Brèves Allemagne : quel avenir pour les bordels ?
L’Allemagne a une des législations les plus libérales de l’Europe sur la prostitution. Leni Breymaier et 15 autres député·es, essentiellement sociales-démocrates ont demandé au gouvernement allemand de ne pas autoriser les bordels à rouvrir après le confinement pour mettre enfin un terme à ce rôle de plaque tournante de la traite des femmes que l’Allemagne joue en Europe. Au contraire, l’Etat allemand soutient les criminels qui violentent des femmes pauvres d’Europe de l’est pour les soumettre à l’exploitation sexuelle, en payant l’équivalent du chômage partiel aux propriétaires de bordels pendant la fermeture forcée de leurs établissements.
Pour avoir dénoncé ce scandale, Leni Breymaier doit faire face à une vingtaine de plaintes en diffamations de la part de 50 propriétaires de bordels de toute l’Allemagne. Depuis 2017, la loi sur la protection des prostituées a instauré un contrôle des lieux de prostitution et une obligation de déclaration des femmes prostituées mais sur le million de femmes qui y seraient exploitées selon des estimations, seules 40 000 se sont faites enregistrer. Le collectif « pour une interdiction de l’achat d’actes sexuels » espère que l’Europe va accentuer ses pressions sur l’Allemagne.
Le modèle nordique de pénalisation des clients a encore beaucoup de détractrices/détracteurs en particulier parmi les juristes qui insistent encore et toujours sur la distinction « absolument nécessaire » entre la prostitution et le trafic de femmes. Leni Breymaier y voit la preuve de l’influence très forte des grands acteurs de l’industrie des « services érotiques » qui font un lobbying permanent auprès des politiques pour défendre leurs intérêts. Par exemple, lors d’une table ronde sur la prostitution de Rhénanie Westphalie, le land le plus peuplé d’Allemagne, l’invitée « experte » sur le modèle suédois (de pénalisation des clients) était Susanne Dodillet, une des universitaires suédoises hostiles à la législation de son pays, qui polémique depuis 20 ans contre cette loi. Une des rares études allemandes réalisée par l’université de Heidelberg a prouvé que les législations libérales sur la prostitution favorisaient le trafic des femmes, mais cette étude a aussitôt été remise en question et contestée.
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