Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes Parité dans les exécutifs locaux : une occasion manquée ?
Suite à l’élection de ces conseils et exécutifs, et en écho à la Vigilance Egalité publiée avant les élections (2), le HCE alerte sur la nécessité de respecter les règles paritaires lors des élections du 28 juin prochain, notamment pour l’élection des premier·es adjoint·es, et de renforcer les règles paritaires pour l’avenir.
A noter que, pour le second tour, qui concernera environ 4 800 communes, les femmes représentent 47 % des candidat·es et un peu plus de 24 % des têtes de liste dans les communes de plus de 1 000 habitant·es, soit 5 points de plus qu’en 2014 où elles n’étaient que 18,8 %.
Les hommes représentaient 71,5 % des premier·es adjoint·es (toutes communes confondues) lors des dernières élections. L’instauration de cette contrainte paritaire peut permettre une progression du nombre de femmes parmi les deux premier·es adjoint·es, même s’il faut rappeler que les places de numéro un et de numéro deux (maire/1e adjoint·e ou président·e/1e vice-président·e d’intercommunalité) ne sont pas concernées par des règles paritaires.
Les données sur l’alternance paritaire parmi les adjoint·es dans les communes de plus de 1 000 habitants ne sont pas encore disponibles dans leur globalité mais l’on sait que certaines communes ont vu leurs listes rejetées par les préfectures pour ne pas avoir présenté des listes d’adjoint·es en alternance.
Là où des règles paritaires existent, la tendance est au partage du pouvoir. En l’absence de contraintes, la parité n’advient pas spontanément.
Quant aux intercommunalités, que ne concerne aucune règle paritaire et qui étaient dans le rouge lors des élections de 2014, il est à craindre qu’en l’absence de nouvelles règles, la nomination des représentant·es des communes au conseil communautaire, puis les élections de l’exécutif dans les Etablissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ne viennent confirmer cette tendance.
En plus d’être moins nombreuses à la tête des listes candidates, les femmes ont moins de chances qu’un homme de remporter l’élection. 33 % des listes menées par une femme ont remporté l’élection avec plus de 50 % des suffrages. C’est le cas de 44 % des listes menées par un homme.
Analyse selon les grands blocs de clivages politiques : un léger avantage aux listes de gauche. Cet effet d’éviction peut être analysé au regard des nuances politiques attribuées aux listes candidates dans les communes de plus de 3 500 habitant·es par le ministère de l’Intérieur, qui les classe par grands blocs de clivages (extrême-gauche, gauche, centre, droite, extrême-droite, divers). Quelle que soit la nuance politique, les listes sont davantage menées par un homme que par une femme, même si l’on observe un léger avantage en faveur des femmes pour les listes de gauche.
Cette tendance se renforce pour les listes ayant remporté le premier tour avec la majorité des suffrages : elles ne sont presque jamais menées une femme et, quand elles le sont, ce n’est que pour 18 % d’entre elles pour les partis de gauche, 15 % pour les partis de droite, et 14 % pour les partis de centre (aucune liste d’extrême-gauche n’ayant été élue avec plus de 50 % des suffrages).
– d’étendre le scrutin de liste paritaire par alternance à l’élection des conseiller·es et des
adjoint·es des communes de moins de 1 000 habitant·es, comme c’est le cas dans toutes les autres communes ;
– d’élire l’exécutif des EPCI au scrutin de liste paritaire par alternance ;
– de rendre obligatoire l’existence d’un tandem paritaire maire/premier·e adjoint·e à la tête de toutes les communes.
– garantir (plutôt que favoriser) l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives dans l’article 1e de la Constitution ;
– limiter le cumul des mandats pour favoriser le renouvellement du personnel politique. Les mandats pourraient être limités à deux mandats concomitants et trois fois trois mandats dans le temps, parmi lesquels trois mandats à la tête d’un exécutif local ; trois mandats de membres d’un exécutif local, hors tête de l’exécutif ; trois mandats parlementaires.
2 Vigilance égalité « Elections municipales et communautaires de mars 2020 : les nouveaux et nouvelles élu·es devront veiller à la parité dans les exécutifs locaux et l’attribution des délégations »
3 Données extraites du fichier du ministère de l’Intérieur, 17 juin 2020.
6 Article 28 de la loi n° 2019-1461 du 27 décembre 2019 relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique