Brèves Harcèlement de rue : la méthode 5D pour réagir
Avec le début de l’été et le déconfinement, le harcèlement de rue est malheureusement de retour dans l’espace public. Comment y faire face quand on en est victime ? Comment réagir quand on en est témoin ? En avant toute(s) propose des formations sur le sujet, livre des conseils et dévoile sa méthode “5D”.
Le harcèlement de rue, de quoi parle-t-on ?
La notion de harcèlement de rue regroupe « tous les comportements verbaux, non verbaux ou physiques de nature sexuelle et étant non désirés ». Les sifflements, les interpellations, suivre quelqu’un, ou encore les frôlements font partie du harcèlement de rue. En France, 81 % des femmes ont été victimes de harcèlement de rue. Pourtant, ce sont seulement 20 % d’entres elles qui ont reçu de l’aide extérieure*. L’effet témoin (c’est-à-dire le fait que les personnes présentes ne se sentent pas directement responsables car beaucoup de témoins assistent à la scène), la crainte d’empirer la situation ou une perception atténuée de la gravité du harcèlement sont des facteurs qui contribuent à l’inertie.
Intervenir en tant que témoin : les 5D
- Distraire : il s’agit de détourner l’attention du harceleur afin de faire stopper la situation. Il est par exemple possible de demander son chemin, de bloquer le passage discrètement, de faire semblant de connaître la personne harcelée. Une autre option peut aussi être celle de parler très fort ou simplement, de se tenir à côté de la personne.
- Dialoguer : s’adresser directement à la personne harcelée est la deuxième méthode. Lui demander si elle va bien, si elle souhaite être accompagnée, voire formuler explicitement qu’elle n’a rien fait de mal peut, d’une part, dissuader le harceleur et, d’autre part, la rassurer et diminuer l’impact traumatique pour la victime.
- Déléguer : solliciter de l’aide auprès d’autres personnes présentes ou d’un.e professionnel.le sur place, a fortiori s’il ou elle représente une forme d’autorité (agent.e de sécurité, contrôleur.euse, mais aussi barman.aid…), est aussi une manière d’intervenir tout en restant soi-même en sécurité. Si la personne harcelée le souhaite, la police peut être contactée.
- Documenter : sans intervenir directement, enregistrer la scène peut permettre à la victime de porter plainte ultérieurement. Dans ce cas, de bonnes pratiques sont à respecter : être en sécurité, filmer suffisamment de contexte pour identifier le lieu et mentionner à l’oral la date et l’heure. Une fois l’enregistrement terminé, c’est la victime qui décide qu’en faire : celui-ci ne peut pas être diffusé sans son autorisation.
- Diriger : la dernière méthode est la plus engageante et n’est à utiliser que pour éviter la violence. Il s’agit d’attirer l’attention sur la situation en interpellant directement le harceleur. S’il est possible de lui signifier explicitement que son action n’est pas acceptable, il faut en revanche éviter le débat.
“Les actions les moins directes sont toujours à privilégier car elles évitent de tendre la situation, d’autant plus qu’il y a parfois des difficultés à savoir ce qu’il se passe exactement”, explique Ynaée Benaben, co-fondatrice d’En avant toute(s). Pour lever les doutes et confirmer qu’il s’agit bien d’une situation de harcèlement, le langage corporel de la victime est souvent d’une aide précieuse car il aide à révéler son malaise.
Faire face en tant que victime
En tant que victime du harcèlement, il est possible d’appliquer les 3D de Diriger, Déléguer et Documenter. “Ce qu’il faut retenir, c’est surtout que ce n’est pas à la victime d’avoir la réaction parfaite et que celle-ci n’a jamais à culpabiliser d’avoir été harcelée ou de n’avoir pas su réagir. En intervenant en tant que témoin, on a davantage la possibilité de garder la tête froide et de faire stopper la situation facilement”, conclut Ynaée Benaben.