Articles récents \ Monde Les associations féministes ne relâchent pas la pression
Alors que la crise sanitaire actuelle exacerbe les inégalités femmes/hommes, les associations féministes comptent bien faire pression sur le gouvernement. L’enjeu ? Mettre les questions d’égalité de genre au centre des discussions et préparer au mieux le Forum Génération Égalité.
Si le Forum Génération Égalité (FGE), initialement prévu en juillet 2020, a été décalé en 2021, les associations féministes comptent bien mettre à profit ce temps supplémentaire. Et pour cause : la crise sanitaire actuelle intensifie les inégalités de genre. Les femmes se retrouvent en première ligne face au Covid-19, sans compter l’augmentation des violences domestiques et de la charge mentale.
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant », disait Simone de Beauvoir. Les associations féministes ont donc décidé de poursuivre le travail sur le FGE. Le Forum organisé par ONU Femmes, co-présidé par la France et le Mexique, se tiendra à Paris en 2021, « probablement en juin ou juillet » selon les informations données aux associations. L’événement lancera un ensemble d’actions afin de réaliser immédiatement et durablement des objectifs en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Augmenter la pression sur le gouvernement
Il a fallu réinventer de nouvelles façons de travailler, à distance. Dans le prolongement de la coalition Women 7, animée l’an dernier par Equipop et CARE France, une soixantaine de représentant·es d’associations ont organisé une réunion virtuelle pour parler du FGE. L’objectif ? Coordonner leurs actions pour faire pression sur le gouvernement et et co-construire avec lui la diplomatie féministe revendiquée par la France depuis mars 2019.
Le FGE prévoit six Coalitions d’action. « Les Coalitions d’action sont des partenariats multi-acteurs, mondiaux et innovants, qui mobiliseront les gouvernements, la société civile, les organisations internationales et le secteur privé en vue de : dynamiser l’action collective, susciter un dialogue intergénérationnel tant au niveau mondial que local, stimuler l’investissement public et privé, parvenir à des résultats concrets qui permettent de changer la donne pour les femmes et les filles de toutes les générations », peut-on lire sur le site de l’événement.
Mais les associations s’inquiètent, car les ambitions politiques françaises ne semblent pas être à la hauteur. Le risque serait d’aboutir à une simple opération de communication de la part du gouvernement, qui mettrait en avant quelques projets phares, sans remettre en question le caractère systémique des inégalités femmes/hommes.
Pour éviter un tel écueil, les responsables aimeraient mobiliser un maximum d’associations, afin d’obliger le gouvernement à impliquer davantage les mouvements féministes dans un processus de collaboration.
Créer un document commun
Les associations ont présenté à Delphine O un document de positionnement commun, pour exprimer leurs attentes vis-à-vis du gouvernement français et du Forum Génération Egalité. Les associations souhaitent un événement co-construit entre les différentes parties prenantes, une implication de toutes les associations, y compris les plus petites, dans le processus, et des Coalitions d’action élargies. Les associations féministes comptent également intégrer l’impact du Covid-19 dans le processus de réflexion. Car personne ne peut ignorer les conséquences, souvent négatives de cette crise sur les femmes et les filles dans le monde.
Lors des prochaines réunions, les associations ne relâcheront donc pas la pression, bien au contraire, et tenteront d’influencer les pouvoirs publics pour un FGE efficace. « Les associations féministes doivent participer à toutes les étapes, afin de partager leurs expertises, faire entendre leurs voix, et donner au processus une dimension plus politique. », concluent-elles.
Chloé Cohen, 50-50 magazine