Articles récents \ Monde « Plus fortes ensemble », le concours photo du Fonds pour les Femmes en Méditerranée
Le Fonds pour les Femmes en Méditerranée (FFmed) a pour vocation de soutenir financièrement le mouvement pour l’émancipation des femmes dans la région. Il organise de nouveau un concours photos. Cette année la thème est « Plus fortes ensemble ». Le concours 2019 est ouvert jusqu’au 12 avril. Rencontre avec les organisatrices.
Depuis quand existe le concours photo du FFmed et quels sont ses objectifs?
Le FFmed qui a pour vocation de soutenir financièrement des initiatives en faveur des droits des femmes dans les 21 pays de la Méditerranée a lancé son concours photo en 2010.
De manière générale les femmes sont souvent invisibilisées, et lorsqu’elles sont mises en avant sur les photos, c’est souvent parce qu’elles correspondent à un idéal féminin dominant, dicté par les idéologies des sociétés dans lesquelles nous vivons. Ce n’est pas ce modèle qui nous aidera à nous émanciper, bien au contraire.
L’idée première de ce concours photo était donc de récompenser des artistes photographes qui mettent en avant ces femmes qui, au quotidien ou exceptionnellement, rompent avec ces stéréotypes, brisent les tabous et par des actes individuels ou collectifs, marquent leur volonté d’exister dans l’espace public. Il s’agit d’un espace où les femmes du pourtour de la Méditerranée sont cette fois mises en lumière dans leurs aspirations, leurs luttes et leurs victoires.
Le fait de disposer de photographies permet de témoigner de ces actes héroïques du quotidien : cela peut-être une façon différente de s’habiller, pratiquer un métier dit «masculin», être tout simplement dans la rue, danser, manifester…
C’est aussi pour nous une manière de promouvoir des artistes du bassin méditerranéen puisque le concours est réservé à des photographes résidant ou étant issus d’un pays de la Méditerranée.
Quelles étaient les thèmes des concours précédents?
Les années précédentes nous avons pu aborder une grande variété de thèmes comme ceux des révolutions avec les éditions 2011 “Les femmes, leurs révolutions”, et 2012 “A quoi sert la révolution si je ne peux pas danser ?”. Ces éditions ont été particulièrement intéressantes au moment des printemps arabes.
Nous avons aussi exploré le domaine du quotidien avec notre toute première édition en 2010 “Sortir du quotidien”. Dernièrement nous nous trouvions à un moment particulièrement intéressant de l’histoire des mouvements des femmes et nous avons voulu parler de cette libération dans nos éditions 2016 “Les filles changeront le monde” , et 2018 “ Elles ouvrent les cages”.
Pourquoi le thème « Plus fortes ensemble » cette année?
Cette année nous avons cherché encore une fois à nous inscrire dans l’actualité des femmes de la Méditerranée. Nous avons naturellement toutes été marquées, par l’irruption du mouvement #metoo. Des femmes du monde entier se sont reconnues dans les témoignages des unes et des autres, et ont à leur tour pris part à la vague de témoignages et de protestations. En nous unissant, nos voix sont devenues trop fortes pour ceux qui voudraient ignorer nos revendications. C’est cette sororité, cette solidarité entre femmes, et la force que le mouvement des femmes peut acquérir en s’unissant que nous avons voulu illustrer en disant “Plus fortes ensemble”.
Cette force passe par le lien que nous construisons avec nos sœurs, nos mères, nos filles, nos amies, ou les inconnues avec qui nous partageons le même vécu. Elle s’est exprimée le 8 mars dernier en Espagne ou en Algérie ; en France, dans les ronds-points avec les femmes gilets jaunes ; en Tunisie avec l’inscription du droit à l’égalité dans l’héritage dans la loi, une victoire historique pour un pays musulman.
C’est cette force et ces liens que nous voulions mettre en avant cette année.
Qui vous envoient les photos ? Des photographes ou d’autres personnes?
Le concours est ouvert à tous et toutes, photographes professionnel.les et amatrices/amateurs qui résident dans le bassin méditerranéen. Chaque année nous recevons des photos de pays différents, de personnes anonymes comme de photographes professionnel.les.
Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine