Articles récents \ Île de France \ Politique 23 novembre à Paris, une manifestation historique
Le 23 novembre fut un jour historique dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Selon les chiffres de #NousToutes, 150 00 personnes ont défilé dans toute la France. A Paris, des hommes et des femmes, de toutes générations, mais surtout des jeunes, ont marché d’Opéra à Nation pour que les violences soient enfin prises en compte comme un problème politique grave. Les 360 millions d’€ annoncés ce matin par le gouvernement sont bien en dessous du milliard d’€ que réclamaient samedi les manifestant.es.
Retour en images sur la plus grande manifestation féministe jamais organisée à Paris:
Vidéo par Marie-Hélène Le Ny 50 – 50 Magazine
Nous avons posé la même question à des personnalités rencontrées au cours de la manifestation. Selon vous, quelle est la mesure la plus importante que le gouvernement devrait prendre ? Réponses de :
Sandrine Bonnaire, actrice
La première chose à faire, c’est de former la police à arrêter de contester les plaignantes en leurs disant qu’elles n’ont pas de traces et qu’elles ont besoin de montrer des preuves des violences subies. Les traces de coups viennent après. Je vous le dis car moi-même j’ai été strangulée et je n’ai pas porté plainte tout de suite. Même si j’avais porté plainte le jour même, je n’avais pas encore de trace de strangulation.
Il faut arrêter d’attendre d’avoir les traces des violences, sinon il est trop tard. Il faut que la police entende directement la plainte de la personne.
Il faut évidement que les femmes portent plainte, qu’elles fassent appel à la justice et il faut que la justice condamne à bon escient les agresseurs. Souvent, il y a du sursis ou de la liberté conditionnelle. Je trouve que le sursis par rapport à un traumatisme physique et moral n’est pas forcément suffisant. Il y a des hommes qui récidivent. Un sursis est trop léger à mon sens. Le sursis, c’est comme le retrait des points du permis de conduire. Il suffit d’attendre un peu, se tenir à carreau un moment puis après on peut recommencer. Mais je me demande si la prison est une réponse. Je ne sais pas si c’est cela qui rendra les agresseurs plus humains.
En tout cas la justice ne doit pas prendre les choses à la légère. Elle doit condamner, c’est important.
Je pense qu’il faut un suivi psychologique des agresseurs. Il existe des hommes qui maltraitent sur des années. Ma nièce par exemple s’est mariée avec son compagnon et à subi trois ans de maltraitance. J’ai assisté à son procès, c’était une horreur. Je me disais que cet homme était fou. Il a été jugé avec obligation de suivi psychologique. Je pense que ce suivi psychologique est très important.
Laurence Cohen, sénatrice PC
Nous sommes en plein examen du budget de l’Etat et pour moi, la mesure que le gouvernement devrait prendre est de débloquer des moyens. Nous avons évalué que pour répondre aux besoins des femmes il faudrait environ 1 milliard d’euros, notamment pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Il faudrait vraiment que le gouvernement débloque des moyens suffisants parce qu’ actuellement, on voit bien que cette question des moyens n’est pas sa priorité, malgré ce qu’il affiche.
Raphaël Gluksmann, député européen Place Publique
La mesure la plus importante n’est pas celle du budget. Il y a certes une question budgétaire, mais je pense que former les policiers à agir dans l’intérêt des femmes est une priorité. Il ne faut pas que l’on reste dans une normalité où l’on invite ces femmes à rentrer chez elles, sans même les raccompagner. Chez elles, elles prendront des coups jusqu’à ce qu’elles en meurent.
De manière générale, le gouvernement devrait faire beaucoup plus d’efforts sur l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est un combat fondamental. Il existe des exemples, ainsi en Espagne, pays où il existe des traditions de machisme patriarcal, les féministes ont tout de même même réussi à faire bouger les choses, grâce à une certaine volonté politique. Ce qui n’est pas le cas en France.
C’est pour moi aussi le sens de cette marche. Au-delà des violences.
Marilou Berry, actrice
Le gouvernement devrait appliquer les lois qui existent. C’est ça le plus gros problème, il existe de nombreuses lois qui ne sont pas appliquées.
Il n’est plus possible de dire à 9 femmes sur 10 qui portent plaintes de rentrer chez elles. Cela n’est plus possible.
Toutes les femmes qui sont mortes sous les coups de leur mec ont porté plainte à un moment donné. Elles ont demandé de l’aide et sont allées chercher ces aides mais on leur a dit de rentrer chez elles. Il y a plein de choses à faire mais commençons par cela, faire appliquer les lois et que la justice fasse son travail.
Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine