Articles récents \ Île de France Super-égaux, le pouvoir de l’égalite filles-garçons : une exposition de l’Exploradôme
«Ouvrir le champ des possibles» : telle est la devise de l’exposition Super-Égaux, à l’Exploradôme de Vitry-Sur-Seine. A destination des enfants, elle déconstruit les stéréotypes de genre qui produisent des inégalités. Organisée avec le Centre Hubertine Auclert, l’exposition se divise en 4 pôles : la naissance, l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Mais comment être pédagogique sur un sujet qui génère tant de tensions au quotidien? En se fondant sur l’aspect scientifique pour aborder un thème social, l’exposition reste interactive et ludique grâce à ses multiples jeux.
L’Exploradôme de Vitry-sur-Seine a travaillé avec le Centre Hubertine Auclert pour promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons dans une exposition à l’intention des enfants et des adolescent.es. Elle s’adresse donc à celles et ceux qui vivent les inégalités entre les genres et qui grandissent en les incorporant. Elles/ils n’ont pas forcément les outils pour les combattre, dans un monde où la voix des enfants est généralement délégitimée. Mais elle interroge aussi les adultes : les parents, aussi bien intentionné.es soient-ils/elles, savent-ils/elles élever leurs enfants sans induire des comportements genrés stéréotypés conduisant à des inégalités sociales ? Le corps enseignant emploie-t-il un langage inclusif ? Les équipes de l’Exploradôme sont-elles elles-mêmes sensibilisées aux questions des inégalités de genre afin d’être à même d’accueillir le public de l’exposition ?
À vous d’en juger en parcourant les activités proposées par l’exposition. Celle-ci est beaucoup visitée par des groupes scolaires, mais des familles viennent également, attirées par la thématique elle-même. D’autres viennent par hasard, après avoir visité l’exposition permanente, et sont en général décontenancé.es. Habituellement, l’Exploradôme développe des thèmes relevant des sciences, des techniques et du numérique. Cette fois-ci, le thème est éminemment social, mais le centre d’expositions ne renonce pas à son angle d’attaque : il s’attache à démontrer que les inégalités de genre n’ont aucun fondement scientifique.
Dès le premier pôle, intitulé «La naissance», une activité montre que la division en deux sexes bien définis à la naissance n’est pas si simple. La suite de l’exposition est un itinéraire qui présente quelques étapes de la vie à travers lesquelles l’on devient une femme ou un homme: chaque étape est interrogée par des jeux qui proposent des alternatives à ces rôles sociaux normés. Un point de départ qui désamorce la croyance selon laquelle les inégalités de genre sont naturelles.
Nicolas Mangeot, directeur adjoint et responsable des expositions de l’Exploradôme, raconte la construction de cette exposition, pensée avec Claire Garraud : «c’est un projet qui nous a transformé.es.» L’exposition a été conçue comme «un programme de co-construction citoyenne», c’est-à-dire un événement qui avait pour ambition de travailler la thématique de l’égalité entre les genres au sein de l’Exploradôme tout en se tournant vers d’autres milieux. Ainsi de l’activité nommée «Porte des clichés» : «Ce sont les lycéen.nes qui ont fait les messages que l’on peut entendre en franchissant le seuil de cette porte. Claire Garraud a accompagné des lycéen.nes pendant six mois pour travailler sur la thématique des stéréotypes de genre.» La sensibilisation contre le sexisme est au cœur de ce projet : «Nous avons également effectué des formations internes, avec l’intervention du Centre Hubertine Auclert qui a donné deux séminaires à l’intention de nos équipes.»
La contribution du public est la bienvenue, notamment pour fournir la bibliothèque non sexiste à disposition des enfants. L’exposition a surtout un objectif pédagogique, comme l’explique Nicolas Mangeot : «il n’est pas facile de remettre en question l’éducation que l’on donne à ses enfants. Les parents ont peur des questions que vont poser les enfants. Mais parler des stéréotypes ne les renforce pas.»
Au contraire, repérer les stéréotypes de genre permet de rompre avec leur apparence d’évidence et désamorce la croyance selon laquelle notre vie doit être prédéfinie selon notre genre.
Alice Gaulier et Jeanne Coquille 50-50 Magazine
Super-Égaux est ouvert jusqu’au mois d’août 2019