Brèves Urgence Ecosse !
Le gouvernement écossais organise une consultation au sujet de la prostitution et du commerce de l’exploitation sexuelle des femmes et des filles. Tout le monde peut y répondre, même les personnes n’habitant ni en Ecosse, ni au Royaume Uni. Afin de favoriser l’adoption du modèle nordique, l’association Nordic Model Now ! propose d’envoyer cette lettre au gouvernement écossais. La consultation a lieu jusqu’au 20 décembre.
Traduction de la lettre de Nordic Model Now !
Le gouvernement écossais a commencé une consultation appelée “Equally Safe” qui traite de la lutte contre la demande des hommes en matière de prostitution, sur la réduction des méfaits de la prostitution et sur l’aide à la sortie des femmes de la prostitution. Cette stratégie est impressionnante par son exhaustivité et son analyse genrée, par son objectif global d’éradication de la violence à l’égard des femmes et des filles, et par l’accent qu’elle met sur la prévention et la responsabilisation des auteurs.
Toutefois, l’approche actuelle de l’Écosse en matière de prostitution, telle qu’elle est exposée dans le document de consultation, ne reconnait pas que la prostitution tend à enraciner les inégalités de genre et contribue à la domination masculine.
Par conséquent, je pense que cette approche n’est pas suffisante pour prévenir la violence contre les femmes et les filles.
La prévention et l’éradication de ces pratiques et la responsabilisation des auteurs doivent être clairement énoncées comme des objectifs stratégiques primordiaux. Cela s’applique à toutes les stratégies et politiques connexes, y compris celles relatives à la traite des êtres humains, à la criminalité grave et organisée et au contrôle de la prostitution.
Si nous comprenons la prostitution comme une forme de violence contre les femmes et les filles, il ne faut pas exposer les femmes qui se prostituent à des conséquences pénales. Pourtant, en Ecosse, les femmes peuvent actuellement être poursuivies pour racolage. Les casiers judiciaires pour ces délits sont un obstacle à la recherche d’un autre emploi et à la participation des femmes à des activités communautaires, ce qui rend leur vie plus difficile et les empêche de quitter des situations de prostitution. Ces infractions doivent être abrogées et tout casier judiciaire correspondant doit être effacé ou scellé.
Je soutiens l’approche adoptée dans le modèle nordique, qui dépénalise les personnes prostituées, tout en leur offrant un soutien de qualité et des services de sortie, y compris de véritables itinéraires de sortie, et qui fait de l’achat de personnes pour le sexe un délit pénal, afin de changer les attitudes et de réduire la demande des hommes pour la prostitution, qui alimente le trafic sexuel.
Pour être efficace, cette mesure doit être défendue au plus haut niveau et être combinée à des mesures visant à s’attaquer à tous les facteurs qui poussent les gens à se prostituer, ainsi qu’à une législation nouvelle ou renforcée contre le proxénétisme et toutes les formes de profit de la prostitution d’autrui, y compris les services de publicité et de facilitation, en ligne ou hors ligne – comme l’exige l’article 6 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).
Je soutiens également la proposition en sept points du réseau Encompass pour prévenir et éradiquer la prostitution en Écosse.
Une nouvelle étude sur la prostitution en Irlande, à la lumière de l’introduction du modèle nordique dans ce pays en 2017, a donné des résultats prometteurs, même s’il reste encore beaucoup à faire. Contrairement aux affirmations des partisans de la dépénalisation totale de la prostitution, l’étude n’a trouvé aucune preuve que la réforme de la loi ait provoqué une montée en flèche de la violence contre les personnes impliquées dans la prostitution. Elle a cependant constaté que la violence est une caractéristique constante de la prostitution en Irlande, au même titre que l’implication de gangs criminels. La police irlandaise soutient la nouvelle loi et reconnaît qu’elle a le potentiel de dissuader les hommes d’acheter des services sexuels et donc de conduire à un changement culturel positif.
L’étude a montré que les femmes qui se prostituent en Irlande souffrent de multiples vulnérabilités et que celles-ci sont aggravées par l’attitude des clients qui ne se soucient pas du bien-être des femmes et qui exigent souvent des actes risqués et deviennent agressifs lorsque leurs demandes ne sont pas satisfaites. Le rapport conclut que la prostitution est hautement exploiteuse et qu’elle ne peut être autorisée à persister ou à s’étendre, et il formule des recommandations pratiques sur la manière de continuer à améliorer la mise en œuvre de l’approche.
J’invite instamment le gouvernement écossais à tirer les leçons de l’étude irlandaise et à agir maintenant contre l’approche exposée dans le document « Equally Safe » de la prostitution et du commerce de l’exploitation sexuelle, en mettant en œuvre l’approche bien pensée du modèle nordique et toutes les mesures holistiques associées qui sont nécessaires à sa réussite.