Articles récents \ France \ Politique Huayra Llanque : « Face à un féminisme « institutionnel », il est d’autant plus nécessaire de dessiner un féminisme subversif»
Le sommet du G7 2019 aura lieu du 24 au 26 août à Biarritz. Des associations, syndicats, ONG organisent une mobilisation contre le G7 à Hendaye-Irun du 19 au 26 août. L’un des 7 axes du contre G7 est : «Pour un monde radicalement féministe, à bas le patriarcat.» Une journée «Le féminisme pour changer de cap» est organisée le 22 août, à l’initiative notamment d’Adéquations, de la commission genre d’ATTAC et d’Action Aid Peuples Solidaires. Huayra Llanque, membre de la commission genre d’ATTAC est l’une des organisatrices de la journée féministe.
Qu’est-ce qu’Alternative G7, quels sont les objectifs de ce mouvement ?
Il y a une mobilisation contre le G7, une mobilisation générale qui s’élève contre le discours officiel du G7 et du Président Macron qui le préside. Il a notamment annoncé à plusieurs reprises que la lutte contre les inégalités serait une priorité du G7. Un certain nombre d’organisations et notamment des organisations féministes pensent que justement, les politiques menées en France par le Président Macron et son gouvernement mais aussi par les gouvernements membres du G7 aggravent les inégalités et creusent le fossé, ce qui au final fragilise les droits des femmes.
Une autre priorité de Macron devait être la lutte pour le climat. Et là aussi, nous pensons que les politiques libérales, le gaspillage d’énergie, la logique visant à produire toujours plus pour faire plus de profits, conduisent à l’opposé de son objectif !
Il y a une plate-forme du pays Basque, G7EZ, comprenant de nombreuses organisations du Pays basque Nord-Sud, dont des organisations féministes et une seconde plate-forme nationale qui rassemble plus largement les autres organisations. Ces deux plates-formes se sont coordonnées pour monter cette mobilisation contre le G7 qui aura lieu à Hendaye – Irun du 19 août au 26 août 2019. La plate-forme nationale, rassemble des organisations de solidarité internationale, des syndicats, des associations, parmi lesquelles des organisations féministes, avec le soutien de mouvements politiques. Nous l’avons appelé Alternative G7.
Des ateliers, des conférences et des débats sont organisés du 21 au 23 août et une manifestation le 24 août.
Quels seront les thèmes abordés lors des débats du 22 août, journée dédiée aux questions féministes ?
Le 22 août, il y a une salle dédiée à des activités féministes dans le cadre de cette mobilisation contre le G7.
Certaines activités porteront sur des luttes qui ont été importantes ces derniers temps, des luttes qui abordent les questions de précarité, des emplois féminisés, du care et de la prise en charge des personnes dépendantes. Une organisation de femmes de ménage Las kellys, d’Espagne, interviendra. Le syndicat «Lab» qui est un puissant syndicat basque, est également invité à cette journée.
Il y aura aussi un débat axé sur la mondialisation et le rôle des multinationales. Il y a récemment eu une importante mobilisation de travailleuses turques dans l’entreprise Yves Rocher, qui a été assez médiatisée. Il y aura une intervenante venue du Kenya, Wangari Kinoti qui fait partie de l’ONG de solidarité internationale «Action Aid». Elle analysera l’impact des politiques d’austérité sur les femmes.
Il y aura enfin des discussions sur les risques d‘instrumentalisation du féminisme par les politiques néolibérales. En effet, les dirigeant.es du G7 notamment s’appuient sur l’exigence d’égalité entre les femmes et les hommes pour valoriser, par exemple, l’entrepreneuriat – au féminin – mais sans remettre en cause le système à l’origine des inégalités, sans s’attaquer réellement aux causes des inégalités.
Pensez-vous pouvoir apporter des analyses féministes ?
Nous voulons apporter des analyses féministes, entre autres, sur le terrain de l’économie, pour répondre à certains problèmes de manière plus efficace.
Nous souhaitons discuter des propositions féministes qui peuvent être réellement transformatrices, avec l’apport des réseaux éco-féministes d’Espagne et des réflexions féministes altermondialistes. Face à un féminisme «institutionnel » , il est d’autant plus nécessaire de dessiner un féminisme subversif.
La dernière partie sera plus pratique avec des discussions sur le processus de grève féministe qui se propage de pays en pays, en Europe mais aussi au niveau mondial.
Dans ces deux dernières parties, il y aura une intervenante d’Argentine, qui a été très impliquée dans les mouvements contre le G20, en 2018. Elle interviendra également sur les grèves féministes qui ont été importantes dans son pays. Les diverses mobilisations sont liées : pour le droit à l’avortement, contre les violences, contre les politiques libérales du Président argentin Macri.
En considérant les différents contextes politiques dans le monde, la discussion portera sur les outils que nous pouvons promouvoir en commun. Nous verrons si nous pouvons nous mobiliser de façon plus coordonnée au niveau international.
Nous savons que les dynamiques de mouvements ne sont pas les mêmes partout. Mais nous aimerions, nous en France, travailler avec des camarades de Belgique, de Suisse, d’Espagne, d’Argentine, etc…
Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine
Les infos pour la journée féministe
Huayra Llanque est à droite sur la photo