Média France Culture : Des origines de l’inceste à la libération de la parole
Camille Kouchner relate dans son livre La Familia Grande l’inceste de son beau-père sur son frère jumeau. Dans ce milieu chic et « libéré » les enfants victimes sont réduit·es au silence, comme dans les autres familles. Presque quarante ans après, Camille Kouchner trouve le courage d’en faire un livre avec l’accord de l’ancien enfant-victime.
D’après un sondage commandé par l’association Face à l’inceste, 6,7 millions de français·es se déclarent victimes d’inceste, soit un·e français·e sur dix. 78% des victimes sont des femmes.
L’avocat Rodolphe Costantino souligne la rareté de ce témoignage, et le contraste entre le dévoilement d’un inceste dans une famille en vue et le le refus du dévoilement dans l’immense majorité des cas où rien n’est fait tant le secret est bien gardé. Il explique combien d’enfants incesté·es sont massacré·es par les institutions censées les protéger, parfois confié·es au violeur, grâce à une justice aveugle et sourde, affirmant que les enfants mentent, que les mères affabulent.
L’historienne Fabienne Giuliani montre les continuités et les ruptures d’une législation qui a varié au cours des siècles, tant dans sa définition que dans sa façon de sanctionner l’inceste. Compliquée et changeante la justice ménage à force de circonvolutions autour de l’enfant victime la puissance des violeurs, la puissance immémoriale des pères de famille, elle leur permet de régner toute leur vie sur les souffrances et les silences. C’est avec le soutien de cette institution judiciaire totalement défaillante qu’ils continuent de mentir de détruire et de menacer, même après avoir été dénoncés.
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