Articles récents \ France \ Politique Lucile, assistante de production et de réalisation: «Nous nous faisons balader depuis des semaines»
Emmanuel Macron a dressé, le 6 mai, une liste de propositions pour faire sortir le secteur culturel de l’impasse. Prolongation des droits à l’assurance-chômage pour les intermittente·s, réouverture des salles de spectacles ou encore travail étroit entre l’Education nationale et la Culture : des pistes peu convaincantes selon certain·es actrices/acteurs du secteur.
Le chef de l’État s’est entretenu le 6 mai avec des représentant·es du secteur culturel, à l’issue de deux mois d’arrêt complet. Parmi les propositions reprises par Emmanuel Macron, l’instauration d’une » année blanche » pour les intermittent·es du spectacle. Un souhait émis depuis le début de la crise, objet de nombreuses pétitions. La dernière en date a recueilli plus de 90 000 signatures.
Beaucoup d’intermittent·es du spectacle ne pourront pas faire suffisamment d’heures pour ouvrir leurs droits au chômage. Emmanuel Macron vient de proposer au ministre de la Culture et à la ministre du Travail une prolongation de la période de calcul des heures ainsi qu’une exonération des cotisations pour les autrices/auteurs pendant quatre mois.
Un engagement qu’il ne faut pourtant pas prendre pour argent comptant selon Sophie, comédienne de 31 ans, basée à Paris. » Si nous n’avons pas d’année blanche, personne n’arrivera à faire ses heures et beaucoup devront arrêter leur métier. Mais j’attends de voir ce que nous aurons concrètement « , explique-t-elle.
« Rien n’a été dit sur l’activité partielle »
Angle mort des propositions du président de la République : l’accès au chômage partiel pour les productrices/producteurs et les employeuses/employeurs. » Nous nous faisons balader depuis des semaines sur ce sujet « , déplore Lucile, assistante de production et de réalisation au cinéma. » Muriel Pénicaud ne répond pas aux sollicitations et aux remontées du secteur et là dessus encore rien n’a été dit (…) par Emmanuel Macron « , s’inquiète-t-elle.
L’activité partielle serait d’autant plus difficile d’accès dans ce secteur car certains contrats peuvent être signés 48 h après la prise de fonction. Impossible pour le moment de faire prévaloir les engagements de l’employeuse/ l’employeur avant la signature du contrat et d’obtenir du chômage partiel.
Mais Emmanuel Macron a esquissé une porte de sortie pour que les intermittent·es puissent effectuer leurs heures manquantes en animant des activités pour des petits groupes d’enfants, dès le déconfinement. « J’ai besoin de gens qui savent faire des choses à inventer pour les jeunes » avait déclaré le chef de l’État le 6 avril.
Des propositions qui ont un goût amer pour ces deux intermittentes. » Cela fait des années que les spectacles sont assujettis à des conditions de financement dont l’éducation artistique et culturelle. C‘est nier ou ne pas connaître nos métiers « , déplore Lucile.
Pour Sophie, l’urgence est dorénavant de rouvrir les salles de spectacle, de théâtre, les cinémas. » Les gens ont plus que jamais besoin de liens sociaux », explique-t-elle. Mettre en deuxième ligne le déconfinement des lieux culturels revient, selon elle, à » sacrifier et à museler les artistes « .
Charlotte Montgibeaux 50-50 magazine