Articles récents \ France \ Politique Le 8 mars, les femmes seront les Grandes gagnantes
30 collectifs, associations et syndicats s’unissent et appellent massivement à la mobilisation le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Elles étaient une dizaine le 3 mars à présenter le programme de la marche organisée à Paris. Ensemble, elles ont dessiné un parcours aux actions symboliques afin de faire de ce rassemblement la marche des “Grandes gagnantes”.
En Novembre, les Français·es étaient plus de 150 000 à marcher contre les violences sexistes et sexuelles dans toute la France. La mobilisation était aussi très forte devant la salle Pleyel pendant la cérémonie des César.
Le constat est sans appel : les rassemblements féministes s’emparent de l’espace public. Des mobilisations qui s’étendent au-delà de nos frontières, des États-Unis avec la Women’s March jusqu’en Inde avec l’incroyable chaîne humaine pour l’égalité de 620 km. Ce sont toutes les femmes du monde entier qui s’indignent, s’expriment et protestent. Une étape de la marche aura ainsi pour but de rendre hommage aux femmes migrantes. Comme l’explique Huayra LLanque, membre d’Attac, « la multiplication des rassemblements rend compte des inégalités que subissent les femmes au quotidien« . Plus qu’une simple marche, ce 8 mars s’insère dans une véritable dynamique mondiale.
Marcher contre la réforme des retraites, marcher contre la précarité.
Avocates, enseignantes, danseuses, femmes de ménages, infirmières, cheminotes…., elles seront toutes dans la rue. Alors que la réforme des retraites connaît un tournant avec la mise en place du 49.3, les femmes de toutes les professions seront plus que jamais présentes et feront entendre leur voix. Comme le rappelait Claire Charles des Éffronté·es, la retraite est le point culminant d’une vie d’inégalités pour les femmes sur le plan salarial et domestique. Les femmes restent donc les grandes perdantes d’une réforme qui ne fera qu’augmenter les inégalités de genre préexistantes et continuera d’enraciner les femmes dans la précarité.
La marche s’insèrera pleinement dans ce contexte, grâce à la mise en place d’actions emblématiques. L’inauguration de la marche sera marquée par deux temps forts, une contestation du travail du dimanche devant le centre commercial Italie 2 suivi d’un haka des avocates devant la mairie du 13ème arrondissement. Puis, le cortège se dirigera vers l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière afin de contester l’invisibilisation et l’infériorisation des métiers dits féminins. Le rassemblement fera ensuite une minute de silence en hommage à l’infirmière Élodie, tuée par un patient le 13 février dans le département des Deux Sèvres. Cet arrêt devant l’hôpital de la Salpêtrière permettra aussi pointer du doigt la pénibilité au travail. À ce titre, la marche apportera son soutien aux cheminotes devant la Gare de Lyon, aux femmes de ménage devant l’hôtel Ibis Batignolles et aux danseuses et musiciennes devant l’Opéra Bastille.
Marcher contre les violences
150 féminicides en 2019. 16 déjà recensés en 2020. Le hashtag #JeSuisVictime lancé à la suite de la cérémonie des César et qui prend de l’ampleur sur Twitter.
Les femmes, parce qu’elles sont femmes, subissent des violences au caractère pluriel. Au sein d’un cabinet gynécologique, dans leur travail, dans la rue, chez elles… ces violences sont partout, parfois intégrées et invisibilisées. La marche sera donc l’occasion de dire stop. En fin de parcours, place de la République, un “die-in” sera organisé pour rendre hommage à toutes celles qui ne peuvent plus le faire, comme un cri de guerre silencieux dont la devise sera “pas une de plus”. L’hymne international « El violador eres tu » sera aussi clamé par Alerta Feminista, suivi d’une « minute de colère contre le César de la honte ». Enfin, un cri en solidarité aux femmes kurdes du Rojava se fera entendre. Des actions fortes qui clôtureront cette journée et qui s’insèrent dans un contexte de libération de la parole. Céline Piques d’Osez le féminisme ! parle d’une lueur d’espoir, « les choses ont réellement changé sur la question des violences sexistes et sexuelles« .
Marcher pour la reconnaissance
La particularité de ce 8 mars sera sa diversité au sein de ses actions et revendications. Une marche pour la reconnaissance qui fait le lien entre un contexte politique qui enferme les femmes dans leur précarité et une société patriarcale et sexiste qui les maintient en situation d’inégalités. Les femmes l’ont déjà prouvé, elles sont là, elles ont des droits, elles sont importantes. C’est ce qu’essaie de démontrer On arrête toutes. Plus qu’un appel à la marche, le collectif souhaite mettre en place une véritable “grève féministe”. Suzy Rotman du CNDF le rappelle, lorsque les femmes s’arrêtent, “tout s’arrête”. Une grève qui se situe à tous les échelons, tant au travail qu’à la maison.
Faire la grève féministe, c’est aussi arrêter de consommer et refuser les injonctions capitalistes et sociétales qui pèsent sur les femmes.
Sept raisons de marcher le 8 mars par la Marche Mondiale des Femmes
Marie Tremblay 50-50 magazine