Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes Entendu à la Mairie : harcèlement sexuel dans les mairies
#NousToutes et EluesLocales.fr ont récolté plus de 350 témoignages d’élues locales sur le sexisme et les violences sexuelles. Ces élues sont issues de plus de 300 collectivités. Dans le cadre de l’enquête, plusieurs hommes élus témoignent avoir été témoins de violences sexistes et sexuelles subies par leurs collègues. Cette enquête inédite révèle un niveau de sexisme et de harcèlement sexuel élevé dans le cadre du mandat d’élue locale. Dans l’immense majorité des cas, les propos sexistes ou à connotation sexuelles sont le fait de collègues élus.
Alors que s’annoncent partout en France les campagnes des municipales, #NousToutes et EluesLocales.fr demandent aux associations d’élu.e.s, aux formations politiques et aux exécutifs des collectivités de prendre les mesures nécessaires pour faire en sorte qu’aucune candidate ne soient victimes de violences sexistes et sexuelles au cours des mois qui viennent.
Au-delà de la campagne, il est de leur responsabilité de faire cesser ces violences pour les mandats qui viennent. C’est à la fois une obligation légale, un enjeu de justice mais également un enjeu de parité. On ne peut réclamer partout que les femmes s’engagent en politique sans interroger les violences qu’elles subissent lorsqu’elles franchissent le pas.
Les répondantes et répondants
354 réponses d’élu.e.s, 91% de femmes
54,5% premier mandat
91% élu.e.s dans le cadre d’une mairie
62% des répondant.e.s ont entre 40 et 60 ans
Des violences sexistes et sexuelles nombreuses, en majorité le fait de collègues élus
40,1% des répondant.e.s déclarent subir des propos ou comportements sexistes, dont 1/3 souvent. 54,5% de ces actes ont eu lieu il y a moins d’un an. Dans 83,4% des cas, c’est le fait d’un collègue élu. Dans 55% des cas les agissements ont été reportés au service politique ou responsables RH.
19,5% des répondant.e.s déclarent subir propos à connotation sexuelles, dont 26,5 % souvent. 50% de ces actes ont eu lieu il y a moins d’un an. Dans 51% des cas ces agissements ont été reportés au service politique ou responsables RH. Dans plus de 60% des cas, ces agissements ont lieu dans le lieu où s’exerce le mandat.
On recense 29 agressions sexuelles dans le cadre de l’enquête. La moitié de ces agressions sexuelles ont eu lieu à l’extérieur des locaux de la collectivité. Les 2/3 ont été le fait de collègues élus.
Les victimes sont en immense majorité des femmes.
Femmes | Hommes | |
Sexisme | 43,10% | 6,90% |
Harcèlement sexuel | 21,20% | 0% |
Agression sexuelle | 7,10% | 0% |
Plus la collectivité est grande, plus les témoignages sont fréquents.
Dans les collectivités embauchant plus de 500 agent.e.s, 52,5% des femmes élues ayant répondu à l’enquête déclarent avoir subi des propos sexistes. C’est le cas de 31,8% des femmes élues dans des collectivités embauchant moins de 100 agent.e.s.
Dans les collectivités embauchant plus de 500 agent.e.s, 30,7% des femmes élues ayant répondu à l’enquête déclarent avoir subi des propos à connotation sexuelle. C’est le cas de 15,8% des femmes élues dans des collectivités embauchant moins de 100 agent.e.s.
Des collectivités qui, lorsqu’elles sont informées, réagissent peu.
En matière de violences sexistes et sexuelles, les faits sont reportés à un service RH ou à la direction de la collectivité dans plus de 60% des cas.
Lorsque les faits sont signalés, les collectivités traitent très peu les cas signalés. L’enquête révèle que la collectivité n’a réagi que dans 11,4% des cas.
Pour rappel, l’employeur, s’il est informé d’agissements sexistes ou de faits pouvant relever du harcèlement sexuel ou de l’agression sexuelle dans ses locaux doit y mettre fin.
Une information très faible des élu.es sur leurs droits et les outils pour signaler
79 % des élu.e.s déclarent n’avoir reçu aucune information de la part de leur structure sur le sexisme et le harcèlement sexuel et n’avoir pas été informé.e sur les procédures de protection en cas de violences sexistes ou sexuelles.
Les collectivités ont une responsabilité pour que ces violences cessent et les moyens d’agir existent.
Prévenir, repérer et traiter, à ces trois niveaux des actions peuvent être initiées par les collectivités. Nous Toutes sera force de proposition pour amener les candidat.es aux élections municipales à s’engager concrètement contre les violences sexistes et sexuelles que peuvent vivre les femmes qui sont engagées en politique.