Articles récents \ Île de France \ Société Sexualité pour tou·tes avec le programme « Handicap et alors ? »
Le travail du Planning Familial vise à reconnaître et promouvoir la vie relationnelle, affective et sexuelle des personnes en situation de handicap et à faire changer le regard de notre société sur leur sexualité. « Tout être humain désire, éprouve du plaisir, et aime, quel que soit son physique, ses déficiences, son identité de genre ou son orientation sexuelle » rappelle le programme du Planning Familial « Handicap et alors ? ». Immersion dans un Institut médico-éducatif (IME) de Seine et Marne : des adolescent·es s’expriment sur la sexualité après plusieurs interventions du Planning Familial.
A la demande d’un l’Institut médico-éducatif, le Planning Familial 77 est intervenu en 2019 pour animer des ateliers « Vie affective et sexualité ». Toutes les deux semaines étaient organisées quatre séances pour les filles et trois pour les garçons. Elles se sont déroulées en suivant un cadre fixé respectant les règles de bienveillance, de confidentialité, d’écoute et respect mutuel.
Des échanges ont eu lieu à partir de différents outils pédagogiques d’éducation populaire : jeux sensoriels, supports anatomiques, visionnage de courts métrages, outils d’animations adaptés au vécu émotionnel et cognitif des publics. Les différents sujets proposés portaient sur la rencontre amoureuse, le couple, le cybersexisme et la pornographie.
Quelques mois plus tard, nous rencontrons cinq adolescent·es ayant bénéficié des interventions du Planning Familial dans une discussion informelle en présence de leur éducateur spécialisé. Avant de commencer notre discussion, un jeune adolescent de 16/18 ans rappelle au groupe les règles instaurées : « Tout ce qui se dit ici est confidentiel, il ne faut pas couper la parole, et respecter l’écoute des autres ».
Une adolescente nous présente une brochure, proposée par le Planning Familial 77, « Pourquoi ma sexualité n’est pas un handicap ? » qui dit- elle « peut nous apprendre beaucoup de choses. » La brochure explique que pour l’OMS tout le monde a le droit à sa santé sexuelle. Pour l’OMS «tout le monde c’est aussi moi », « Mon corps est à moi !», « j’ai le droit à mon intimité », « j’ai le droit de savoir comment faire et ne pas faire d’enfant. »
Cette plaquette sensibilise les jeunes à la santé sexuelle et reproductive avec des phrases clés et des dessins. Elle aborde les thématiques suivantes : plaisirs intimes, orientations sexuelles, tolérance, appropriation du corps, contraceptions et consentement.
Les discussions informelles tournent très vite autour de la notion de couple, coup de foudre, jalousie, tromperies…
« Quand on a confiance, on n’est pas jaloux »
La question de la jalousie est posée. Les réponses arrivent vite.
« Avant de se mettre en couple avec son ou sa partenaire, on doit apprendre à connaitre la personne, c’est-à-dire, prendre son temps. » « Avant d’être en couple, tu es d’abord ami·e proche, et petit à petit si tu l’aimes et qu’elle/il t’aime, tu peux sortir avec. »
« Moi je ne suis pas jalouse qu’une fille parle avec mon mec, moi il m’autorise à parler avec des garçons, je le laisse libre d’aller avec ses potes filles ou garçons. » « Quand on a confiance, on n’est pas jaloux. » « La confiance, ça se gagne. »
Une animatrice pose la question : « j’aimerais que tout le monde définisse ce que veut dire le charme, pour vous c’est quoi le charme ? »
« C’est se faire beau, être jolie quoi ! », « Moi je ne sais pas ce que c’est que le charme », « quand tu trouves une fille belle, c’est qu’elle a du charme, le charme ça peut être le regard, la manière de parler…l’image que tu renvoies », « la façon de rigoler », « le charme c’est la beauté, il faut être bien apprêté·e, ne pas arriver en jogging à un rencard par exemple, ça fait moche », « je ne suis pas d’accord, tu as le droit de faire comme tu veux, tant que tu prends bien soin de toi », « c’est vrai qu’à un rendez-vous galant, il faut être propre, bien habillé·e et se maquiller », « les mains propres, les cheveux attachés », « mais pas trop se maquiller ».
Retours sur expériences
« Moi il y a eu deux ateliers qui m’ont plu : la rencontre amoureuse, le couple et les réseaux sociaux. Par exemple, une rencontre amoureuse c’est quand une fille rencontre un beau garçon, elle le regarde ou inversement, comme on dit les yeux sont faits pour regarder », « moi ce que j’ai préféré, c’était d’échanger avec les personnes du Planning Familial. »
Un jeune avance une discussion sur les sites de rencontres, et nous explique qu’il attendait beaucoup de l’intervention du Planning Familial pour évoquer ces questions. En effet, la collaboration entre l’IME et le Planning Familial a permis de mettre en place un important travail éducatif de prévention sur les cyberviolences. Le travail du Planning avec les institutions a pour objectif de « favoriser l’accès à l’autonomie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap, dans le respect et l’intérêt de tous les acteurs de terrain tel que le rappelle la loi 2005. »
Ce même jeune adolescent explique « qu’il faut faire attention, car si on envoie une photo de nous dénudé·e, on ne sait pas ce que peut en faire la personne, trafiquer la photo par exemple ». L’éducateur exprime sa fierté face à la participation spontanée des jeunes et rappelle qu’il est question d’une « mise en danger ». Un jeune homme complète cette intervention en évoquant l’importance de régler les paramètres de confidentialité.
Cette discussion informelle qui a eu lieu dans la plus grande des bienveillances témoigne des interrogations que se posent tout·es les adolescent·es en situation ou non de handicap.
Dune Kreit 50-50 Magazine