Brèves Déclaration de la Fondation Kazimierz Łyszczyński sur le procès dans l’affaire de la «Vierge Marie l’arc-en-ciel»
La Fondation Kazimierz Łyszczyński exprime sa solidarité avec les militantes accusées d’insulte aux sentiments religieux et demande l’abrogation de l’article 196 du Code Pénal.
Le 13 janvier 2020, une semaine après l’anniversaire du massacre de Charlie Hebdo, le procès d’Elżbieta, Anna et Joanna, accusées d’insulte aux sentiments religieux, a débuté. Les militantes sont accusées d’avoir auréolé l’image de la Vierge Marie d’un arc-en-ciel. « l’Arc-en-ciel n’offense pas » est l’argument principal évoqué dans la défense des militantes dans les médias. Le tribunal se prononcera, espérons qu’il soit juste, sur la question de savoir si les accusées ont traité l’objet du culte religieux d’une manière « insultante, moqueuse, abusive et dégradante », l’interprétation donnée à l’article 196 par la Cour constitutionnelle sous la direction du prof. A. Rzepliński en 2015.
Cependant, de notre point de vue, il n’est pas pertinent de savoir si l’arc-en-ciel offense les sentiments religieux des catholiques, tout comme il n’est pas pertinent de savoir si les caricatures de Mahomet offensent les sentiments des musulmans. Insulter les sentiments de quelqu’un ne peut pas être une excuse pour bâillonner la bouche des citoyens ni la permission de répandre la haine contre les personnes LGBT, les femmes ou les athées. Outre l’imprécision du concept même d’offense aux sentiments, il n’est pas difficile de noter que la préférence pour les sentiments religieux des représentants d’une telle ou autre religion est contraire à la loi polonaise et reste en violation de l’article 25 de la Constitution. (1)
Nous exprimons notre solidarité avec les militantes accusées et exigeons de lever les charges contre elles.
Alors que les pays européens retirent la loi médiévale de blasphème de leurs codes (Royaume-Uni, Danemark, Irlande), les autorités polonaises soumises au dictat de l’Église veulent faire retourner la Pologne dans l’obscurité d’une autre époque. Les accusations et les condamnations de l’art. 196 multiplient, et les prisonniers d’opinion purgent leur peine dans les prisons polonaises ! C’est un scandale lorsqu’un haut fonctionnaire du gouvernement demande une sanction pour « profanation » (droit canonique), un crime qui n’existe pas dans le Code pénal polonais.
Nous nous opposons à l’application des lois religieuses en Pologne, qui sont des instruments d’oppression du régime d’ayatollahs ou de la théocratie des Saoudiens. Nous ne sommes pas d’accord pour que la justice polonaise rende des jugements symboliques sur la liberté d’expression et de conscience, en jouant le rôle d’intégristes religieux qui rendent leurs verdicts de manière sanguinaire. Des scènes récentes du Capitole ont montré à quel point l’alliance du populisme politique avec le fondamentalisme chrétien est dangereuse.
Nous appelons la société démocratique à unir des efforts pour abroger l’article 196 ! Nous appelons à la défense de la liberté d’expression, de conscience et des médias, sans laquelle il n’y a pas de démocratie.
La Fondation Kazimierz Łyszczyński
(1) Art. 25 p.2. Les autorités publiques de la République de Pologne maintiennent l’impartialité en matière de croyances religieuses et philosophiques, garantissant leur liberté d’expression dans la vie publique.