce qui montre que c’est une préoccupation partagée.
60% des répondant·es estiment qu’il y a eu des progrès en matière d’égalité femmes/hommes ces dernières années. Toutefois, les progrès ne doivent pas s’arrêter là puisque 65% des personnes interrogées estiment que leur gouvernement doit s’investir davantage en faveur de l’égalité des genres. Cette opinion est particulièrement présente chez les jeunes de 18 à 25 ans : ils sont 72% à le penser. Cela ressort aussi de façon prononcée au Kenya, en Afrique du Sud, au Mexique et en Colombie, avec un taux d’adhésion supérieur à 80%.
Pour les répondant·es, il est nécessaire que les gouvernements agissent en améliorant les cadres légaux et en déployant des financements en faveur de l’égalité. Cela apparaît par exemple dans les réponses qui portent sur les violences basées sur le genre. 65% de femmes et 57% des hommes sont favorables au renforcement des poursuites judiciaires contre les autrices/auteurs de violences.
Les effets genrés de la pandémie de Covid-19
Cette enquête montre que l’égalité femmes/hommes est un enjeu qui est s’est accentué avec la crise sanitaire. En effet, dans ce sondage, 48% des femmes, contre 38% des hommes, déclarent que “le temps imparti au travail domestique s’est accru”. Dans 13 pays, les femmes indiquent avoir subi plus de “stress émotionnel ou de problèmes de santé mentale” que les hommes.
Les difficultés financières sont également un des effets majeurs de la pandémie. Ces difficultés sont par exemple liées à la perte d’un travail, ce qui, depuis le début de la pandémie, a concerné 72 % des travailleuses/travailleurs domestiques, dont 80 % sont des femmes. Le lien entre genre et pauvreté revient d’ailleurs régulièrement dans ce rapport puisque 60% des personnes interrogées estiment qu’il est essentiel de mettre fin à la pauvreté pour parvenir à l’égalité entre femmes/hommes. Cela montre que les discriminations et les inégalités peuvent avoir de multiples facettes : les femmes sont beaucoup plus exposées aux inégalités genrées du fait de leur classe sociale, tout particulièrement pendant la crise sanitaire.
Des perceptions aux actions ?
Dans ce sondage, les comportements sexistes (siffler une femme dans la rue ou la toucher sans consentement, les inégalités salariales, les inégalités en termes de tâches domestiques et parentales, etc) sont largement reconnus comme inacceptables par les répondant·es. Cependant, il faut rappeler que cette enquête a recueilli les perceptions des répondant·es ; il peut donc y avoir un écart entre les réponses et la réalité. Par exemple, concernant la France, le rapport indique que “88 % des femmes et 85 % des hommes déclarent qu’il est « acceptable » pour une femme de refuser d’avoir un rapport sexuel avec son partenaire”. Pourtant, comme le souligne à juste titre ce même rapport en citant une étude réalisée par #NousToutes : “9 femmes sur 10 ont rapporté « avoir subi des pressions pour avoir un rapport sexuel » et dans « 88 % des cas » cette expérience leur était « arrivée plusieurs fois »”. Les mentalités ont peut-être évolué mais pour voir le changement dans les faits, il faudra encore attendre quelques années.
Ce sondage apporte aux organisatrices/organisateurs du FGE la confirmation que leur travail répond à un enjeu considéré comme prioritaire par les citoyen·nes de plusieurs pays. On peut donc espérer qu’à partir de maintenant, les gouvernements n’auront plus d’excuses pour faire passer l’égalité au second plan.
Maud Charpentier, 50-50 Magazine