Articles récents \ Île de France \ Société Sandrine Goldschmidt : « Les femmes ne se résignent jamais »
2002 est l’année de la création de Femmes en résistance, Festival féministe de documentaires. Cette année, il se tiendra à l’espace municipal Jean Vilar d’Arcueil les 26 et 27 septembre prochains. Cette année la thématique est “Femmes en résistance à la résignation ». Sandrine Goldschmidt, organisatrice du Festival présente la 18ème édition du Festival qui consacrera un temps fort aux 50 ans du MLF.
Pourquoi le thème « Femmes en résistance à la résignation » ?
Lorsque nous avons appris, début juin, que nous pouvions envisager de faire le Festival à l’espace municipal Jean Vilar d’Arcueil cette année alors que tant d’événements ont du être annulés ou transformés en raison de la crise sanitaire, nous nous sommes dit que c’était une belle résistance à la résignation ! Mais surtout, à la vision des films que nous étions en train de choisir, nous avons été impressionnées : les femmes ne se résignent jamais et continuent à résister ! Et ce malgré tout ce qu’on leur fait subir, malgré le backlash qui, des Etats-Unis au Brésil en passant par la France met en danger leurs droits, leurs vies. Nous avions déjà choisi le thème lorsque nous avons appris la mort de Gisèle Halimi, dont un des livres les plus connus est intitulé Ne vous résignez jamais, juste au moment où nous dévoilions le programme. Quelle belle coïncidence !
Cette année, d’autres femmes qui ont marqué les luttes féministes, et notamment des cinéastes, ont disparu. Liliane de Kermadec, qui s’était fait connaître avec Aloïse, Hélène Chatelain, dont nous diffuserons Pourquoi les oiseaux chantent, et Sarah Maldoror. Nous avons choisi cette dernière pour faire notre couverture et pour ouvrir le Festival, avec le rare court métrage qu’elle a fait sur Toto Bissainthe (1). Rare, parce qu’il n’est pas encore restauré, et que c’est un document exceptionnel.
Quels seront les temps forts du Festival : les 50 ans du MLF ?
Oui. En 2020, nous n’aurons pas beaucoup pu fêter les 50 ans du MLF, à cause du COVID.
Nous avons choisi d’y consacrer une séance, la première du samedi 26 septembre, et de réfléchir sur l’évolution de notre société à travers les films documentaires. Nous diffuserons Les enfants du gouvernement, de Claude Lefèvre-Jourde. Le film montre le traitement subi par les mineures enceintes, futures mères célibataires, qu’on appelle alors « filles-mères », enfermées dans un collège du Plessis-Robinson en 1971. La réalisatrice, elle-même surveillante dans l’établissement à l’époque, est celle par laquelle le scandale est dévoilé. C’est grâce à elle que la lutte a été médiatisée et que la situation a pu changer.
Nous diffuserons ensuite Pourquoi les oiseaux chantent, d’Hélène Chatelain. Le film raconte comment, dix ans plus tard, et le MLF étant passé par là, l’accueil et l’accompagnement des femmes en difficulté ont été complètement repensés. On y voit le cheminement qui a conduit à l’ouverture de la Maison des Femmes de Cergy Saint-Christophe en 1984. Une maison ouverte aux femmes du quartier, qui propose de multiples activités que le film nous fait découvrir.
Nous diffuserons également les deux films que nous avons primés au concours Buzzons contre le sexisme catégorie 50 ans du MLF, l’un, Qui a peur de Matilda, dans la première séance, l’autre, Sororité, dans la séance du samedi soir.
Bobines féministes, association de Nadja Ringart et Hélène Fleckinger, présentera enfin un montage qui explique le fonctionnement de cette plateforme d’archives des années 1970.
Ah, et si vous avez regardé le programme, vous verrez que nous avons donné des noms de séances à partir des paroles de l’hymne des femmes : « Le temps de la colère / Brisons nos entraves / Parlons-nous, regardons-nous / Connaissons notre force, les femmes / Ensemble, révoltons-nous ! »
Et le reste de la programmation ?
Difficile de tout passer en revue ! Parmi les longs métrages, nous diffuserons In Search le samedi à 17h30, un magnifique film de Beryl Magoko, réalisatrice kenyane sur la reconstruction après l’excision. Le soir, dans la séance « Parlons-nous, regardons-nous », nous diffuserons, en plus Mon nom est clitoris, un film où des jeunes femmes s’expriment sur leur sexualité. La séance sera suivie d’un débat. Osez le féminisme ! viendra parler de sa campagne « Les frangines » sur le sujet .
Le dimanche 27, deux films importants : Chichinette, dont nous ne pouvons rien vous dire à l’avance et Warrior Women, sur la vie de Madonna Thunder Hawk, l’une des fondatrices de l’American Indian Movement. Enfin, il ne faut pas oublier les courts-métrages, je citerais en particulier Gloria’s call à propos de Gloria Orenstein, et Quebramar, qui suit un groupe de lesbiennes brésiliennes dans un pays où être et se dire lesbienne est si dangereux.
L’année 2020 est-elle une année particulière ?
Bien sûr, en raison du COVID, nous avons dû nous adapter. Nous faisons 5 séances pour laisser des temps d’aération. La capacité de la salle est réduite mais elle est grande, il ne devrait donc pas y avoir de problème de places (il reste 130 places disponibles). En revanche, nous devons renoncer à offrir une restauration ou des boissons sur place. Les spectatrices/spectateurs qui souhaitent rester toute la journée sont donc invité·es à prévoir ! Nous le regrettons, bien sûr, mais il est évidemment impossible de stationner dans le hall. Et nous sommes déjà très heureuses de pouvoir poursuivre ce très beau partenariat avec l’espace Jean Vilar et la ville d’Arcueil.
Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine
(1) Marie Clothilde « Toto » Bissainthe (1934-1994) était une chanteuse, compositrice et comédienne haïtienne.