Articles récents \ France \ Économie Le Laboratoire de l’Égalité lance un Pacte pour lutter contre la précarité des femmes

Alors que les femmes sont plus exposées à la crise sanitaire et économique liée à la COVID-19, le Laboratoire de l’Égalité a dévoilé, le 6 juillet 2020, un Pacte pour lutter contre la précarité des femmes. L’objectif de ce pacte ? « Réduire les inégalités entre les femmes et les hommes et faire en sorte que les femmes puissent mener une vie professionnelle leur permettant d’être autonomes »

Qu’elles soient moins payées que leurs collègues masculins, qu’elles occupent les métiers les moins rémunérés ou qu’elles soient sans emploi parce qu’elles ont des enfants en bas âges, les femmes sont plus touchées par la précarité que les hommes. En témoignent les chiffres : selon le Laboratoire de l’Égalité, elles représenteraient 67 % des travailleuses/travailleurs pauvres de France. En cause notamment, les inégalités professionnelles qui pénalisent fortement les femmes : elles sont payées 25 % de moins que les hommes et 9 % de moins à poste égal et compétences égales. Des inégalités récemment mises en lumière lors de la crise sanitaire, les métiers féminisés et sous-payés (infirmières, aides-soignantes, hôtesses de caisse, agentes d’entretien, aides à domicile, etc.) étant en première ligne face à la COVID-19 et parce que les femmes en situation de précarité sont davantage fragilisées par la crise économique engendrée par la pandémie. 

Face à ce constat, le Laboratoire de l’Égalité a dévoilé, le 6 juillet dernier, un Pacte pour lutter contre la précarité des femmes, comprenant plusieurs propositions visant à « réduire les inégalités entres les femmes et les hommes » et à faire en sorte que « les femmes puissent mener une vie professionnelle leur permettant d’être autonomes ». Pour constituer ce pacte, le Laboratoire de l’Égalité s’est penché sur trois causes qu’il estime « majeures » à la précarité des femmes : le temps partiel, l’éloignement de l’emploi et la monoparentalié. « Agir sur ces déterminants permettrait aux millions de femmes aujourd’hui touchées par la précarité d’accéder à la sécurité économique, psychologique, sociale, et reviendrait à les rendre autonomes en les sortant de la course aux aides sociales », explique le Laboratoire. 

Le temps partiel : un facteur d’inégalités professionnelles

Selon le Laboratoire de l’Égalité, le temps partiel « alimente les inégalités professionnelles », puisqu’il serait « un facteur de blocage de promotion » et entrainerait des « primes moins importantes », « des carrières stagnantes » et « des petites retraites ». Or, les femmes représentent plus de 76 % des contrats à temps partiel en France, alors que plus d’un tiers d’entre elles souhaiterait travailler davantage. « Le nombre élevé de femmes dans ce type d’emploi est notamment lié à la notion de salaire d’appoint dans un couple et au poids des responsabilités domestiques et famililales qui sont encore trop peu partagées », souligne le Laboratoire. En 2017, parmi les 3,7 millions de femmes travaillant à temps partiel, 2,4 millions étaient payées moins de 964 euros par mois. 

Pour lutter contre la précarité des femmes causée par le temps partiel, le Laboratoire de l’Égalité propose de « sécuriser le travail à temps partiel » en rémunérant « à sa juste valeur le travail des femmes ». Le Pacte souligne également l’importance « d’agir sur la mixité des métiers » et de « revoir les processus de professionnalisation des compétences souvent dites naturelles ou féminines ». « Il s’agit de sensibiliser les partenaires sociaux, de produire des données RH objectives et sexuées, d’élaborer des critères d’évaluation des métiers non-discriminants, prenant en compte la valorisation des expériences, reconnaissant les exigences physiques des emplois dits féminins et prenant en compte la charge émotionnelle », précise le Laboratoire. Il souhaite également allonger les temps de travail en limitant les dérogations permettant des contrats de moins de 24 heures par semaine et en majorant les heures effectuées tôt le matin ou tard le soir. 

L’accès difficile des femmes au marché du travail

Les femmes sont plus exclues du marché du travail : selon le Laboratoire de l’Égalité, elles représenteraient 53 % des personnes sans emploi régulier depuis un an ou plus. En cause ? Des contraintes familiales (enfants en bas âges, situation de monoparentalité, etc.), un faible niveau de qualification ou d’étude, un manque de confiance, une méconnaissance des techniques de recherche d’emploi ou encore un éloignement géographique. De plus, la crise économique liée à la pandémie de la COVID-19 fragile davantage l’accès à l’emploi pour ces femmes.

Pour accompagner au mieux les femmes vers le marché de l’emploi, le Laboratoire de l’Égalité propose de « renforcer et centraliser les dispositifs qui cible les femmes les plus éloignées de l’emploi et aux moindres qualifications ». Pour ce faire, le Pacte souligne l’importance de former les accompagant·es qui travaillent avec ces femmes ainsi que les intervenant·es des collèges et lycées « afin de changer leurs représentations et d’éviter qu’ils ou elles les orientent vers des métiers précaires ». Le Laboratoire de l’Égalité souhaite également valoriser le partage des tâches domestiques, qui sont réalisées à 80 % par des femmes, et qui pénalisent leur carrière professionnelle.

Le Pacte réclame également une revalorisation des retraites des femmes, qui est aujourd’hui inférieure de 42 % à celle des hommes, ce qui représente 800 euros de moins par mois. « Il faut prendre en compte, dans le système de calcul de retraite, les spécificités des carrières des femmes et la recomposition des modèles familiaux. »

85 % des familles monoparentales gérées par des femmes

Un quart des familles françaises sont des familles monoparentales, rappelle le Laboratoire de l’Égalité. Or, 85 % de ces familles sont gérées par des femmes, dont un tiers travaille en temps partiel et 40 % n’ont pas d’activité professionnelle. « Le confinement a fortement détérioré la situation des familles monoparentales déjà précaires dans la mesure où cela a accru davantage leur isolement et leurs difficultés financières », ajoute le Laboratoire. 

Parmi les nombreuses propositions émises par le Pacte, le Laboratoire recommande notamment une organisation du temps de travail et de la garde des enfants, ainsi qu’un accès assuré aux prestations sociales : « la crainte de perdre la garde de leurs enfants doit être prise en compte dans l’accueil des professionnel·les du secteur social et du secteur médical ». Pour permettre aux femmes d’organiser au mieux leur temps de travail, le Laboratoire de l’Égalité propose également de mobiliser les entreprises afin qu’elles prennent en compte les contraintes liées à la monoparentalité et qu’elles cherchent des solutions adaptées pour leurs salariées. 

Au travers de ce pacte, le Laboratoire de l’Égalité espère ainsi mobiliser les décisionnaires politiques, économiques et sociaux, afin « qu’ils et elles interviennent sur l’ensemble des facteurs responsables de la précarité des femmes aujourd’hui renforcés par la crise économique provoquée par le coronavirus ».

Priscillia Gaudan 50-50 Magazine

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